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Peut-on parler pour ne rien dire ?

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Par   •  16 Octobre 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 264 Mots (6 Pages)  •  436 Vues

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Peut-on parler pour ne rien dire ?

Si nous considérons le langage comme un instrument destiné à traduire la pensée, il semble impossible de parler pour ne rien dire. Parler devrait donc toujours signifier quelque chose, qu’elle soit annodine ou à l’inverse, importante. Toutefois, il est possible de nous demander si le langage ne traduit rien. Une parole insignifiante est-elle une parole dépourvue de sens ? Il faut donc prendre ce sujet de manière métaphorique pour essayer de savoir dans quelle mesure nous pourrions parler pour ne rien signifier.

Nous présenterons, dans un premier temps, cinq documents qui semblent appuyer l’idée qu’il est possible de « parler pour ne rien dire ». Ensuite, nous étudierons le lien qu’ils ont avec la question posée.

Tout d’abord, nous allons nous pencher sur un premier document, un extrait de vidéo intitulé « Pulp fiction ». Dans cette vidéo, deux personnages, des bandits, sont dans une voiture et entament un dialogue. Ils abordent un sujet commun (la nourriture), en apportant des informations à ce sujet. Cette discussion a alors une fonction informatique ainsi qu’une fonction phatique, c’est à dire qu’elle vise à maintenir un contact avec la personne. Le fond de la discussion n’est pas importante c’est le lien entre les deux personnes qui l’est. Dans ce cas, les deux hommes ne réfléchissent pas à l’avance à ce qu’ils disent, ils trouvent un point commun qui les relis et crééent une discussion à partir de ce sujet. Ils ne parlent pas pour rien dire puisque ces paroles établissent un lien entre eux en plus d’avoir une fonction informative.

Le deuxième document est un texte écrit par Théophraste, un philosophe de la Grèce antique, et qui est intitulé « De l’impertinent ou du diseur de rien ». C’est une situation d’échange entre deux inconnus, mais c’est un monologue, la parole est autocentrée, elle se nourrit d’elle même. Une seule des deux personnes parlent. Il parle de la vie intime, du quotidien (vie dure, coût de la vie, sécheresse…) en utilisant des lieux communs (des phrases toutes faites). Il dit que c’était mieux avant, que « les hommes qui vivent présentement ne valent point leurs pères », il parle de la pluie et du beau temps, il se plaint de la vie… . On a affaire à un discours fait à l’avance, car il est composé de phrases toutes faites. Même avant Jésus Christ, on répéter les mêmes phrases (« c’était mieux avant », « on est jamais content de ce qu’on a », on se plaint tout le temps). L’auteur expose un caractère humain. Ici, la personne ne parle pas pour ne rien dire, puisque bien que ce n’ai ni fonction informatique, ni fonction phatique, le locuteur dit ce qu’il a sur le coeur, il se libère des choses qui le contrarient, il libère le fond de sa pensée, bien qu’elle n’ai rien de très novateur.

Le troisième document est un texte de Raymond Devos, qui fait un monologue avec comme thème : rien. Il annonce qu’il va parler pour ne rien dire. Cependant, à partir d’un sujet qui est censé parler de « rien », il arrive à faire la conversation. Ce discours a une fonction métalinguistique. Il nous fait penser à la parodie d’un colloque (spécialistes qui se réunissent à un endroit pour échanger) car c’est un groupe de gens qui se réunissent pour parler de rien. Raymond Devos, à la fin de son monologue fait un discours politique, toujours en  parlant de « rien » en usant, en guise de phrase politique, des lieux communs : « si le gouvernement », « nous allions vers la catastrophe »… En politique, les lieux communs permettent de ne pas répondre, d’éviter les questions.

Dans ce cas là, le monologue de Raymond Devos n’a pas réellement d’intérêt, certes, mais ce discours se veut comique (ce qui marche, étant donné que dans l’extrait vidéo vu en classe, on entend le public rire plusieurs fois). Son discours n’apport aucune connaissances, mais cependant il fait rire le public. On ne peut donc pas dire qu’il parle pour ne rien dire puisqu’il permet au public de passer un bon moment.

Le document 4 est un texte de Samuel Beckett intitulé « En attendant Godot » . Ce texte est un long monologue, dépourvu de ponctuation où l’interlocuteur ne trouve pas forcément sa place, il s’ennui.  C’est une parole autocentrée, qui a un effet assomant sur l’interlocuteur. Il n’y a pas de place pour l’autre. Beckett met en scène une situation caricaturale, c’est une parodie des situations académiques (où certains professeurs font de longs monologues qui « endorment » les élèves).

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