Faut-il distinguer l’art et la technique ?
Cours : Faut-il distinguer l’art et la technique ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mama2402 • 15 Avril 2018 • Cours • 6 669 Mots (27 Pages) • 1 473 Vues
L’art
Faut-il distinguer l’art et la technique ?
Présupposés de la question :
S’il faut distinguer l’art et la technique, cela laisse entendre que l’art et la technique sont deux domaines différents qui ne se recouvrent pas donc il y aurait des critères de distinction à définir. Quand on les considère comme identique, on a tort. S’il ne faut pas distinguer l’art et la technique, cela signifie que c’est la même chose, un même domaine, ils se recouvrent ou peut-être l’un engloberait l’autre.
Définition des termes :
Falloir :
C’est un besoin, une nécessité ce qui ne peut pas ne pas être, ou c’est un devoir.
Distinguer :
Séparer, différencier voire opposer, en tout cas pointer ce qui fait la spécificité de la chose. Le contraire serait assembler, rapprocher même au point de les confondre, c’est une même réalité. Distinguer, c’est aussi mettre en avant par rapport aux autres, il a été reconnu comme différent des semblables pour être remarqué, d’ailleurs, une distinction est un prix. Quelqu’un de très distingué a une connotation de classe, il y a une potentielle hiérarchie dans le verbe distinguer, faut-il considérer que l’un aurait plus de valeur que l’autre ?
La technique :
L’ensemble des moyens, savoir-faire, outils, machines, production destinées à servir, à attendre le plus efficacement possible le but que l’on se donne. Cela renvoi à la fois aux objets technique et à la production technique. Les outils se définissent par leur fonction et leur utilité.
L’art :
Ars, artis est la traduction du grec technè cela désigne la production de l’artisan et son savoir-faire. Le domaine artistique : l’œuvre de l’artiste et non plus de l’artisan où l’utilité n’est pas le but recherché de l’œuvre, l’art de l’artiste qui signifie l’œuvre d’art, l’ensemble des productions d’un artiste et l’ensemble des effets que produisent les œuvres et l’utilité n’est en rien l’objectif recherché. Par ailleurs, l’œuvre d’art est censé avoir une valeur esthétique (désigne ce qui est jugé, concerne le beau mais l’esthétique). Le jugement esthétique est la réflexion sur le beau et l’art qui décide soit de la beauté, soit de la valeur d’une œuvre. L’art est le domaine de l’artiste c’est à dire à la fois les productions, les œuvres, leurs valeurs artistiques et esthétique et le jugement que l’on porte dessus. L’œuvre d’art est donc censé avoir une valeur en soi, l’artiste se distingue de l’artisan en ce sens.
Problématisation :
S’il faut distinguer l’art de la technique cela signifierait que l’ensemble des productions techniques, les savoir-faire non seulement ne serait pas semblable aux œuvres d’art, le travail de l’artiste différerait du travail de l’artisan, mais en plus, il faudrait les distinguer, on ne devrait pas les confondre. Il y aurait donc des critères net de distinction et peut-être même que l’un aurait plus de valeur que l’autre. Cependant, comment comprendre l’étymologie commune, comment comprendre les domaines qui allient art et technique (design), comment expliquer l’influence du développement technique sur les œuvres artistique ? D’un autre côté, si on confond l’art et la technique, si c’est inutile de les distinguer cela signifierait que l’un recouvre l’autre ou que l’un n’est jamais que le prolongement de l’autre. Pourtant, le but utilitaire de la technique est loin d’être celui de l’artiste. Pourquoi continue-t-on à attribuer à l’œuvre d’art une valeur symbolique valorisante que l’on n’attribue pas à la production technique.
Enjeux :
L’essence même de l’œuvre d’art, sa définition et sa valeur.
Plan :
Nous allons nous demander ce qu’il y a de commun et pourquoi, dans un deuxième temps, nous verrons ce qui fait le propre d’une œuvre d’art et enfin, nous nous interrogerons sur le sens de la question, la valeur de l’œuvre d’art.
Pourquoi et dans quelle mesure pourrait-on être amené à les confondre ? En quoi il peut y avoir des points communs qui rendrait la distinction difficile et en quoi il y a confusion de fait ?
Ce qu’il y a de commun indéniablement est que les œuvres d’art comme les œuvres de la technique sont des œuvres de l’art. Art et technique sont du côté de l’artifice.
On retrouve cette idée quand Aristote distingue les produits de la nature des produits artificiels. Pour Aristote, est naturel ce qui a en soi le principe et la cause de son existence par essence et non par accident. Cela signifie que ce qui est naturel est une chose qui a en elle-même ce qui l’a fait se développer. Si le gland est un chêne en puissance, c’est parce que le gland a déjà en lui naturellement ce qui le fera le devenir chêne et par essence et non par accident (plus ou moins par hasard). La nature chez Aristote est un principe actif dans les choses. Donc par opposition, tout le reste est ce qu’on peut qualifier d’artificiel, c’est fabriqué, ce qui a sa cause en dehors de lui-même, ce qui est de l’ordre de la production humaine. Il y a deux types d’actions : l’action qui est d’ordre de la fabrication, de la production (poïesis et poièm, désigne une action qui est d’ordre de la production, agir au sens de produire ≠ praxem et praxis signifie agir au sens d’accomplir une action). On voit bien que qu’il s’agisse d’un tableau peint ou d’une fresque peinte qui orne le mur de la villa d’un athénien ou qu’il s’agisse du vase fabriqué par le potier, dans les deux cas, il s’agit bien d’une production humaine, en cela, artificielle, qui est de l’ordre de la « poïesis » par opposition à une réalité naturelle.
On peut voir que ce qu’on appelle œuvre d’art, au même titre que ce qui est produit par le savoir-faire technique, ce qui est produit artisanal ou objet technique sont similaire par opposition à une réalité naturelle. C’est pour cela que dans les deux cas, on a à faire à des œuvres de l’art, artificielles. On voit bien que la cause de l’œuvre produite par l’homme est en dehors de l’œuvre par opposition aux productions
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