HANNAH ARENDT
Commentaire d'oeuvre : HANNAH ARENDT. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jioy • 11 Mars 2020 • Commentaire d'oeuvre • 1 544 Mots (7 Pages) • 779 Vues
Dans cet extrait de la Condition de l’homme moderne, Hannah Arendt mène une réflexion sur l’avènement de l’automatisation menant possiblement à la libération de l’homme de son devoir le plus fondamental depuis la nuit des temps : le travail. Cette libération se définit par la suppression du travail désigné comme une contrainte. Nous avons souvent tendance, en tant qu’homme moderne, à penser que vivre, c’est travailler, or ce ne fut pas toujours le cas. En effet, nous pouvons nous en apercevoir par l’étymologie latine du terme travail : tripalium qui signifie instrument de torture. L’époque moderne, grâce à ses nombreux progrès techniques, facilite le travail de l’homme et laisse espérer sa possible disparition. Cependant, cela mène à des contradictions. Hannah Arendt, avec cet extrait, expose le problème de savoir si l’automatisation du travail conduira à la réalisation de l’affranchissement de l’homme face au travail ou au contraire si elle nous mènera à ce qu’appelle Arendt le pire. Face à cette problématique Hannah Arendt soutient que l’automatisation du travail n’est pas la solution et qu’elle peut conduire à un véritable bouleversement. Sa thèse se divise en trois parties. Tout d’abord, Arendt énonce l’espoir de la libération du travail, espoir que l’on peut qualifier de vision utopique pour diverses raisons, en le mettant en parallèle avec des aspirations antiques. Puis elle révèle le contraste entre la vision antique et moderne du travail. Enfin, elle termine en montrant la contradiction de vouloir rayer le travail dans une société qui le généralise et le soutient.
La thèse d’Hannah Arendt commence par présenter l’automatisation comme une libération. Nous comprenons que les machines remplacent les travailleurs, les libérant de leur « fardeau le plus ancien et le plus naturel, le fardeau du travail ». Ces machines ont pour but de faciliter les tâches du travailleur, réduire ses efforts, voire le remplacer. Nous pouvons prendre pour exemple l’évolution de l’agriculture qui substitue le travail de l’homme par des machines telles que les tracteurs ou la moissonneuse batteuse. Le travail des champs est un labeur des plus difficiles et fatigants. Il est donc compréhensible de vouloir s’en débarrasser et de considérer l’automatisation comme une libération. Ainsi la possibilité d’une fin du travail semble vraisemblable. Nous pouvons, de nos jours imaginer un monde dans lequel le travail est assurée par des machines. Plus besoin de fournir des efforts pour produire les vêtements, la nourriture, la boisson, les maisons, ni même les autres biens de consommation. Il devient même possible d’envisager le fait que la robotique vienne à prendre des décisions simples par elle-même grâce aux nouvelles technologies qui se développent rapidement . Dès lors, les chaînes de production en perpétuelle évolution remplaceront dans les années à venir les travaux artisanaux voués à disparaître. En définitive, l’homme assouvira ses besoins sans se fatiguer, il se libérera alors de « l’asservissement à la nécessité », « des peines du labeurs ».
Hannah Arendt précise tout de même que cette vision n’est pas une caractéristique de l’époque moderne, elle est ancrée dans un contexte historique antique. L’homme ne fait perpétuer un des rêves les plus anciens de l’humanité, celui de retrouver le jardin d’abondance. Depuis de nombreux siècles le travail nous ramène à la pénibilité de l’effort et à la souffrance. Il fut d’abord considéré comme l’esclavage de l’homme par la nature. L’homme est un être de besoin. Ces besoins sont multiples et pour y répondre il lui faut travailler. Mais le besoin est un manque constant, il n’est satisfait qu’un temps et exige la répétition. En ce sens, le besoin relève de la nécessité. Travailler, c’est alors subvenir à ses besoins, modifier la nature pour l’adapter à ses besoins et fournir l’effort nécessaire pour survivre ainsi qu’évoluer. Sans le travail, l’homme ne satisfait plus ses besoins vitaux et par conséquent il meurt. C’est par son éternel recommencement et par la soumission de l’homme face à sa nature et la nature que le travail est synonyme de fardeau. De même, le travail fut considéré comme une malédiction par son lien avec la souffrance racontée dans le livre III de la Genèse, lorsque que Dieu condamne Adam à gagner son pain « à la sueur de son visage ». Le travail est un châtiment divin qui sort l’homme du paradis où il n’avait aucunement besoin de travailler. Nous pouvons alors comprendre la vision utopique d’un monde sans travail grâce à l’automatisation du travail, due à la technique qui devient le moyen de se débarrasser de la nécessité du travail. L’homme voit à travers l’automatisation la liberté. Cependant, cette vision est renversée lors du passage à l’époque moderne qui qualifie le travail comme richesse. Ce reversement signifie-t-il que la disparition du travail
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