Peut-on être heureux sans en avoir conscience ?

En tant qu’optimum de la vie humaine, le bonheur est universellement recherché. On le présente souvent comme le but le plus élevé de l’existence. Celui que tout homme cherche à atteindre, consciemment ou non. De bon et de heur, dérivé du latin augurium qui signifie "augure, présage" et donc "chance", le bonheur désigne un état de satisfaction durable. Il se caractérise par sa stabilité et sa durabilité. Il ne suffit pas de ressentir un bref contentement pour être heureux, une joie intense n’est pas le bonheur, un plaisir éphémère non plus. Le bonheur est un état global. A priori, si le bonheur consiste en un état de satisfaction, être heureux suppose d’en prendre conscience. Pourtant, il n’est pas rare de « prendre conscience » de son bonheur passé, une fois seulement que la situation change, se détériore, sur le moment même nous n’étions pas conscient que nous étions heureux.

Ainsi, on cherche à réfléchir si l'Homme peut être heureux sans en être conscient. Est-ce que le bonheur doit être aperçu ici et maintenant ? Ou est-ce un état duquel on peut s'en rendre compte ultérieurement ? Est-ce possible donc au plan humain d'atteindre « la jouissance infinie de l'être « (Spinoza), sans n'en avoir aucune conscience ?

Pour répondre à ces questions, nous nous pencherons sur différentes définitions du bonheur en effet les conceptions du bonheur ont naturellement évolué au fil des âges. Premièrement nous aborderons une définition du bonheur comme plaisir que nous éprouvons lorsque nous satisfaisons toujours plus de désirs. Paradoxalement, nous nous pencherons sur une définition du bonheur en tant qu’état de contentement causé par ce que nous possédons et dont nous nous réjouissons pleinement. Et enfin nous passerons sur une définition du bonheur comme état de contentement de ce que nous sommes, des qualités qui nous caractérisent, des sentiments qui nous habitent.

La première définition du bonheur que nous allons traiter repose sur l’idée que le bonheur est un sentiment de satisfaction intense qui accompagne la réussite durable d’un effort. Plus précisément, le bonheur peut être défini comme le plaisir que nous ressentons lorsque l’on réussit à satisfaire toujours plus de désirs, sans rencontrer ou en passant au-dessus des obstacles qui nous empêcheraient la satisfaction de ces désirs. En réussissant à satisfaire sans cesse chacun de ces désirs qui se renouvellent tout le temps, notre plaisir fait de même et devient donc durable, ainsi nous ressentons donc du bonheur. Dans cette définition, la conscience qu’à l’individu de son bonheur est non négligeable car c’est ce qu’il cherche à atteindre à tout prix en satisfaisant son désir. Selon Spinoza le désir est l’essence même de l’homme, de nouveaux désirs apparaissent et se renouvèlent sans cesse. Il se caractérise par un sentiment de manque accompagné de la conscience de l’objet de ce manque et de la tendance qui nous pousse à le combler. Par exemple, un individu qui pense que le bonheur est de satisfaire tous ses désirs, va se donner corps et âme pour satisfaire son désir de posséder la voiture de sport dernier cri. Durant la période où il tentera d’atteindre son but, il aura conscience de ce qu’il cherche à atteindre et du manque qu’il cherche à combler. Et lorsqu’il aura atteint son objectif, il en tirera une satisfaction intense, il sera heureux et conscient d’être heureux. Car en effet, sans conscience de son bonheur d’avoir satisfait son désir, ses efforts pour le satisfaire n’auraient mené à rien. Ensuite, dans cette définition, pour ressentir une joie durable, on insiste sur le fait de satisfaire toujours plus de désirs pour ressentir continuellement du bonheur à chaque satisfaction. Ainsi l’individu très heureux, après avoir acquérit sa voiture de sport, se tournera vers un autre de ses désirs qui a surgit dans son esprit, partir visiter une belle île. Il en tirera également une grande satisfaction et ainsi de suite. Dans cette partie, la conscience du bonheur est très importante, en satisfaisant tous leurs désirs, les individus cherchent à se sentir heureux, donc sans cette conscience du bonheur, tous leurs efforts seraient vains.

Cependant nous allons voir que cette recherche continuelle de satisfaction, et d’un plaisir conscient et durable, n’est pas le seul moyen d’être heureux. En effet dans le prochain paragraphe nous allons voir qu’un individu peut ressentir du bonheur sans vouloir toujours plus que ce qu’il possède et sans en être pleinement conscient.

Cette deuxième partie repose sur une définition du bonheur comme état de contentement,

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