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La religion et la vérité

Dissertation : La religion et la vérité. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  10 Mars 2020  •  Dissertation  •  4 029 Mots (17 Pages)  •  870 Vues

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La notion de religion, pour être abordée philosophiquement, exige quelques précautions. Analyser cette notion, ce n’est pas défendre telle ou telle religion (ce qui serait aborder religieusement la religion) ; ce n’est pas non plus discuter du bien-fondé de la foi religieuse. Une analyse philosophique de la religion s’interrogera sur le fait religieux comme manifestation particulière de la vie humaine.

Religions et religion : Il a existé et il existe quantité de religions à travers le monde, et quantité de représentations, de formes d’expression religieuses (la religion ne se réduit pas au monothéisme). Ce qui est notable, c’est la persistance du phénomène religieux à travers les époques. La première question qui se pose est donc de savoir comment définir la religion. Cela suppose une unité du fait religieux, en dépit de l’immense variété des religions : où trouver cette unité et comment définir ce qu’est par nature la religion ? Qu’est-ce qui est commun à toutes les religions, à toutes les formes de représentations et d’expression religieuses ? On soulignera 2 dimensions de la religion; La première (dimension sociale) renvoie à l’extériorité des pratiques. Chaque communauté religieuse a ses pratiques religieuses spécifiques (aspect « visible » de la religion : cérémonies, prières…) qui sont en même temps des formes d’expression culturelles. La seconde (dimension spirituelle) concerne - même si elle est liée à la première- l’aspect « invisible » de la religion (sentiment de foi, attitude intérieure du croyant).

Religion et vérité : La difficulté de cette question de l’unité de la religion est redoublée par le fait que chaque représentation religieuse prétend (de façon plus ou moins autoritaire) être la plus proche de la vérité. Mais quelle vérité ? L’objet d’une religion n’est pas un objet d’expérience scientifique (on ne peut pas vérifier par expérimentation l’existence d’un être divin ou surnaturel) ; peut-il être un objet logique (sur lequel les hommes se mettraient d’accord au moyen de raisonnements) ? Si ce n’est pas le cas, si la raison est impuissante à démontrer la vérité religieuse, comment comprendre que le progrès scientifique n’ait pas fait disparaître les religions ?

I. La question de la nature de la religion

Il y a une dimension sociale et une dimension subjective (sentient intérieur du croyant) de la religion. La religion répond à 3 besoins humains fondamentaux : comprendre, vivre ensemble, être rassuré.

A. Une définition sociologique de la religion

Durkheim : « la religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées qui unissent en une même communauté morale, appelée Eglise, tous ceux qui y adhèrent. » (Les formes de la vie religieuse). Cette définition met en évidence 4 concepts essentiels pour penser la religion :

➢ La croyance : toute religion est fondée sur la foi. Durkheim ne commet pas l’erreur de renvoyer cette foi au concept de divinité : des religions comme l’animisme ou le bouddhisme ne font pas intervenir notre conception traditionnelle du dieu, et elles sont pourtant classées comme religions.

➢ La pratique : au-delà du rite, qui supposera le plus souvent l’intervention de prêtres, chamanes, etc., la religion se signale aussi par l’impact pratique qu’elle a dans la vie du croyant : vêtements, soins corporels, interdits alimentaires, comportements vis-à-vis d’autrui, etc. Ce sont ces pratiques qui inscrivent le croyant dans sa religion.

➢ Le sacré, défini culturellement : la séparation sacré/profane est définie de façon institutionnelle. Il y a des êtres « sacrés », des objets « sacrés », des espaces « sacrés », des temps « sacrés » (temps des fêtes religieuses not.). Le seul invariant propre à toutes les religions n’est donc pas la crainte de la mort ou des phénomènes naturels (du moins n’avons-nous pas les moyens de le démontrer) ; il est d’ordre culturel et concerne la séparation entre le sacré et le profane.

➢ La communauté morale : ou Eglise au sens étymologique (du grec ecclesia = assemblée). On ne peut parler de religion que pour un phénomène collectif ; une religion rassemble tjs une collectivité autour de croyances identiques. C’est d’ailleurs le propre de la religion de chercher à rassembler, à élargir son audience (contrairement aux sectes qui se retranchent du monde). La séparation sacré/profane se manifeste toujours par une séparation profane/sacré instituée par une Église (au sens large de « communauté morale»). La religion a donc toujours un caractère institutionnel : l’objection selon laquelle il existerait des religions individuelles, des cultes individuels n’y change rien. En effet, si on prend comme exemple que le catholique, au lieu de vénérer Dieu, vénère plutôt son saint patron, son ange gardien, etc, il les choisira toujours, selon Durkheim, sur la liste officielle des saints et des anges reconnus par l’Eglise catholique.

B. La croyance religieuse

« Croire » se définit en opposition à « savoir ». Tout ce qui échappe au savoir rationnel peut être objet de croyance.

Plusieurs formes de croyance :

-croire que : signe de l’énoncé incertain (croire qu’il va faire beau)

- croire à : signe de l’incertitude objective (pas moyen de démontrer la légitimité de la croyance) mais aussi de la conviction subjective (ex : croire à l’immortalité de l’âme)

- croire en : c’est le plus fort degré de conviction (ex : je crois en Dieu).Cela s’appelle la foi, qui n’existe véritablement dans les religions monothéistes.

La croyance religieuse est liée à l’impression que la vraie signification des choses n’est pas dans leur apparence quotidienne, mais qu’elle réside dans une cause mystérieuse située dans un arrière-monde. De cela découlent plusieurs conséquences :

-L’explication mythologique du monde : toute religion a ses mythes (même si tous les mythes ne sont pas, à strictement parler, religieux : il reste, chez les non-religieux, des « traces » de mythologie. Le cinéma, par exemple, reprend de nombreux motifs mythiques). Le mythe est un récit qui raconte les origines du monde et de l’humanité et les faits fondateurs de la société (par exemple création du monde en 6 jours, déluge, péché originel, malédiction par le travail dans la religion biblique). Le mythe a ses dieux, ses demi-dieux, ses héros, dont les actions sont censées

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