La parole est-elle transformation du réel?
Dissertation : La parole est-elle transformation du réel?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Baptiste Debaeke • 27 Septembre 2017 • Dissertation • 2 122 Mots (9 Pages) • 1 380 Vues
Dissertation philosophique
« Je ne trouve pas les mots », « les mots me manquent », on a tous déjà expérimenté ces situations où on a l’impression que le langage ne nous permet pas d’exprimer ce que l’on ressent. On tâtonne, on essaye quelques mots, puis on abandonne, en se reprochant à nous-même l’insuffisance de notre vocabulaire. Mais on se demande également si peut-être nous ne serions pas les seuls responsables de cet échec, si au contraire le langage pourrait présenter des lacunes qui ne lui permettrait pas d’exprimer parfaitement le réel. En effet, le langage peut-il correspondre à une réalité qui est souvent unique, alors qu’un mot peut désigner des milliers de choses à la fois? Abandonnerait-on alors la singularité du réel au profit de termes plus généraux? Et le langage ne nous éloignerait-il pas du réel et de la vérité si tel était le cas? En somme, la parole est-elle transformation du réel?
La vérité est l’adéquation entre ce que l’on dit et une chose extérieure à l’esprit humain. Une vérité est donc établie lorsque une utilisation des mots correspond adéquatement avec une certaine chose. Une transformation du réel par la parole implique quant à elle une trahison de la vérité. La parole est en effet l’acte individuel, par lequel s’effectue la fonction linguistique. Si j’appelle un chat « un chien », aucune vérité n’est établie entre ce que je dis et le réel. Il donc est difficile de s’imaginer qu’on puisse transformer le réel, lui donner un autre sens, par des mots. Si le langage éloignerait vraiment l’homme de la réalité et de la vérité, comme c’est le cas lors d’une transformation du réel par la parole, ces deux notions n’existeraient plus par les mots. Elles seraient donc sans noms. Or comment être assuré de l’existence d’une chose telle que la réalité si elle est ne peut pas être nommée? La réalité est une idée abstraite, propre à l’homme, n’existant pas dans le monde sensible. Elle n’existe que par les mots, il est impossible de s’imaginer l’idée de réalité sans eux. Ce serait alors un paradoxe de dire que le langage trahirait une réalité, qui n’existerait que par le langage. En effet, si le langage transformerait la réalité, cette dernière serait alors une réalité « transformée », donc le langage qui produirait une « réalité transformée » aurait dit la vérité donc cette dernière ne serait pas « transformée » et ainsi de suite. C’est en fait le paradoxe du menteur qui annonce « je dis la vérité », si c’est vrai il n’est plus un menteur mais si c’est faux il dit la vérité, deux cas de figures toujours impossible. De plus, le langage a permis de différencier la réalité, rendant possible son expression. Une appellation isole une chose et nous la rend visible. En opposant des mots, on a réussi à nommer toutes les choses du monde qui nous est accessible par les sens. Un enfant va apprendre la vérité en sachant différencier un albatros d’une mouette par exemple. Le langage est donc primordial dans l’apprentissage de la vérité, car connaitre les noms, c’est connaitre les choses. Pour toutes ces raisons il devient évident que le langage est un outil indispensable dans l’existence du réel et de la vérité Mais justement le langage n’est qu’un outil qui sert à désigner le réel. Et un outil peut-être plus ou moins bien utilisé. Il existe d’innombrables mauvais usages du langage où celui-devient une entrave à l’expression du réel. On peut se servir du langage pour dominer, par exemple. Les sophistes de la Grèce Antique se vantaient de pouvoir persuader leurs auditoires de deux opinions radicalement opposées. Certaines personnes reprochent également un manque de vocabulaire du langage qui alors ne pourrait pas tout désigner. En réalité le langage est assez souple et riche pour établir une correspondance entre nous et la réalité. Il ne s’agit pas non plus d’imputer la fautes au manque de lexique de certaines personnes mais il faudrait plutôt considérer le langage comme un outil avec lequel on construirait un pont vers le réel. Le langage ne serait alors pas responsable si le pont s’écroulait, on l’aurait alors juste mal utilisé. De plus, si lors de ces utilisations du langage le but qu’est l’expression du réel n’est pas atteint, il n’en demeure pas moins qu’il est possible d’utiliser le langage de la bonne manière. En ce sens, on a donc le choix de transformer ou non la réalité par le langage. On peut donc affirmer que le langage nous rapproche de la vérité et de la réalité, car nous en avons le pouvoir. Mais il ne faut pas voir dans le langage une simple représentation du réel. Si le langage peut-être considéré comme un pont entre nous et le réel, il s’agit également d’un intermédiaire entre deux mondes bien distincts. Le monde intelligible, celui des idées abstraites, et le monde sensible qui nous est accessible par les sens. Lorsque l’on concrétise une pensée par le langage, on l’inscrit pour toujours dans le monde des idées. Le fait de l’exprimer permets à cette pensée de s’élever au dessus du monde sensible. Quand je dis « cette peinture est belle », la chose concrète qu’est cette peinture se trouve transportée dans le monde des idées, et reste inchangée une fois là-bas. On a donc permis de concrétiser le réel dans le monde des idées, et lui donner une réalité inchangée, grâce à la parole. De plus la parole est puissante. S’il existe le langage propre, il ne faut pas oublier le langage figuré. Chaque parole est unique, elle porte les sentiments d’un individu. Les mots visent à exprimer le réel, ils sont donc révélateur. Et les métaphores, lapsus et autres tournures de langages expriment souvent une réalité plus profonde unique à chaque individu. Le mot « Dialogue » est formé des mots grecs dia, « à travers » et logos, « parole ». Le dialogue n’est ainsi pas uniquement un échange d’informations utiles, il permet d’accéder à la
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