Etienne Klein, « Le goût du vrai »
Analyse sectorielle : Etienne Klein, « Le goût du vrai ». Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar fefedelamuerte • 17 Novembre 2022 • Analyse sectorielle • 2 362 Mots (10 Pages) • 606 Vues
Etienne Klein, « Le goût du vrai »
1. D’après l’auteur, quels sont les 4 biais « qui peuvent troubler les esprits » ? « La science, c’est penser contre son cerveau. » (Bachelard) Que signifie cette citation en lien avec les 4 biais cognitifs qui précèdent ? (pp. 4-8)
- 4 biais cognitifs : - 1) Nous avons tendance à croire les thèses qui nous plaisent, qui nous arrangent. 2) L’autorité que nous accordons à certains nous fait gober tout ce qu’ils disent, sans faire usage de notre esprit critique. 3) Parler avec assurance de sujet dont on ne connaît pas. 4) Nous accordons trop de confiance à notre intuition personnelle, notre feeling, notre bon sens, lorsque nous émettons des avis sur des sujets scientifiques.
- Il veut dire par là que la science exige une analyse critique de nos idées, pensées. En effet, comme vu avec les 4 biais cognitifs ci-dessus, nous avons en nous des automatismes néfastes à une analyse objective et intelligente. Il nous faut donc nous ouvrir à d’autres pensées que la pensée immédiate, et ne pas avoir peur d’aller contre cette dernière, de la tester et de la contester.
2. « L’autopromotion de l’inculture » que signifie le titre de cette section (pp. 8-13) ? En quoi Trump est-il un parfait exemple de cette dérive ?
- Cela signifie répandre un avis non éclairé sur un sujet. En d’autres termes, parler haut et fort de choses dont on ne sait rien, pour essayer d’avoir l’air malin et convaincant.
- Selon lui, tous ceux qui réfléchissent, argumentent, hésitent, se trompent, perdent leur temps. Il est un adepte de l’instinct : il parle fort de sujets qu’il ne connaît pas et accorde à son intuition un crédit démesuré pour trancher sur des questions complexes.
3. K. Popper a écrit : « Les sciences procèdent à la coopération amicalement hostile de la communauté du savoir ». Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? (pp. 13-17). Comment, d’après l’auteur, une prise de décision politique devrait-elle dès lors considérer le discours scientifique ?
- Cela signifie que tout résultat scientifique doit être analysé par des pairs (d’autres scientifiques compétents dans le domaine concerné) pour pouvoir être habilité. « Amicalement hostile » car il y a une sorte de compétition entre scientifiques
- En temps de crises, deux temporalités : celle du politique -> prise de décision dans l’urgence et celle de la recherche -> peut éventuellement accélérer son processus de recherche mais pas s’affranchir d’un certain contrôle qualité minimum. Les politiciens devraient, selon l’auteur, tenir compte de ce que les scientifiques savent mais aussi de ce qu’ils ne savent pas. En résumé, la science est là pour éclairer la politique, afin que les décisions prises soient les meilleures possibles, mais sans jamais la remplacer non plus : c’est à la politique seule de prendre les décisions et de les annoncer (et donc de les assumer).
4. Qu’est-ce que l’effet Dunning-Kruger ? (pp. 17-19). Selon le philosophe Bernard Williams, deux sortes de défiance dans les sociétés postmodernes expliquent l’effet Dunning-Kruger. Lesquelles ?
- L’effet Dunning-Kruger a deux dimensions : d’une part, il nous dit que pour mesurer son incompétence, il faut être compétent. En effet, il est une preuve d’intelligence que d’arriver à se remettre en question, là où les gens incompétents ne doutent pas de ce qu’ils avancent. D’autre part, l’ignorance rend plus sûr de soi que la connaissance. Là encore, la connaissance nous fait nous rendre compte de la complexité et de la profondeur des choses, de la relativité et de leurs multiples dimensions. Ce n’est qu’en travaillant sur cette question, en s’informant qu’on devient plus compétents, mais avec de la prudence.
- L’attachement à la véracité & la défiance vis-à-vis de la vérité. L’attachement à la véracité, car on se veut pas se laisser tromper, nous voulons connaître les intentions réelles de chacun (politiques par exemple), voir clair dans leur jeu sans se faire duper. La défiance à l’égard de la véracité, car nous savons à quel point la vérité est subjective, relative selon les positions et les points de vue, changeante, temporaire… Ces deux attitudes opposées fonctionnent néanmoins bien ensemble : le fait que l’on tende toujours vers l’accès à la vérité installe une méfiance et donc une posture critique, qui fait que s’il n’y a pas de vérités établies, il y a au moins des contre-vérités démontrées.
5. Quelle idée illustre la citation de Nietzsche suivante (pp. 19-23) : « Le goût du vrai va disparaître à mesure qu’il garantira moins de plaisir » (Humain, trop humain, 1878) ? Quelle conséquence en résultera par rapport à la perception du discours scientifique ?
- Cette citation illustre l’idée du premier biais de pensée : nous préférons croire aux thèses qui nous plaisent. Ici, Nietzsche nous dit que la science nous apporte de moins en moins (voire plus du tout) de plaisir (exemple des tables de multiplication). C’est donc les « sciences » autres (religion, art) qui prendront le dessus et nous feront dans l’illusion.
- La perception du discours scientifique en fera les dramatiques conséquences : pas pris au sérieux, les scientifiques commenceront probablement à vouloir changer leur approche pour recevoir plus de reconnaissance du public (eux aussi sont humains). Cela ne fera que desservir la vérité au sens large et mènera à un cercle vicieux de la désinformation.
6. Qu’est-ce que le concept de « post-vérité » (Trump) ? Quel risque ce phénomène peut-il engendrer pour la démocratie ? (pp. 23-27)
- Le concept de post-vérité est l’idée de ne même plus vouloir entendre la vérité, par peur d’elle. Le peuple décide librement de vivre dans un monde où il est protégé de la (dure) vérité mais par conséquent privé de critères par lesquels il peut évaluer et donc comprendre les choses. Ce qui est banal devient bien, faute de pouvoir établir un avis critique.
- Le risque est évidemment de mener une existence « à côté de la plaque », et donc par extension mener le monde à sa perte (écologiquement et humainement). Exemple flagrant avec Trump qui ne prend aucunement en compte les menaces écologiques et mise tout sur une économie industrielle polluante. Au grand damn de l’humanité.
7. Expliquez cette contradiction entre une science qui incarne la froide objectivité et le plaisir intellectuel à trouver et à comprendre qu’éprouvent généralement les scientifiques ? Comment, d’après l’auteur, les scientifiques pourraient-ils sortir de cette apparente contradiction ? (pp. 27-29)
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