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Le déterminisme est-il contraire à la liberté ?

Dissertation : Le déterminisme est-il contraire à la liberté ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Septembre 2022  •  Dissertation  •  3 037 Mots (13 Pages)  •  703 Vues

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SARTER                                                         DM

Victor

TG1

Sujet de Dissertation : Le déterminisme est-il contraire à la liberté ?

La liberté humaine fait en philosophie l’objet d’une large controverse, elle est pourtant l’un de ses sujets fondamentaux. Les courants qui s’y sont succédés peuvent d’ailleurs nous conforter dans l’appréhension d’une liberté opposée au déterminisme. On peut évidemment penser que l’individu saisi dans l’engrenage des causes antécédentes ne correspond pas à celui qui est libre, exempté de toute contrainte. Depuis longtemps les défenseurs d’un libre-arbitre se sont largement heurtés aux déterminismes qui émergent de la recherche scientifique, notons bien ce pluralisme tant le déterminisme de Durkheim peut différer de celui d’un biologiste. Le libre-arbitre comme attribut ontologique semble perdre de son éclat face à l’avancée de notre appréhension des différentes déterminations. L’objectif des sciences, qu’elles soient humaines ou naturelles, consiste à dégager les « lois » qui régissent l’ensemble des phénomènes et des rapports qui les lient. Or, l’homme n’échappe pas au déterminisme que l’on pourrait qualifier d’universel : de la sociologie aux réactions chimiques élémentaires, la recherche a pour vocation de formuler des lois qui expliquent les comportements humains. Comme Kant le montrait déjà avec sa troisième antinomie de la Raison pure, l’opposition entre les notions se dessine alors nettement, il faudrait que l’individu soit doté d’un libre-arbitre ou non. Rappelons que cette constatation correspond à une définition du fait d’agir librement bien précise. Cela implique la possibilité réelle d’agir autrement dans un cas donné ainsi qu’une faculté à l’auto-détermination, au sens où l’individu n’est soumis à aucune cause extérieure. Or, cela s’oppose à un déterminisme conçu comme un enchainement de relations causales où une seule évolution possible d’un système sera envisageable : il n’y a ici pas de choix, ni d’auto-détermination. Cela dit, un tel dualisme expose de fait les limites d’une conception absolue de la liberté ou du déterminisme. Il serait par exemple possible de pousser le raisonnement du déterminisme jusqu’à l’absurde dans le cadre des lois : il suffirait à l’accusé au tribunal de dire « jamais je n’ai voulu effectuer l’action X, seulement, j’y ai été déterminé ». Mais pourtant, une telle disposition judiciaire qui en fait un responsable sous-entend bien que l’accusé a eu le choix, cela a été sa décision bien que des facteurs aient pu l’influencer, le libre-arbitre se fonde donc sur la contingence des actes humains. Cette hypothétique déresponsabilisation poussée à son paroxysme est problématique, elle fait fi de ce qui donne une dignité à cet accusé, ce qui en fait justement un sujet de droits et devoirs. Il faudrait donc renoncer à cette idée de causalité déterminée chez l’homme, au moins dans une certaine mesure. Cela consisterait à attribuer un caractère inaugural aux actions humaines, mais il faudrait alors arracher l’homme à l’ordre des choses, l’extraire des lois si durement établies préalablement. Seulement procéder ainsi en faisant de l’homme « un empire dans un empire » tient d’une irrationalité qui bouleverserait toutes les certitudes scientifiques, il faudrait alors se résigner à ne pas attribuer de responsabilité morale au coupable. Sans libre-arbitre, tout deviendrait en quelque sorte excusable, mais il faut pourtant protéger le corps social de la menace que ces coupables malgré-eux peuvent représenter. La justice ne deviendrait qu’une nécessité sociale mais dépourvue d’un motif moral, mais cela serait réduire les hommes à des choses. Et malgré la conscience et la volonté, peut-on réellement exclure l’homme de l’engrenage des causes et effets ? C’est pourquoi il faut rappeler le problème : un monde déterministe s’oppose-t-il à la liberté humaine ? Porter l’une des deux notions vers l’absolu ne semble pas convaincant, toute la question semble donc de savoir en quoi les deux notions s’accordent. Après avoir polarisé les deux notions l’une contre l’autre et illustré les limites de la liberté quand elle est associée au libre arbitre, nous tenterons de mettre en lumière le fait que l’étude des déterminismes constitue un outil pour la liberté. Enfin, nous tenterons de répondre à la problématique de l’accusé avec la raison kantienne, où la liberté peut coexister avec le déterminisme, en tant que prédicat impératif au droit et à la morale.

