La Rigueur Scientifique impose-t-elle de nier l'Évidence ?
Dissertation : La Rigueur Scientifique impose-t-elle de nier l'Évidence ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar blanche78 • 27 Janvier 2023 • Dissertation • 2 658 Mots (11 Pages) • 279 Vues
La Rigueur Scientifique impose-t-elle de nier l'Évidence ?
La science à une force quasi dogmatique; en effet, elle est représentée à l’échelle
internationale par des groupements de savants dont la parole s’impose à chacun. Ainsi,
le rapport de la rigueur scientifique à l’évidence pose question à toutes les échelles,
puisque ce rapport pourrait s’imposer aux scientifiques, aux individus et aux
institutions. Imposer c’est faire acte d’autorité de sorte à dicter des comportements. Or,
la rigueur est la constituante principale et définissante de ce qu’on appelle science : si
la science porte une valeur indubitable c’est bien parce qu'elle respecte une méthode
rigoureuse qui l’éloigne de l’erreur. Il est logique d’affirmer que dès lors qu’il y a
application de la rigueur scientifique, il y a résultat scientifique et donc constitution
d’une science comme ensemble de connaissances. Dans ce mouvement de constitution
d’une science par la rigueur scientifique deux questions apparaissent nettement : si la
science se constitue alors, quel est le critère permettant de faire d’une proposition, une
vérité scientifique ? De plus, si la science applique une méthode scrupuleuse, quel
principe premier retient-elle pour fonder son raisonnement ? Puisque rien dans la
chose étudiée ne semble manifester sa réalité, c’est dans la chose perçue et conçue par
l’esprit qu’il faut chercher ces fondements et critères. Nous pouvons ainsi introduire le
concept d’évidence : le scientifique qui applique la démarche scientifique à ses
propositions cherche l’évidence dans l’objet, soit l’idée claire et distincte, l’idée
indubitable qui ferait apparaître l’adéquation entre le raisonnement et la réalité. Il
positionne ainsi l’évidence comme critère de vérité.
Mais si l’évidence est acceptée comme critère de vérité interne à la rigueur
scientifique alors, n’est-elle pas aussi facteur de simplification purement logique des
vérités ? L'évidence ne serait-elle pas davantage une apparence de vrai, relative à
certains critères, qu’une vérité en soi ? L’évidence ne semble-t-elle pas se révéler
comme vraisemblance? De plus, le monopole du vrai accordé à l’évidence peut
apparaître comme un choix, une prétention du sujet sur son raisonnement : la dureté
du raisonnement garantirait au résultat l’accès au réel et aux choses en soi. Enfin,
l’évidence se construit et n’est pas figée, dans ce sens, l’évidence ne peut-être
accréditée par la rigueur scientifique au risque de se transformer en certitude figée,
frein de la recherche scientifique.
Soit la rigueur scientifique s’appuie sur l’évidence et ne peut exiger son rejet
dans le raisonnement scientifique car elle voit en l’évidence la marque et la
manifestation de la réalité des choses. Mais alors, de quel moyen dispose le scientifique
pour affirmer l’adéquation entre l’évidence de l’objet, soit celle de l’idée conçue dans
son esprit, et l’évidence de la chose et dépasser la simple évidence vraisemblable ?
Comment s’assurer que la rigueur scientifique ne cède pas face à des évidences
simplificatrices ?
Soit la rigueur scientifique impose de nier l’évidence puisque considérer cette
dernière dans la constitution de la science met en péril l’objectivité des certitudes
scientifiques, amène à des obstacles épistémologiques et tend vers la simplification des
concepts scientifiques. Mais alors, comment se manifeste l’adéquation entre
proposition scientifique et réalité ? L’évidence est-elle toujours à rejeter ? N’y a-t-il pas
des domaines où l’évidence échappe à la censure de la rigueur scientifique ?
La rigueur scientifique impose-t-elle de nier l’évidence ?
Nous considérerons d’abord l’évidence comme une intuition nécessaire à la
rigueur scientifique, puis, l’évidence comme une prétention dangereuse que la rigueur
scientifique se doit de nier. Enfin, nous verrons dans quelle mesure la science doit être
consciente de sa limite face au vrai et ainsi ne pas nier l’évidence mais la hiérarchiser.
L’évidence fait partie de la science et ne peut être rejetée par la rigueur
scientifique : elle est la manifestation de la vérité et le point de départ de la constitution
scientifique.
Pour concevoir une science capable d’exprimer des certitudes, il est nécessaire
de s’appuyer sur des fondements certains. Or, nos opinions se mêlent à nos
connaissances et nous ne disposons d’aucun critère pour distinguer les unes des
autres. Trouver un fondement certain parmi ces idées troubles passe nécessairement
par une remise en question de toutes nos idées; cette remise en question nous amène à
conserver seules les certitudes dont l’idée se
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