La religion est-elle l'asile de l'ignorance ?

La religion est-elle l'asile de l'ignorance ?

Étymologiquement, venant du latin « religare », la religion est avant tout ce qui relie. La philosophie comprend et analyse donc la religion comme un lien, un lien horizontale entre les êtres humains mais aussi un lien verticale entre l'individu et le divin à travers le sentiment du sacré. En effet, la religion est un ensemble de croyances et de pratiques qui unissent les hommes entre eux au sein d'une même communauté. La religion apparaît comme un élément constitutif de toute culture, il n'y a eu aucunes sociétés athées, de plus il n'existe pas qu'une religion il y en a plusieurs. Il y a celles centrées autour de livres, comme les trois grands monothéistes tel que le Christianisme, l'Islam et le Judaïsme mais il y a également un tas d'autres formes de spiritualités religieuses qui ne se laissent pas enfermer dans l'opposition polythéisme/monothéisme. De même, il y a plusieurs courants au sein d'une même religion et il y a différentes manières de pratiquer sa foi. Au cours de l'histoire, le religion prend des formes différentes, mais elle est toujours présente, si bien qu'elle apparaît comme une constante anthropologique. Cependant, si l'on observe l'Histoire et ses nombreuses guerres de religions, nous sommes forcés de constater que la religion au lieu de les relier, a bien souvent divisée les hommes. Cela montre que les hommes sont tellement dévoués à leurs croyances qu'ils sont prêts à se battre et à mourir pour ce qu'ils qualifient de sacré mais, pourquoi la croyance religieuse est-elle si forte ? Spinoza, qualifie la religion et plus particulièrement Dieu « d'asile de l'ignorance », ce qui signifie que la religion serait donc un lieu ou les humains trouvent refuge, cependant ceci est assez paradoxal, car il est à priori peu souhaitable de rester ignorant car l'ignorance, est l'état originaire de l'esprit qui nous maintient dans nos illusions et erreurs. Trouver asile dans l'ignorance revient à ne plus exercer sa raison. Cela nous amène à penser que la religion s'oppose au travail de la raison et donc, entretient l'ignorance. Seulement, est-ce réellement si simple ? De grands savants tel qu'Einstein ont été aussi de fervents croyants, donc la religion exclue-t-elle nécessairement les démarches de connaissances ? La religion n'est-elle pas, elle aussi, une riche source de connaissances morales existentielles ? Nous allons donc nous demander, peut-on réduire les religions à la crédulité qui nous maintient dans l'ignorance ? Pour répondre à cela, nous nous demanderons dans une première partie pourquoi les hommes croient et comment ont-ils instrumentalisés la religion, ensuite, on se demandera si la religion ne peut pas être elle aussi, un vecteur de connaissances et pour finir, nous verrons qu'il y a en réalité plusieurs façon de penser et de pratiquer sa foi qui ne répondent pas à la construction, bien souvent, dogmatique, de la religion judéo-chrétienne.

La religion, phénomène ancien et commun a tous, ne serait en fait que l'asile de l'ignorance. La foi, est la base de la religion, elle consiste à croire sans être certain, une citation de Saint-Thomas le montre ; « Heureux celui qui croit avant d'avoir vu » , cette attitude, celle de croire sans savoir, sans se questionner, s'oppose à la présence d'esprit critique, car celui qui se questionne sur l'existence de Dieu, perd sa foi. Comme c'est l'ignorance qui pousse les religieux à croire, selon Spinoza, la foi est une « superstition religieuse » qui pousse à l'ignorance. Mais pourquoi décider de croire sans preuves ? D’où viennent les croyances ? Les hommes instrumentalisent-ils la religion ?

L'Homme, s'est trouvé au fil des siècles de multiples raisons de croire. En effet, pour essayer de rationaliser sa foi, il a trouvé dans la société des raisons lui permettant de croire en quelque chose de plus grand, des raisons expliquant tous ses maux. Spinoza, va exposer l'une de ces raisons dans son œuvre Ethique, I, Appendice. Lorsqu'il affirme que « Dieu est l'asile de l'ignorance », il s’agit en fait de la conclusion d'une critique destinée aux religieux qui prétendent lire dans les événements naturels. Certains événements se produisent parfois et sont issus de causes naturelles efficientes, seulement cette justification ne satisfait pas les hommes et leur demande de sens. Ils leur manque des causes finales, c'est pour cela qu'ils pensent que certains événements sont issus de la volonté de Dieu. Spinoza prend ici l'exemple de l'homme tué par une pierre, dont on demande la raison de la mort. Si on suit une causalité naturelle, on remarque que la mort de l'homme est un hasard causé par le fait qu'il soit passé sous cette pierre au moment ou le vent était agité. Mais le religieux superstitieux ne se satisfait pas de cette justification, il veut une cause finale, alors, il fait de cet événement la volonté de Dieu. Pour Spinoza, faire cela est le dernier refuge pour notre quête de cause ultime qui donnerait un sens à l'absurdité de l'existence. Cependant, il s'avère que les hommes ne croient pas seulement pour expliquer ce qu'ils ignorent, Selon Freud, seule la fonction psychologique permet d'expliquer l'universalité des phénomènes religieux et leurs permanence au cours de l'histoire, il pense que les croyances religieuses sont des illusions. Or une illusion découle forcément de désirs, il écrit : « les idées religieuses (…) sont des réalisations des désirs les plus anciens, les plus forts » cela serait donc selon lui, parce-que les hommes désirent que Dieu existe qu'ils y croient. Pour Freud, chaque enfant ferait l'expérience de ce qu'il appelle « la détresse infantile », et pour apaiser cela, il a besoins d'un père. Or, la détresse ne disparaît pas à l'age adulte : l'homme a toujours besoins de protection, c'est pour cela qu'il va croire en un père plus puissant, Dieu. Freud écrit que « l'angoisse humaine en face des dangers de la vie s'apaise face à la pensée du règne bienveillant de la Providence divine », cela veut signifier qu'en croyant en Dieu, l'homme assouvi son désir d'être protégé. La religion serait donc, un pur produit de la société crée de toutes pièces par les hommes pour assouvir leurs besoins.

Bien que la religion soit à la base, un produit sociétale créé pour assouvir le besoins des hommes, elle instaure aussi des dogmes qui conforment les hommes

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