        L’expérience constitue pour certains philosophes une preuve directe de l’existence de la liberté, c’est notamment la position de Rousseau et Descartes. Ce dernier voit par exemple dans Les Principes de la philosophie un exercice élémentaire de liberté dans le choix du consentement. La liberté d’indifférence fait aussi office de preuve dans le sens où l’homme est en mesure de sortir d’un dilemme comme celui de l’Âne de Buridan, ainsi la volonté n’a pas à être portée par ce qui est bien ou mauvais. Rousseau écrit dans La nouvelle Héloïse qu’il ne peut que ressentir le sentiment intérieur de sa propre liberté, et ce malgré toutes les démonstrations qu’il tient pour faussement logiques : « un raisonneur a beau me prouver que je ne suis pas libre, le sentiment intérieur, plus fort que tous ses arguments, les dément sans cesse ». L’auteur fait en effet des détracteurs de la liberté des sophistes, tant l’évidence sensible lui apparait. Cela-dit on peut douter de cette liberté par le sensible, peut-on faire confiance à ce seul ressenti ? Et même à l’expérience personnelle ? Cela semble effectivement bien trop subjectif, et ce seul sentiment varie d’un individu à l’autre sans pouvoir donner lieu à un fondement scientifiquement solide. Cependant la liberté d’indifférence de Descartes n’est encore que selon l’auteur son degré le plus faible, il passe au-delà de la sensation. Ce qu’il définit comme une liberté absolue dans une Lettre à Mesland réside quant à elle dans la capacité proprement humaine de pouvoir s’auto-déterminer en rompant un rapport causal présupposé. L’individu normalement déterminé à préférer le choix A au choix B peut rompre cette préférence supposée, car il est libre. Mais nous pouvons assez vite en cerner les limites : cela revient à agir de manière absurde en allant contre le meilleur choix pour affirmer sa liberté. C’est là l’aliénation la plus explicite : l’individu s’enferme et se restreint lui-même en pensant affirmer être libre. De plus, le choix est-il réellement désintéressé ? Il y a bien pourtant une vocation à un tel acte, en voulant affirmer son libre-arbitre par l’acte gratuit, l’individu démontre avec ironie l’inverse : il a été déterminé par un motif. Le libre-arbitre apparait alors assez peu désirable, à quoi bon s’il ne réside uniquement que dans l’acte absurde ? La conception de la liberté comme absolu s’affaisse assez vite face à une conception déterministe de plus en plus portée par les progrès scientifiques. On pourrait même dire que le libre arbitre ne se prouve pas réellement, en tant que parti pris métaphysique. En réalité s’efforcer à en faire la démonstration semble plutôt donner raison à la thèse déterministe, dans le sens où ce libre-arbitre apparait comme un effet, attardons-nous là-dessus. Laplace se place comme une figure phare du déterminisme dans son Essai philosophique sur les probabilités. Notons que l’auteur envisage un futur conçu comme une voie unique, sans alternatives ; il balaie de fait la possibilité réelle d’agir autrement dans des circonstances données. C’est donc un pan de ce qui définissait le libre-arbitre en introduction qui s’écroule. En mettant en scène son « démon », Laplace fait la description d’un monde entièrement régi par des séries causales indescriptibles du fait de leur complexité. En présentant ce point de vue déterministe, il établit donc que le futur est imprédictible de fait, au sens où les technologies qui lui étaient contemporaines ne sauraient jamais appréhender les rapports causals dans leur ensemble. Seulement cette constatation tend à perdre de sa superbe au profit de l’élaboration des lois qui régissent notre monde. C’est tout l’objet