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Le travail et la technique

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Par   •  1 Avril 2019  •  Dissertation  •  4 405 Mots (18 Pages)  •  1 127 Vues

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LE TRAVAIL ET LA TECHNIQUE

Introduction

(1a. Opinion courante) Le travail apparaît habituellement comme un mal nécessaire, une activité que personne ne désire (on s'imagine ainsi que celui qui fait ce qu'il aime n'a jamais l'impression de travailler), et que l'on exerce seulement pour obtenir un salaire, peut-être aussi une position sociale élevée, ce qui assurerait un certain prestige et rendrait capable de consommer des objets et des loisirs plus chers.

A cela s'ajoute une représentation ambiguë du progrès technique, dont on ne sait pas très bien s'il est le moyen de notre domination de la nature, ou l'ennemi d'un individu condamné au rôle de spectateur d'une destruction (des ressources naturelles, ou d'un mode de vie traditionnel), ainsi qu'à une activité professionnelle qui semble parfois au service de la machine et non du travailleur. De ce point de vue, la technique peut apparaître comme l'ennemi du travail, lorsque les machines remplacent les humains et les mettent au chômage, ou qu'elles limitent l'activité professionnelle à une surveillance/assistance de la machine.

(1b. Objection à l'opinion courante) Pourtant il semble bien que regretter pour ainsi dire la confiscation du travail par la technique, c'est manifester que le but du travail est aussi de permettre à l'individu de progresser et de s'épanouir dans la maîtrise progressive de la nature (en s'affranchissant des contraintes du milieu où l'on vit) et de sa nature (par le progrès individuel lié à l'apprentissage). En d'autres termes, reprocher à mon travail de n'avoir aucun intérêt direct pour moi, c'est sous-entendre que le travail pourrait, et devrait, en avoir un. (2. Problématique) D'où le problème : le travail et la technique sont-ils une malédiction, ou le moyen pour l'homme de développer son humanité?

(3. Annonce du plan) Pour répondre à cette question, il faudrait d'abord voir en quoi le travail apparaît comme quelque chose de négatif, avant de montrer le rôle qu'il joue dans la libération de l'homme à l'égard de la nature. On pourrait alors voir si le travail sous sa forme moderne remplit toujours cette fonction.

I. TRAVAIL, TECHNIQUE ET NATURE

a. Le travail comme souffrance

Le travail apparaît comme une activité dont l'intérêt n'est qu'indirect (salaire, prestige), à la fois 1° pénible (comme dans le récit de la Genèse : Adam est condamné au travail, c'est-à-dire que pour jouir des fruits d'une nature qui désormais se refuse à lui, il va devoir faire un effort) et 2° lié à la contrainte : l'ancien français associe le terme de travail à des forces en opposition (on dit encore de nos jours que la charpente d'une maison, ou des chaussures neuves, travaillent, ou d'un souci qu'il me travaille). Dans la langue latine, on dit que le tripalium est un tabouret de torture. Dans l'Antiquité, le travail pénible est réservé à l'esclave, tandis que l'homme libre peut s'adonner à la scholè (grec, qui donne le mot école) ou à l'otium (latin), qui est le loisir studieux de celui qui peut se permettre de faire de la science, de la philosophie ou de la politique (rechercher à ce sujet l'expression arts libéraux). Sujet de réflexion : faire de la science, est-ce du loisir ou du travail? Qu'entend-on de nos jours par loisir et par travail?

Toutefois ces représentations semblent oublier que par son travail, par la mise en pratique de procédés techniques, l'humanité peut triompher de la nature et de son adversité.

b. La domestication de la nature

Il y a un rapport entre travail et intelligence ; on se représente la nature comme hostile, et l'ingéniosité technique permet de compenser la faiblesse de l'homme dans la nature pour se défendre contre les éléments (froid, obscurité, intempéries) ou d'autres animaux (prédateurs). En ce sens, la technique permet à l’humanité de trouver dans le monde la place qui lui convient, de s’y développer et de s’y épanouir. Rechercher et lire le mythe de Prométhée, sous la forme que lui donne Platon dans le Protagoras. L'être humain n'a pas de place prédéfinie dans la nature, et c'est l'intelligence technique (représentée par le feu) qui lui permet d'en gagner une. Zeus punit le titan qui a donné aux humains un pouvoir trop grand pour eux, démesure qui est toujours une grande faute dans l'Antiquité, et qui fait le fond de ce que l'on appelle le prométhéisme : la confiance illimitée dans les pouvoirs de l'ingéniosité humaine de développer des procédés qui peuvent faire reculer les limites de la contrainte naturelle (avion par exemple). Il faut toutefois remarquer que la nature se charge régulièrement d'apporter des démentis cinglants à l'ambition de s’affranchir de toutes les lois de la nature ou de la vie (penser aux inondations, raz de marée, et peut-être surtout, au Titanic l'insubmersible qui sombra en 1912). Pour une évocation littéraire du prométhéisme, se reporter au Frankenstein de Mary Shelley (1818), sous-titré Le Prométhée moderne).

Au-delà des excès du prométhéisme, le travail n'est-il pas toutefois ce par quoi l'homme se libère de la nature, et développe son humanité?

II. TRAVAIL ET HUMANITE

Pour affirmer une telle chose cependant, il faudrait d'abord prouver que l'homme est le seul être qui travaille (car autrement on ne voit pas pourquoi le travail cultiverait l'homme et pas les autres animaux).

a. Les animaux travaillent-ils ?

L'araignée tissant sa toile, le castor construisant son barrage, les abeilles fabriquant la ruche, n'est-ce pas là une activité équivalente au travail humain? Non, car si l'on ne peut nier que les animaux font également des efforts pénibles (on pense aussi au cheval de trait), ces efforts ne sont pas vecteurs de culture. En d'autres termes l'activité de l'animal est toujours parfaite peut-être, mais elle est aussi toujours la même, là où celle de l'homme est toujours à la fois irrémédiablement imparfaite et indéfiniment perfectible, ce qui définit le progrès (car il faut bien se souvenir que s'il y a progrès, c'est aussi parce que l'on n'est pas encore arrivé à la perfection : donc le progrès est toujours la marque de l'imperfection).

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