La religion est-elle socialement utile ?
Dissertation : La religion est-elle socialement utile ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar paulinedgt • 18 Mars 2016 • Dissertation • 1 757 Mots (8 Pages) • 6 921 Vues
La religion est-elle utile à la société?
Notre réaction spontanée nous porte à penser que la religion est utile à la société. La religion vise l'unité de la communauté, sa cohésion pacifique. Elle relie les hommes entre eux et à Dieu. L'origine étymologique du terme religion renforce cette idée, puisqu'il vient du verbe latin « religare », relier, qui désigne d'une part, l'union des hommes avec des puissances surnaturelles ; d'autres part, l'association des hommes entre eux.
Toutefois, il ne faut pas s'arrêter à la qualité d'association de la religion. En effet, si celle-ci associe les hommes, n'engendre-t-elle pas également des divisions en créant une frontière entre les groupes et les sociétés ? On peut le comprendre aisément au vu de la diversité des religions, des croyances.
Ne faudrait-il pas toutefois examiner pour finir l'éventualité selon laquelle une société pourrait se passer de religion ? Dès lors, la diminution du rôle de la religion est apparue à la conscience européenne au xix° siècle.
Notre réaction spontanée nous porte à penser que la religion est utile à la société. La religion vise l'unité de la communauté, sa cohésion pacifique. Elle relie les hommes entre eux et à Dieu. L'origine étymologique du terme religion renforce cette idée, puisqu'il vient du verbe latin « religare », relier, qui désigne d'une part, l'union des hommes avec des puissances surnaturelles ; d'autres part, l'association des hommes entre eux.
Toutefois, il ne faut pas s'arrêter à la qualité d'association de la religion. Si celle-ci associe les hommes, elle n'en est pas moins socialement nuisible, voire dangereuse. En effet, ne favorise-t-elle pas implicitement la reproduction et l'entretien sempiternels d'une violence sociale qu'elle souhaitait éliminer ?
Peut-on dire pour finir de la religion qu'elle est un « moment social » à dépasser, ou certains constats irréductibles doivent-ils nous amener à relayer très prudemment ce jugement un peu hâtif ?
Il semble aller de soi de dire que la religion est ce qui relie les hommes aux dieux, le moyen pour communiquer avec ceux-ci. Mais au-delà de ce lien elle serait également ce qui relie les hommes les uns aux autres. C'est en ce sens que l'on peut dire du phénomène religieux, phénomène social, qu'il est administration du sacré. Le sacré est ce qui assure la vie religieuse de la communauté, ce qui assure sa cohésion via des rites et des usages religieux.Ne pourrait-on pas dire que la croyance en un Dieu créateur, puissance absolue met tous les hommes sur le même plan ? Tous les hommes sont frères devant Dieu. Cette fraternité serait le lien que tissent les religions entre les hommes.
On peut soutenir également, dans le même ordre d'idées, que la religion se donne pour but de lutter contre la violence. Dans le Judaïsme ancien, l'exclusion rituelle de la violence s'effectuait à travers la pratique du bouc-émissaire. Lors d'une cérémonie publique, on chargeait symboliquement le bouc de tous les péchés de la communauté et on l'envoyait mourir dans le désert. Il y a un paradoxe à utiliser la violence dans le but de l'éliminer. Pour que le processus fonctionne, il faut que le peuple croit que le bouc est le responsable. C'est ce qu'on appelle la mystification.
N'oublions pas non plus que la plupart des religions imposent des rites et des interdits alimentaires. Et si ces derniers avaient pour fonction d'établir une séparation entre profane et sacré sachant que le respect du sacré serait bénéfique à la communauté et la rassemblerait ? L'ensemble des prescription rituelles relative aux interdits alimentaires se trouve dans le livre des Lois. Il y a aussi des interdits sexuels qui visent à organiser de manière très stricte la vie de la communauté. Il s'agit d'une organisation volontaire de tous les aspects de la vie de l'homme qui servent de moyens mnémotechniques : ces interdits servent à se souvenir que l'homme appartient à Dieu dans tous les aspects de sa vie. Il n'est pas une bête sans conscience mais une créature faite pour entrer en relation avec Dieu. Les interdits compliquent la vie humaine pour marquer la différence entre l'homme biologique, profane, et l'homme appartenant à une communauté de croyants. D'autre part, le symbolisme du rite est de se souvenir qu'il faut tendre vers l'union, exclure la violence.
La religion peut-être perçue comme un facteur utile d’organisation de la société. Toutefois, certains arguments sont à considérer avant d’affirmer quoi que ce soit . Car plus qu’inutile, la religion peut se révéler nocive à l’ordre de notre société. En premier lieu, nous remarquons que pour être un facteur de cohésion accompli, il faudrait qu’au sein d’une société ou d’un état, l’ensemble des individus partagent les mêmes croyances. Les guerres de religion, les persécutions des minorités religieuses, autant de raison pour que la religion joue plutôt un rôle dissolvant. En ce sens, il serait tout aussi nécessaire d’établir une religion d’état, imposée, où le pouvoir public se confondrait au pouvoir religieux.
De plus, la religion produit évidemment une force qui divise en excluant ceux qui n'appartiennent pas à cette communauté, en s'excluant elle-même des autres. Dans nos sociétés contemporaines on constate par exemple que de nombreuses sectes s'excluent et se mettent en marge de la société. Or toute religion débute par un état sectaire ou celle-ci est largement minoritaire. Dans cette mesure on peut considérer que le pouvoir associatif de la religion s'effectue en partie et souvent uniquement sur ses adeptes.
Ne peut-on considérer cependant que la religion serait comme un désir qui pourrait conduire à une illusion ? Sigmund Freud, fondateur de la psychanalyse, considère, dans L'avenir d'une illusion, que la religion est une névrose, une forme de paranoïa : elle consiste à déformer les aspects insupportables du monde (solitude de l'homme, mort certaine, etc.) pour rendre celui-ci supportable. La religion serait une manière de réaliser nos désirs d'enfants. Dieu serait un père imaginaire et idéalisé pour consoler l'homme de sa solitude. Bref, la religion serait une illusion, au sens strict de Freud : c'est-à-dire non pas une erreur (l'illusion n'est pas nécessairement fausse), mais une croyance qui procède d'un désir : on ne croit pas en Dieu parce que cela semble vrai, on y croit parce qu'on aimerait qu'il existe.
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