Est-il possible et souhaitable d'écrire l'histoire ?

Est-il possible et souhaitable « d’écrire l’histoire »

L’histoire est une science humaine qui a pour but d’établir une connaissance du passé. L’historien, pour construire son travail de recherche, va rassembler des informations issues d’archives, qui témoignent d’une mémoire humaine. A priori, il semble possible d’établir une histoire la plus objective possible, si l’historien s’appuie sur une grande diversité de sources fiables. De plus, figer l’histoire par écrit permet d’avoir un regard critique sur le passé, et prévient certaines crises en mettant en évidence les erreurs antérieures. Néanmoins, l’histoire est une science humaine, c’est-à-dire qu’elle est soumise à la fois à la globalité du fait humain qui rend difficile la procuration d’archives totalement fiables, et à la subjectivité de celui qui la retranscrit.  La possibilité d’établir une connaissance historique semble ainsi compromise voire peu souhaitable, car elle pourrait être utilisé à mauvais escient.

Est-il possible et souhaitable « d’écrire l’histoire ? »

Tout d’abord, on peut considérer qu’écrire l’histoire est possible grâce à un travail de recherche, mais aussi souhaitable pour le futur.

                   En rassemblant les sources les plus diverses et les plus sûres, il est possible d’établir une histoire objective qui se rapprocherait d’une « science historique ». En effet, le travail méticuleux de l’historien, qui vérifie et compare ses sources, peut permettre d’établir une vérité historique qui s’applique à chacun. Le travail est d’autant plus fiable que les sources sont variées. De plus, il est possible d’objectiver davantage l’histoire en sélectionnant des données absolument certaines. Ainsi, dans son Histoire du climat depuis l’an Mil, l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie s’intéresse à l’étude du climat et la façon dont celui-ci influence les grandes crises de subsistances de l’histoire. A partir d’un protocole strict, il est possible d’établir un lien de causalité entre les fluctuations des petits âges glaciaires et l’apparition de famines. L’histoire se rapproche alors beaucoup d’une science basée sur une conception de lois.

                   De surcroît, il est souhaitable « d’écrire l’histoire » car l’écrit fixe la pensée et le temps présent. Bien qu’il puisse présenter une version de l’histoire dépendante de la disposition d’esprit de celui qu’il l’a écrit et de l’impression du moment présent, l’écrit va traverser le temps et permettre une étude plus critique de l’histoire de la part de l’historien. En effet, celui-ci va émettre une réflexion sur le passé en étant détaché de celui-ci, il peut prendre du recul par rapport à ce qu’il lit contrairement à celui qui a écrit sur l’instant. Dans ses Leçons sur la philosophie de l’histoire, Hegel avance que l’histoire objective et durable commence avec les écrits, qui rendent possible la constitution d’archives. Ainsi, l’écriture diffère de la parole, qui est inscrite dans un temps présent et vivant, et ne permet pas un retour critique suffisant de la part de celui qui s’exprime.

                   Enfin, en faisant de l’histoire une connaissance historique, il est possible certes de mieux comprendre le passé, mais surtout de comprendre le présent et de préparer l’avenir. L’histoire peut être considérée comme une vaste leçon qui permet d’apprécier l’intégralité du comportement humain. Il est ainsi souhaitable de connaître l’histoire pour s’assurer une évolution positive, et permettre toujours plus de progrès. Dans ses Leçons sur la philosophie de l’histoire, Hegel stipule que l’histoire, comme toute chose, évolue dans un sens déterminé. Le sens de l’histoire est celui du progrès constant de la raison. La raison triomphe toujours, même lorsque les hommes agissent de manière irrationnelle, c’est une instance puissante. En considérant ces propos, on peut alors avancer que puisque la raison est le propre de l’histoire, il faut toujours « écrire l’histoire » pour en avoir la connaissance, et ainsi prendre en considération cette connaissance pour évoluer.

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