Philosophie: Faut-il opposer l’idéal et le réel ?

“Il ne faut pas prendre ses rêves pour des réalités”, ce dicton populaire nous montre par sa négation que dans l’opinion générale l’idéal “ses rêves” est opposé au réel “des réalités”. En effet l’idéal est souvent associé au rêve et à l’imagination, il est une chose qui n'a qu'une existence intellectuelle, qui ne peut être perçu par les sens. Il est de plus dans la langue française, opposé au terme réel qui lui a different sens. Effectivement il existe plusieurs réel, le réel empirique, celui qu’on peut observer, entendre et toucher grâce à nos sens. Le réel scientifique, celui que l’on ne peut voir mais qui est pourtant présent tout autour de nous, par exemple notre corp est constitué d’atome. Et enfin le réel artificiel, celui que l’on construit. L’idéal et le réel sont-ils donc diamétralement opposés ? Existe-il entre eux une certaine complémentarité ? Ou alors sont-ils tout simplement indissociable ?

Nous tenterons, tout d’abord, d’évaluer la pertinence et les limites d’une opposition entre le réel et l’idéal. Puis nous tâcherons de montrer qu’ils peuvent s'inscrirent dans une certaine complémentarité. Enfin nous montrons qu’avant tout le réel ne pourrait exister sans l’idéal et vice-versa.

Le plus souvent dans le langage on oppose l'idéal au réel comme l'abstrait au concret: c'est que l'idée est ordinairement réduite à une « représentation » psychique, objet mental au statut improbable, auquel on oppose la matérialité sensible du « réel », c'est‑à‑dire des choses. L’idéal désigne aussi une réalité parfaite, il est donc préférable au réel : par exemple dans La ferme des animaux de Orwell, l’idéal du cochon est que tous les animaux doivent être égaux et qu’il faut donc se rebeller contre le fermier, contre celui qui les exploitent. Cette idée a donc tout un aspect d’idéal car elle permettrait aux animaux d'être tous libre et égaux. Mais dans les faits, dans le réel, après la rébellion, une hiérarchie s’installe est les cochons deviennent des chefs incontestés et incontestables. L’idéal s’oppose donc ici clairement au réel, il serait dans ce cas une utopie qui en réalité ne pourrait pas s'appliquer. La ferme des animaux n’est qu’une caricature du communisme qui promettait un idéal : une égalité totale entre tous les Hommes, la paix, une organisation qui permettrait la suppression de l’état et de la monnaie etc… . Et qui lorsqu'il a été appliqué dans la réalité, c’est vu être le théâtre d'énorme famine, d’inégalités et de pénuries.

Mais cette idée d’une opposition totale entre le réel et l’idéal à ses limites, en effet comme le dit Kant dans la Critique de la raison pure que :« La raison humaine ne contient pas seulement des idées, mais des idéaux (…), qui ont une vertu pratique et servent de fondement à la possibilité de la perfection de certaines actions (…) Bien qu’on ne puisse attribuer à ces idéaux une réalité objective, on ne doit pas pour autant les regarder comme de pures chimères. ». L’idéal et le réel sont tous deux subjectifs, c’est à dire que chacun voit son propre idéal et son propre réel. Cette subjectivité est donc un obstacle à une opposition, l’idéal de quelqu’un peut très bien être le réel d’un autre.De plus Même si l’idéal est invisible à l’oeil nue, il peut se manifester à travers notre esprit il a donc un certain aspect réel, de ce fait opposer l’idéal et le réel serait un contresens.

Etymologiquement l’idéal et le réel sont des termes complémentaires, en effet l' « idéa » grecque est l'aspect extérieur d'une chose, son apparence ou sa forme visible ; et notre mot réel vient du latin « res », qui désigne la chose matérielle concrète. On peut, en tant qu’étudiant, trouver un métier qui serait “idéal” , un métier qui serait tellement attrayant à nos yeux qui, implicitement, nous ferait tout donner pour y accéder. L’idéal serait donc un moteur pour le réel, il permettrait aux gens de se dépasser pour accéder à leurs désirs, pour créer leur propre réalité. Il est nécessaire pour forger et perfectionner la réalité. De plus pour accéder à une vision de l’idéal il faut du réel, l’idéal et le réel se complètent donc. C’est du moins ce qu’avance Bachelard dans L’Air et les Songes, pour lui “Imaginer c’est hausser le réel d’un ton”, il n’y aurait donc

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