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Le problème du langage

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Par   •  29 Octobre 2018  •  Cours  •  2 415 Mots (10 Pages)  •  567 Vues

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B/ Le problème du langage

     Le langage désigne la capacité humaine à exprimer la pensée et à la communiquer aux autres.

1- L'expression de la pensée par les mots...

     On peut considérer que les mots ne sont pas faits pour exprimer parfaitement notre pensée. Dans ce cas, "c'est la faute des mots". Mais on peut considérer également que les mots sont la meilleure façon d'exprimer la pensée (c'est le langage qui s'est imposé dans les relations humaines) et même que sans les mots qui structurent et précisent la pensée, cette dernière serait, ou est, obscure, confuse, embryonnaire.

1.1- Le langage n'est-il pas totalement adapté à la pensée ?

     Bergson, par exemple, considère que "la pensée est in/com/mensurable avec le langage" = le langage n'a pas de commune mesure avec la pensée. Les mots sont trop pauvres, trop inadaptés pour exprimer la richesse, l'originalité, la subtilité.

     D'où un premier argument : le mot est plus fait pour communiquer que pour exprimer la richesse de la pensée. Or cette mise en commun laisse échapper les différences. Les mots aimés sont commun dans le sens de banals. Les mots sont trop généraux, ils « écrasent » sous leur généralité la « délicate individualité » de nos idées, et, surtout, de mes sentiments. Il faut donc des artistes, des arts, pour exprimer plus originalement la particularité de ce qui est ressenti par le créateur. D’où particularité de l’écrivain, qui bien qu’utilisant des mots, arrive grâce à sa manière de les choisir, de les combiner, en un mot, grâce à son style, à exprimer et communiquer, une pensée qui sort de l’ordinaire (extraordinaire donc). Une œuvre riche a besoin de plusieurs lectures pour révéler « à travers » les mots, l’intuition originale que l’écrivain cherche à exprimer. Il faut donc pour cela faire intervenir le travail du temps, pour compléter les limites spatiales des mots écrits.


    Deuxième argument : Les mots sont discontinus, la pensée est continue. Comment rattraper le mouvement qui continue entre les mots ? Cet argument rejoint la critique de Bergson concernant les points censés représenter le moment présent. Cette incompatibilité, entre les mots (formés spatialement) et la pensée (mouvement temporel), est la même que l’incompatibilité entre la représentation spatiale du temps (la montre) et la durée du temps.


    Troisième argument : Les mots sont des parties, des éléments de pensée extérieurs les uns aux autres (partes extra partes), alors que la pensée est constituée d’éléments enchevêtrés, qui non seulement se touchent, mais entrent les uns dans les autres. On appelle confusion une pensée dont les éléments sont « trop » fusionnés les uns avec les autres. Les éléments de la pensée sont donc des « partes intra partes ».


    Dans ces conditions, comment comprendre que malgré ces imperfections du langage, on continue à parler et écrire ! Bien entendu, on peut répondre que le langage sert déjà à communiquer, mettre en commun des idées qui peuvent être communes. Mais même Bergson, montre que l’écrivain arrive à exprimer ce qui pouvait paraitre incommunicable. Toutefois Bergson n’est-il pas allé trop loin dans sa critique du langage ? Les défauts qu’il attribue au langage ne sont-ils pas les défauts de la pensée qui se forme en s’exprimant dans les mots ? Cette compréhension du rapport entre la pensée et le langage a été, en particulier, mise en évidence par HEGEL.


1.2- La clarification de la pensée dans les mots


 
Référence : HEGEL, texte p.178 du manuel

     C’est dans les mots que nous pensons. Nous n’avons conscience de nos pensées déterminées et réelles que lorsque nous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notre intériorité et par suite nous les marquons d’une forme externe, mais d’une forme qui contient aussi le caractère de l’activité interne la plus haute. C’est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l’externe et l’interne sont si intimement unis. Par conséquent, vouloir penser sans les mots, c’est une tentative insensée. Et il est également absurde de considérer comme un désavantage et comme un défaut de la pensée cette nécessité qui lie celle-ci au mot. On croit ordinairement, il est vrai, que ce qu’il y a de plus haut, c’est l’ineffable. Mais c’est là une opinion superficielle et sans fondement ; car, en réalité, l’ineffable, c’est la pensée obscure, la pensée à l’état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu’elle trouve le mot. Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie.
Hegel, Philosophie de l’esprit (1817).

     Hegel veut expliquer à travers ce texte qu’il est impossible de penser sans les mots, car c’est ce qui forme nos pensées concrètes. Car sans les mots nos pensées ne seraient qu’une vague réflexion en construction, qui est encore obscure.


    Thèse :
Les mots extériorisent la « véritable » pensée, c’est-à-dire, la pensée réfléchie, la prise de conscience de ce que nous pensons de manière immédiate.  

     Explication :
 « C’est dans les mots que nous pensons ». « Dans » et non « par » ou « à l’aide des » mots. Les mots ne sont pas d’une nature différente de la pensée. Ils sont de la pensée extériorisée, objective dans le sens ou ces « objets » que sont les mots sont face(ob) à la pensée « subjective », celle qui se situe sous(sub), derrière l’image d’elle-même. Cette objectivation permet donc la réflexion qui n’est autre que le fait de prendre conscience d’elle-même. Merleau-Ponty en accord avec Hegel dira que les mots ne sont pas le « vêtement », mais le « corps » de la pensée. Les mots sont de la pensée incarnée, matérialisée. Nos pensées déterminées, qui expriment le déterminisme de nos pensées, c’est-à-dire des relations de cause à effet qui unissent les mots dans les phrases, permettent non seulement de clarifier nos pensées dans leurs parties que sont les mots, mais également leur bien logique qui donne un sens, une signification, à nos phrases.  Outre ce lien logique, les mots font que la pensée vérifie la réalité de ce qu’elle exprime. Cela lui permet de confronter ce qu’elle dit aux choses(RES). Ainsi la pensée sort de sa subjectivité pour prendre « une forme objective », grâce à ces « objets » que sont les mots qui représentent eux-mêmes des objets à proprement parler. D’où le deuxième sens de « l’objectivité » qui signifie la rigueur et l’exactitude de la pensée. Si tout le monde voit le même objet. Alors on dit que c’est « objectif », c’est-à-dire vrai, réel. La forme externe (les mots) donne une valeur supérieure à la forme « interne » (la pensée non encore élaborée, développée dans les mots). Cette phrase est associée à « l’état de fermentation » dont parle Hegel plus loin. La pensée clarifier dans le langage est plus « haute », plus évoluée, elle a plus de valeur que la pensée confuse et inconsciente d’elle-même. La fermentation de la pensée est inaboutie. Il faut qu’elle s’élève jusqu’au résultat de cette fermentation, comme il faut que l’embryon se développe jusqu’à ce qu’il devienne un être vivant autonome. Le mot est un son articulé. Il y a comme le disent les linguistes (la linguistique) une double articulation des mots. La première articulation divise les mots en différents sons. Cela constitue la phonétique. Par exemple dans « TRANSPORT »
La deuxième articulation divise les mots en unité de sens , de signification, c’est-à-dire en « morphèmes » ou « monèmes ». Par exemple : TRANS/PORT 2 morphèmes
-« phonèmes »(unités de son)
-« Morphèmes »(ou « monèmes » unité de sens)
Les combinaisons de phonèmes et morphèmes permettent ainsi d’enrichir le langage et donc la pensée indéfiniment. Le fondateur de la linguistique, Ferdinand de Sausure définit ainsi le langage comme un système de signes.

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