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Nature et culture.

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Par   •  25 Janvier 2017  •  Cours  •  2 170 Mots (9 Pages)  •  4 299 Vues

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NATURE ET CULTURE

         Introduction

   L'étude des rapports entre nature et culture semble s'ouvrir sur l'antériorité de la nature sur la culture. Cette antériorité se justifie par le fait que la culture est entendue comme une transformation de la nature ou même comme une seconde nature. Mais, sur quoi se fonde la distinction entre nature et culture? Peut-on isoler la nature de la culture? Doit-on saisir la nature et la culture à partir de leur interaction? Qu'en est-il du fait culturel? Est-il légitime d'opposer les différentes cultures? Avant d'élaborer des éléments de réponses à ces questions, il importe de saisir le sens de ces différents concepts.

  1. Définitions des concepts nature et culture

La nature est un terme polysémique en ce qu'elle peut désigner:

- le milieu physique qui nous entoure; ce qui n'est pas l'œuvre de l'homme et qui ne porte pas encore une trace de l'activité transformatrice de l'être humain;

- l'essence, c'est -à- dire les propriétés essentielles qui définissent un être;

- l'ensemble des caractéristiques biologiques propres à un être et qui lui sont transmises par l'hérédité. Entendue dans ce sens, la nature désigne l'inné, tout ce qu'un être porte instinctivement en lui, ce qui est spontané dans une espèce.  Ainsi,  la nature relève-t- elle du domaine de l'universel en ce qu'elle désigne ce que les êtres d'une même espèce ont en commun et qui est relatif à leur constitution biologique. C'est en ce sens que Lucien Malson écrit: «  le naturel en l'homme, c'est ce qu'il tient de l'hérédité ».

Mais, l'homme ne se définit pas uniquement à partir de ses propriétés physiques, naturelles. Si par exemple, l'animal a dès sa naissance tout ce qu'il pourra être toute sa vie durant, l'homme en revanche, à sa naissance, n'est rien. Il est perfectible pour s'inscrire dans un autre registre qui est celui de la culture. De tous les êtres vivants, l'homme est le seul qui refuse le donné naturel. L'homme est libre d'agir consciemment sur le milieu naturel à sa faveur. Et en même temps qu'il transforme le milieu naturel il transforme sa propre nature: c'est cette action transformatrice qu'on désigne par le terme de culture. En effet, l'homme non seulement transforme la nature mais aussi il s'interdit de laisser libre cours à ses instincts: il s'éduque. La vie en société exige que chacun de nous sacrifie ses désirs naturels au profit du respect des valeurs sociales.

Eu égard à tout ce qu'on vient de dire, la culture serait ce que l'homme ajoute à la nature. Autrement dit, elle relève de l'initiative de l'homme, donc de l'acquis. Son acquisition se fait par apprentissage.

            II. Interdépendance entre nature et culture

        a. L'homme: un être naturellement culturel

La culture est inscrite dans la nature humaine. L'homme est un être créateur de culture; il en a les capacités naturelles. C'est ce qui le différencie de l'animal. L'homme peut parfaire son rapport  à la nature ambiante alors que la nature de l'animal est stable et figée. L'animal est après quelques jours ce qu'il sera toute sa vie durant, là où l'homme évolue. Donc, la culture spécifie l'homme à double titre: par la culture, l'homme se démarque de l'animal; c'est par elle aussi qu'il se distingue de ses semblables.

      b. L'homme: un être culturellement naturel

   L'homme est un être capable d'acquérir une culture et toutes les sociétés humaines  sont culturalisées. Cependant, chaque culture est arbitraire du point de vue du rapport que l'homme a avec son environnement. Pour satisfaire ses besoins naturels (manger, boire, se reproduire...), l'homme crée des moyens appropriés dont l'ensemble est la culture. Mais, pour leur efficacité, l'homme doit adapter ces moyens aux conditions du milieu: tel milieu naturel déterminé, telle création culturelle, telle vision du monde (habillement, instrument de travail, religion, langage...). Les modes de vie sont liés aux milieux. L'univers matériel des hommes façonne leur monde spirituel et leur façon de vivre. L'homme se crée donc une méthode d'adaptation par rapport à la nature  et adapte aussi ses besoins à la nature. Ces formes d'adaptation varient selon les milieux: les esquimaux ont leur manière de vivre, les Sahéliens et les Pygmées ont aussi la leur.

Au total, on peut dire que la spécificité de l'être humain, c'est qu'il est naturellement culturel et culturellement naturel. Autrement dit, l'homme est un être bioculturel: tout ce qui relève de sa culture s'inscrit dans son donné naturel et vice et versa. Donc, les rapports entre l'hérédité biologique (nature) et l'héritage social (culture), entre l'inné et l'acquis ne sont pas des relations d'opposition ou de simples additions du type A+B mais un réseau complexe d'interactions. Donc, nous pouvons dire que la nature et la culture entretiennent des relations d'interdépendance et non des rapports d'opposition ou d'exclusion.

    III. Le travail comme activité consciente de transformation de la nature

    Le travail implique un rapport entre l'homme et la nature. Le travail humain n'est pas la prise de possession des moyens de subsistance tout trouvés qu'offre la nature. Le travail humain implique l'utilisation d'outils comme moyens de travail. L'outil permet à l'homme de combler ce qui lui manque pour dominer la nature. Karl Marx dit que le travailleur convertit les objets extérieurs en organes de sa propre activité, organes qu'il ajoute aux siens de manière à prolonger son corps. Le travail, dans cette optique, se définit comme transformation de la nature par l'intermédiaire d'outils. Ainsi, l'homme se sert  des forces de la nature (chimie, mécanique, physique) dans le but qu'il veut. Le travail humain est donc une activité consciente de transformation contrairement à l'activité de l'animal qui est instinctive. C'est pourquoi Marx écrit dans Le Capital: « ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche». Le travailleur conçoit l'objet avant de le fabriquer car le travail humain se fonde sur un projet. L'homme est condamné à inventer alors que l'animal ne fait que répéter. La conséquence, c'est le développement des facultés intellectuelles de l'homme. C'est dans ce sens que Hegel affirme que le travail est le moyen pour l'homme de réaliser la liberté. Ce point de vue est développé dans La phénoménologie de l'Esprit à travers la dialectique du maître et de l'esclave. L'esclave se met entre le maître et le réel: il travaille. Non seulement il transforme la nature mais en même temps il se transforme lui-même car sa conscience ne devient "concrète" que dans le travail.

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