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Obéir aux lois, est-ce renoncer à sa liberté ?

Dissertation : Obéir aux lois, est-ce renoncer à sa liberté ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Janvier 2022  •  Dissertation  •  1 516 Mots (7 Pages)  •  924 Vues

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        Le slogan des anarchistes, « Ni Dieu ni maître », manifeste un refus total de toute autorité et de tout pouvoir qui s'exercerait sur l'individu. Le refus des lois et de l'Etat, avec leurs sanctions en cas de transgression, apparaissent comme des contraintes portant atteinte à une liberté individuelle sacrée, ce qui suppose que la liberté signifie une absence totale de contraintes.

        Obéir aux lois, est-ce renoncer à sa liberté ? Les lois et leur application dépendent d'un Etat qui incarne le pouvoir de les édicter et de les faire appliquer. Dès lors, notre liberté par rapport aux lois prend un sens politique, et il faudrait déterminer si l'obéissance aux lois se fait nécessairement sous une contrainte incompatible avec elle.

        A première vue, obéir aux lois implique en effet de restreindre notre liberté: nous ne pouvons pas faire tout ce que nous voulons, la menace de sanctions plane au-dessus de nous en cas de désobéissance. Mais la liberté n'est-elle pas autre chose qu'une telle absence de contraintes? En effet, en l'absence de lois, ne serions-nous pas soumis à des contraintes bien plus graves, à des rapports de force bien plus grands qui rendraient notre liberté politique vide de sens ? Les lois ne seraient-elles alors qu'un mal nécessaire, ou ne pourrions-nous pas voir en elles, au contraire, un moyen d'être réellement libre au sein d'une société?

        En première approche, nous considérerons en quel sens les lois nous empêchent d'être libres. De là, nous pourrons voir dans les lois une condition négative de la liberté : sans elles, nous serions encore moins libres. Finalement, nous pourrons alors déterminer qu'à certaines conditions, être libre et obéir aux lois sont une seule et même chose.

        Nous voyons à première vue les lois comme des contraintes, qui restreignent nos possibilités d'agir comme bon nous semble. C'est particulièrement le cas de l'interdiction légale, par exemple celle de l'excès de vitesse ou de se promener sur l'autoroute. Mais les lois n'entraineraient peut-être pas leur obéissance s'il n'y avait pas au-dessus de nous la menace d'une sanction, le pouvoir de les appliquer et de nous contraindre en cas d'infraction: c'est le rôle de l'État, qui est garant du respect des lois, ainsi que des sanctions qui peuvent aller jusqu'à l'emprisonnement en cas de désobéissance. Or, en l'absence de telles sanctions, respecterions-nous toujours les lois ? L'expérience de pensée de l'anneau de Gygès, qu'on trouve dans La République de Platon, semble attester que non : beaucoup, avec un anneau d'invisibilité leur permettant d'agir en toute impunité, transgresseraient les lois, ce qui tend à prouver que pour eux les lois ne sont que des contraintes.

        Ces interdits et limitations légales peuvent donc porter atteinte à ce que nous considérons comme étant notre liberté individuelle inviolable et indivisible. C'est le cas dans la pensée anarchiste, où la désobéissance est valorisée, en tant qu'elle prouve que la liberté individuelle est toujours plus digne que le pouvoir. C'est ainsi que Bakounine fait l'éloge de l'épouse de Barbe-Bleue, qui pénètre la seule chambre interdite du palais sous peine de mort, ou du mythe d'Adam et d'Eve qui par leur transgression à l'interdit divin ont manifesté leur pleine dignité humaine et leur liberté fondamentale. On part alors du principe que les lois et le pouvoir sont illégitimes, au risque d'aller jusqu'à l'extrémité de Calliclès, personnage du Gorgias de Platon, qui voit dans les lois une invention des faibles pour se protéger des forts, en faisant l'éloge du rapport de force et du règne brutal  aristocratie guerrière.

         Nous pouvons donc nous demander si, bien que les lois semblent être des contrai limitent notre liberté, elles ne seraient pas un mal nécessaire, puisque sans elles nous serions aux rapports de force entre humains et serions donc encore moins libres. 

        

        Les lois pourraient donc être la condition négative de la liberté. Condition négative à-dire que sans elles, notre liberté serait moindre si ce n'est impossible. Comment ne pas is et parfois constater dans le cas de guerres civiles ou de catastrophes qui peuvent l'effondrement de l'Etat, que sans lois, le chaos et la guerre de tous contre tous menace de reprendre le dessus ? C'est ainsi que Hobbes, dans le Léviathan, théorise la nature hum l'absence d'État, de lois et donc de société civile: à l'état de nature, l'humain n'est qu’inquiétude quant à la conservation de sa vie et de ses biens ; autrui est donc toujours potentiellement u qui peut me porter atteinte, en étant animé par la convoitise et la jalousie de mes be conséquent, c'est la « loi » du plus fort et des rapports de force naturels qui règnent en l'absence de l'artifice de la loi.

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