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Les provinciales, Texte de Pascal

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Par   •  9 Novembre 2017  •  Commentaire de texte  •  2 410 Mots (10 Pages)  •  2 458 Vues

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Texte de Pascal , Les Provinciales XII

Explication de texte

Socrate n’avait pas de plus grande préoccupation que de rechercher la vérité. Ainsi a-t-il consacré toute sa vie à traquer l’opinion, à détruire les faux savoir, tant il est vrai que nous ne pourrons jamais rien connaître si nous confondons notre ignorance avec le savoir. Malheureusement, les préjugés de ses contemporains, avides de pouvoir et d’honneurs, ont eu raison de Socrate, condamné à boire la ciguë. Pourtant, aujourd’hui, c’est toujours l’exigence socratique qui définit la recherche philosophique ; Ainsi, la vérité a-t-elle finalement triomphé de la violence. Pourtant, et malheureusement, la vérité, souvent attaquée, opprimée, n’a pas toujours le dernier mot et se voit souvent sacrifiée au nom de bien des vanités et des mensonges. Que peut-elle en effet contre le déchaînement aveugle de la violence ? Quelle « étrange et longue guerre, nous dit ici Pascal, que celle où ma violence essaie d’opprimer la vérité. ». En effet, ne sont-elles pas en un sens impuissantes l’une sur l’autre ? Comment la vérité pourrait-elle faire taire la violence et comment la violence pourrait-elle faire que la vérité ne soit pas vraie ? Il y a donc bien à comprendre qu’elles relèvent de deux ordres bien distincts. Pour autant, Pascal nous met en garde, s’il y a une impuissance respective des forces en présence, les choses ne sont pourtant pas égales, puisque la vérité finira, à terme par triompher de ses ennemis. N’y a t-il pas là une réelle difficulté à interroger ? Le problème étant le suivant : si la vérité ne pourra jamais détruire la violence, en quel sens pourra-t-elle sortir indemne et victorieuse de cette guerre ? Qu’est-ce qui peut fonder la certitude de Pascal ? Pour cela il nous faudra essayer de rendre compte de la nature supérieure de la vérité, au-delà des victoires passagères de la violence sur les hommes qui peuvent tenter de la dévoiler.

Le texte s’interroge sur le conflit éternellement recommencé entre la violence et la vérité. Pascal commence par nommer une guerre où la violence tente de se soumettre la vérité et même de la détruire. Remarquons d’emblée le terme employé, il est dit que violence « essaie d’opprimer la vérité », laissant entendre qu’elle n’y parviendrait pas, d’ailleurs, tout l’objet de cette première partie ( jusqu’à « ne peuvent rien l’une sur l’autre ; ») sera de montrer que cette guerre est vaine et qu’elle ne pourrait pas vraiment avoir lieu . Comment comprendre l’étrangeté d’une telle guerre ? La question est essentielle puisque c’est toute l’histoire de la quête mouvementée de la vérité qui surgit ici . D’abord, cette guerre « étrange et longue » est initiée par la violence, qui par définition se caractérise par l’usage abusif de la force pour imposer à l’autre sa domination. Elle peut prendre la forme d’un déchaînement aveugle et passionnel où le sujet violent tente de réduire à néant son adversaire, ici la vérité. Dans le texte Pascal parle de manière abstraite de cette violence, sans jamais nous dire qu’elle forme elle peut emprunter, comme par exemple, la censure, la répression, le meurtre, la torture . On comprend que la violence ne peut s’en prendre qu’aux hommes qui portent la vérité et qui tentent de la diffuser et de la faire reconnaître. Si la violence a sans conteste bien des fautes à son actif, la question est ici de savoir quels succès elle peut vraiment espérer ? Puisque tout le propos de Pascal va consister à nous montrer que la violence, quoiqu’elle fasse ne pourra détruire la vérité mais que de son côté la vérité ne pourra jamais faire taire la violence . Pourtant, la violence peut faire taire celui qui sait, lui imposer le silence en le maintenant dans une terreur permanente, ou le tuer, mais elle ne pourrait détruire la vérité. Bien au contraire, plus elle se déchaînerait contre la vérité plus elle donnerait à entendre sa faiblesse et son impuissance devant la vérité qui semble demeurer intacte même lorsqu’elle se trouve réduite au silence. De son côté, la vérité ne pourrait que renforcer la colère de celui qui fait tout pour la détruire. Pour l’établir Pascal va établir que ces deux forces appartiennent à deux ordres bien distincts. En effet, la violence et la vérité ne pourraient agir que dans l’ordre qui leur est propre. La violence fait partie de l’ordre du réel, des faits, elle du domaine de l’action tandis que la vérité quant à elle relève de l’ordre du discours. Est susceptible d’être vrai ou faux le discours que l’on tient sur le réel. La vérité se définissant par l’accord de la pensée ou du discours avec ce qui est. A partir de cette distinction, Pascal va pouvoir expliquer le pouvoir que chacune des deux forces en présence pourra avoir dans son ordre . La violence est de l’ordre de la force brute et ne peut agir que sur une force qui lui est semblable. Ainsi lorsque deux forces s’affrontent c’est la plus puissante qui l’emporte, ce qui commande ici c’est tout simplement la loi du plus fort.

Mais lorsque la violence s’en prend à la vérité c’est une autre affaire. Si elle peut certes remporter des victoires en muselant, terrorisant ou déchaînant sa folie meurtrière, il n’en demeurera pas moins que ce qu’elle tente d’anéantir lui résistera et que ses victoires ne pourront être que passagères. Parce que la vérité se situe au-delà de l’ordre de la réalité concrète, elle relève d’un acte de l’esprit qui la reconnaît en son for intérieur. Or il y une chose dont la violence ne peut pas s’emparer, c’est de cette pensée intérieure qui conserve le pouvoir de penser ce qu’elle pense bien qu’elle puisse être obligée de plier extérieurement et de se déjuger. Galilée a bien été obligé de se rétracter par l’Eglise, mais n’en continua pas moins de penser que c’était bien l’héliocentrisme et non le géocentrisme qui était vrai. L’Eglise le condamne parce qu’elle ne peut admettre ce qui contredit les Ecritures. Galilée aurait donc accepté de se rétracter, mais aurait murmuré, à propos de la terre : « et pourtant elle tourne ». C’est bien cette violence des autorités religieuses que Pascal a ici en vue dans les Provinciales . Et ce n’est pas cette victoire provisoire des autorités religieuses qui pourra faire que la terre ne tourne pas autour du soleil comme le soulignera Pascal avec ironie.

La vérité, quant à elle, a son ordre propre.

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