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Le travail déshumanise-t-il l'Homme ?

Dissertation : Le travail déshumanise-t-il l'Homme ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  29 Décembre 2021  •  Dissertation  •  2 804 Mots (12 Pages)  •  3 541 Vues

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Le travail déshumanise-t-il l’Homme ?

Le terme de « travail » selon le philosophe allemand Karl Marx, désigne une activité commune aux hommes et aux bêtes permettant au travailleur de modifier la nature grâce à la mise en œuvre de techniques. Ici, nous nous intéresserons plus particulièrement au travail humain, qui désigne l’activité humaine destinée à produire ou créer un objet, qu’il soit matériel ou immatériel. Le plus souvent, le travail est associé à la profession, et donc c’est le travail rémunéré. La déshumanisation, ou aliénation, désigne le processus découlant d’une activité qui met un individu en désaccord avec lui-même car il n’accomplit pas son essence à travers cette activité. L’Homme, lui, doit être défini à l’aide des attributs qui le différencient de l’animal, c’est-à-dire la raison, l’absence d’instinct (donc la délibération) le langage articulé et la sociabilité qui en découle, sa culture et son intelligence. L’Homme ne pourrait pas survivre sans le travail, nous pourrions alors penser que celui-ci ne déshumanise pas l’Homme : il ne pourrait sans lui ni subvenir à ses besoins vitaux ni progresser. Il doit s’éduquer pour s’humaniser, ce qui suppose que celle-ci n’est pas innée : Comment le travail est-il un moyen pour l’Homme d’accomplir son essence ? Pourquoi peut-on dire qu’il peut dans le même temps être une source de déshumanisation ?

Le travail permet à l’Homme de progresser et en ce sens, de s’humaniser. Mais la rationalisation excessive du travail et la culture de masse conduisent progressivement à une exploitation de l’Homme par lui-même. Cependant, même si le travail est aliénant dans le système capitaliste, les travailleurs peuvent, grâce aux loisirs, retrouver une activité laborieuse conforme à leur essence.

Il faut tout d’abord expliciter le lien fondamental entre travail et technique. Les deux mots désignent une méthode, un processus de fabrication, mais la distinction réside dans le fait que le technique désigne une méthode affectée à la réalisation d’une tâche : celle-ci ne se limite donc pas exclusivement aux objets, contrairement au travail, qui permet à l’Homme de fabriquer un objet à travers la mise en œuvre de techniques. Ces techniques sont présentes au sein de l’humanité depuis toujours, que ce soit de nos jours ou du temps des chasseurs-cueilleurs, comme nous le dit Jacques Ellul dans son ouvrage « La technique ou l’enjeu du siècle » : « tout travail comportera évidemment une certaine technique, même la cueillette des fruits chez les non-civilisés : technique pour monter à l’arbre, pour cueillir le plus vite et avec moins de fatigue, pour discerner les fruits mûrs, etc… ». La technique, et par conséquent le travail, est donc, même à un stade très peu avancé comme Jacques Ellul en donne l’exemple, d’une importance capitale pour l’Homme qui ne pourrait tout simplement pas survivre sans travail puisque c’est grâce aux techniques qu’il peut subvenir à ses besoins vitaux. Le feu, la chasse, l’élevage, la culture maraîchère ou encore la construction sont des techniques dont l’exercice est un travail. Les hommes ont besoin de travailler et donc de mettre en œuvre des techniques pour assurer leur survie car, contrairement aux animaux, ils ne possèdent pas d’instinct. Le travail chez eux n’est pas une spécificité innée comme il peut l’être chez les bêtes, à l’exemple de l’araignée qui tisse sa toile. Dans son livre « Protagoras », Platon explique en effet que ce qu’il appelle les « qualité » sont des « attributs physiques activés par l’instinct ». Ces attributs peuvent être la vitesse (le guépard), la faculté de voler (les oiseaux) on encore les griffes. Le travail permet donc à l’homme de s’humaniser en cela qu’il ne pourrait pas survivre sans lui.

L’homme travaille donc afin d’acquérir ces capacités spécifiques, puisqu’il ne les possède pas naturellement. Il doit se cultiver. Il développe son intelligence mais également son physique comme son agilité et sa masse musculaire. En travaillant il se cultive et s’éduque ; il s’humanise. C’est là toute la différence entre le travail humain et le travail des bêtes : si l’on en croit Karl Marx, l’Homme ne transforme pas seulement la nature à travers la mise en œuvre de ses techniques mais il se transforme également lui-même : il progresse. Il augmente ainsi ses capacités physiques et motrices (comme son endurance ou sa souplesse) mais aussi ses compétences intellectuelles. Il sera en effet plus à même de s’adapter à différentes situations à la faveur de son vécu, de ses expériences. Le développement de ces compétences s’accompagne d’une amélioration des techniques. La progression de ces compétences est une condition au progrès technique de l’espèce en général : il est impensable de progresser dans le domaine de la médicine sans avoir au préalable acquis une connaissance plus approfondie du corps humain. De la même manière, si un architecte veut faire les plans d’un bâtiment en vue de sa construction, il devra avoir étudié les matériaux nécessaires de façon à savoir lesquels choisir. Marx exprime cette idée dans « Le Capital » lorsqu’il affirme que l’Homme conçoit l’objet avant de le fabriquer, ce qui nécessite une connaissance de l’objet en question. On ne retrouve pas une évolution pareille au sein du règne animal. Si l’Homme doit progresser pour survivre, les bêtes n’ont pas ce besoin : une fois passés les premiers jours de sa vie, l’animal a déjà en sa possession toutes les facultés qui sont nécessaires à sa survie. Par exemple, le fourmilier est naturellement disposé à attraper les fourmis grâce à sa langue. Certes, cette activité se fait à travers la mise en œuvre d’une technique et est donc un travail, mais grandement facilité par une qualité activée par son instinct. Il n’a pas à s’éduquer. Emmanuel Kant disait dans la troisième proposition de son livre « Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolite » que l’homme doit tout « tirer de lui-même », justement à cause de cette absence de prédisposition. L’Homme doit donc bâtir ses compétences afin de survivre et d’évoluer, ce qui le différencie du règne animal. Le travail lui permet donc à travers la progression de ses compétences de s’humaniser.

Par le travail, l’Homme transforme donc la nature et cette transformation constitue également une maîtrise de celle-ci. Cette maîtrise de la nature est exprimée par Jean-Jacques Rousseau à travers le terme de « perfectibilité ». Dans son « Discours sur l’origine des hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle », Rousseau définit

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