de la recherche scientifique qui tend à s’approcher du démon de Laplace, représentation théorique de ce qu’est celui qui peut appréhender les rapports causals dans leur ensemble. L’élargissement du champ de la connaissance scientifique a donc favorisé une approche déterministe des choses, en témoignent le positivisme de Comte ou le scientisme de Le Dantec. Le dualisme entre météorologie et climatologie est par ailleurs un très bel exemple des limites (tout du moins actuelles) de ladite science : tandis que l’une ne peut observer qu’à court terme faute de moyens qui seraient inestimables, l’autre se fonde sur la statistique et l’estimation. Il convient aussi de faire remarquer que la recherche scientifique a su trouver des failles à ce déterminisme qu’on pensait absolu : la physique quantique est un exemple très récurrent mais la théorie du Chaos fait aussi office de limite. Cela dit, c’est dans ce référentiel déterministe qu’on peut donc nier d’une certaine manière la liberté humaine au sens où l’individu pourrait s’auto-déterminer. En tant qu’énième rouage d’une immense machine, l’homme serait bien présomptueux de penser pouvoir outrepasser les règles. C’est ce pourquoi l’homme dans son ensemble serait déterminé (selon une somme de liens causals complexes, certes), au même titre que la chute d’une pomme de son arbre. C’est notamment ce qu’appuie d’Holbach dans son Système de la Nature où il voit dans l’existence des institutions la preuve d’une nécessité à la détermination. Il est d’ailleurs intéressant de constater le point de vue matérialiste qu’il a des choses, d’Holbach n’attribue donc pas de causes métaphysiques aux évènements, ce qui renforce l’idée selon laquelle l’homme n’est qu’un assemblage complexe d’atomes, porté par une multitude de réactions biologiques. Nous pouvons dans une certaine mesure nous appuyer sur ce que soutient Spinoza : la liberté est une illusion, elle-même préservée par notre ignorance des différents facteurs déterminants. L’auteur, autre grande figure philosophique du déterminisme, écrit dans une Lettre à Schuller que nous sommes conscients de nos actes, mais pas des causes qui les déterminent. C’est là la cause de l’illusion de la liberté : l’individu croit ainsi avoir eu le choix, car il est inconscient du fait qu’une seule éventualité était déjà déterminée. La métaphore de la boule de billard est là très explicite :  la boule, qui vient d’être choquée suit sa trajectoire. Cependant elle ignore qu’elle a été choquée de manière antécédente, de plus elle ne connait pas la loi physique qui la fait se mouvoir, ici le principe d’inertie. C’est donc une boule se croyant libre d’aller vers là où on l’a frappée, qui ignore les différentes déterminations qui sont responsables du mouvement. C’est l’idée d’une éventuelle auto-détermination qui tombe à son tour, le deuxième pan du mur établi en introduction s’écroule, et la rupture est, semble-t-il définitivement consommée. Le déterminisme défini comme une unique évolution possible, déterminée elle-même par l’état initial d’un système est incompatible à la liberté qui réside quant à elle dans la possibilité d’agir de manière alternative et la faculté à s’auto-déterminer. Nous avons illustré l’incompatibilité sémantique entre les deux termes et les lacunes de la liberté face au déterminisme. Cependant une conception déterministe des choses sous-tend que les actions des individus ont un impact sur ce dernier, nous sommes en effet loin d’une vue fataliste qui négligerait les rapports causals. C’est pourquoi il s’agit aussi de montrer en quoi le déterminisme peut aider à bâtir ladite liberté.

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