La vérité est-elle avantageuse ?

Habituellement, on considère que la vérité correspond à une opposition à l’erreur et à l’opinion, une affirmation ou un discours conforme à la réalité, qui nous permet ainsi de garantir la cohérence de nos raisonnements. Néanmoins, il semble que la vérité soit parfois dissimulée intentionnellement dans le but de tromper autrui. Le paradoxe concernant la situation de la vérité est donc bien réel : elle est à la fois valorisée et appréhendée. On peut donc poser la question suivante : la Vérité est-elle avantageuse. Se poser une telle question, c’est se demander si il est dans notre intérêt de connaître la vérité ou si il n’est pas mieux de ne l’ignorer, car elle pourrait s’avérer nuisible.

Nous nous demanderons si il est préférable d’accepter l’ignorance plutôt que de connaître la vérité après avoir analysé les limites de celle- ci. Enfin, nous verrons que la vérité est avantageuse au sens ou elle permet la connaissance, le savoir.

La vérité, qui semble être un discours, une théorie acquise et universelle, présente néanmoins des limites. Effectivement, elle est instable, dans la mesure où elle est constamment remise en question. Ainsi, la vérité dépend de nous, elle est provisoire et discutable. En effet, un phénomène, une notion admise ‘vraie’ peut varier selon les personnes, les situations, les siècles. Par exemple,les vérités scientifiques peuvent être démontrées comme étant ‘fausses’ par des théories plus nouvelles et efficaces. A la suite de ces théories, des expériences peuvent radicalement venir mettre en péril la théorie existante. La poursuite de la vérité est donc incessante et entraîne une remise en question permanente dès qu’une nouvelle découverte est faite. Par exemple, les témoins d’une scène de crime pourraient témoigner et dire qu’ils connaissent l’identité du meurtrier, mais leur témoignage concernant leur identité peuvent être opposés, la vérité étant alors impossible à identifier. La recherche de la vérité nous entraine donc vers une instabilité certaine et une insatisfaction constante, car c’est une recherche infinie effectuée par des Hommes mortels. En effet, d’après Blaise Pascal dans De l’esprit géométrique, « les hommes sont dans une impuissance naturelle et immuable de traiter quelque science que ce soit dans un ordre absolument accompli. » Ici, il est explicité qu’il est impossible pour l’homme de découvrir la vérité ‘pure’. La recherche de la vérité mène donc à une instabilité et une insatisfaction permanente.

De plus, la vérité possède une autre limite. Elle peut décevoir ou blesser autrui. En effet, elle est parfois intentionnellement dissimulée car elle est parfois délicate à énoncer, à prononcer. Par exemple, dire à un enfant qu’il a été adopté, lorsqu’il est très jeune, pourrait l’empêcher de vivre une enfance paisible, ne lui permettant pas de se construire comme les autres enfants de son âge, pouvant être perturbé, car cherchant l’identité de ses parents biologiques, ses racines. Cette vérité pourrait le détruire et être douloureuse. C’est pourquoi nous choisissons de la dissimuler ou non, car il est parfois plus préférable de l’utiliser dans certaines situations que dans d’autres. La Vérité peut non seulement blesser autrui mais elle est dans la capacité de décevoir. Effectivement, lorsque l’on admet un principe, une théorie comme ‘véritable’, elle semble irréfutable. Mais, comme nous l’avons mentionné précédemment, la recherche de cette vérité est en perpétuelle évolution et alors les principes que nous avions considérés ‘vrais’ peuvent s’avérer faux. Il faut alors avoir conscience que la vérité peut faire mal pour celui à qui on la révèle et ainsi entraîner une douloureuse prise de conscience, les choses qu’ils croyaient ‘vraies’ s’avérant être fausses. L’homme est donc hostile aux vérités qui ne lui sont pas favorables, comme il est expliqué par Nietzsche, dans Vérité et mensonge au sens extra-moral : « il (l’Homme) est indifférent, envers les vérités préjudiciables et destructrices, il est même hostilement disposé. » Il n’est donc pas souhaitable que tout vérité soit révélée, certaines étant compromettantes.

La vérité possède donc certaines limites, des inconvénients, comme son instabilité et sa capacité à décevoir ou blesser certains individus. Cependant, cette position ne va pas sans poser certaines difficultés. En effet, est-il donc préférable d’éviter de connaître la vérité mais risquer de rester ignorant ?

Il est parfois préférable de ne pas dire la vérité, de la dissimuler. Notamment, l’empathie et l’amour envers autrui nous donne envie de le

protéger et ainsi lui cacher cette vérité qui peut être douloureuse. La vérité est ainsi dissimulée non pas pour ce qu’elle est, mais pour les conséquences qu’elle pourrait avoir. On ne fait pas part aux enfants de la « mort » d’un de leurs proches, mais une métaphore « il est parti pour un long voyage » est utilisée, afin de protéger les jeunes enfants, ‘d’adoucir’ la vérité. Il est donc préférable dans certaines situations de

dissimuler la vérité comme lorsque l’on décide

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