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Dura lex, Sed lex

Dissertation : Dura lex, Sed lex. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Octobre 2021  •  Dissertation  •  5 976 Mots (24 Pages)  •  502 Vues

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DURA LEX, SED LEX

MATIS COCHARD T€3 – JEUDI 15 AVRIL

La société, cette sommation de relations entre groupes individualisés, se trouvant être fondement d’humanité, ne peut subsister sans la cohésion et l’adhérence de ses membres. Ainsi, les piliers qui la soutiennent sont l’essence de notre être et l’objet de cette étude. La loi, le droit, cet enjeu fondateur ne pouvant exister ailleurs qu’en collectivité, instaure cadre et règles, réelle promesse de sérénité, et s’inscrit alors comme essentialité. Ce premier pilier vit au dépend du second : le juste, cette recherche perpétuelle d’une communauté utopique, perfection inspirant au peuple la limite de sa soumission, objectif sans lequel le sens même de société perd tout repère, devenant alors l’aveugle sans canne, barque embrumée sans phare.

Si la loi assure stabilité et sérénité à la société, alors accepter et suivre la loi se veut essentiel. Malgré son éventuelle dureté, annihiler la loi revient à prôner l’anarchisme, antipode d’humanité viable. Ainsi, l’essence même de notre être, caractérisé d’animal politique par Aristote, a besoin de loi, ne peut s’y dérober sans conséquence, risquant d’instaurer instabilité et destruction.

Cependant, il nous apparait évident que si la loi est essentielle, si le droit est élémentaire, son contenu est en perpétuelle évolution. L’Homme ne peut être sans un certain nombre de droits qui lui sont dus, dits droits naturels, ainsi quand la loi se dresse en obstacle de ces droits, alors une obéissance aveugle devient conflictuelle. Nous perdrions dans ce cas tout l’objectif de cheminement vers une société plus parfaite encore, et la vertu de justice deviendrait dès lors le masque du conformisme. Ainsi, s’il ne peut y avoir liberté sans loi, liberté implique possibilité de modification de cette loi. De ce fait, le respect de la loi ne peut se faire au dépend de la recherche du juste. Il faut ainsi suivre la loi tout en restant conscient de sa justesse.

Ainsi si la loi est dure, doit on la suivre quoi qu’il en coute puisque garantissant la stabilité de la société, comme le veut la phrase latine Dura lex, sed lex ?

Il s’agira pour nous de comprendre les divers facteurs qui assurent non seulement la stabilité de la société mais aussi l’épanouissement de l’Homme dans la justice, deux facteurs inhérents à son essence. Il nous faudra démêler toute la complexité du paradoxe qui s’offre à nous comme étant primordial à la démocratie : suivre la loi est essentiel, mais suivre une loi injuste ne peut être compatible avec humanité consciente. Alors la recherche du juste prime sur une obéissance aveugle à la loi, alors la modification de la loi doit pouvoir être possible pour assurer son respect.  Ainsi suivre la loi est essentiel, mais la suivre en toute circonstance ne peut être viable sans justice parfaite – utopie insaisissable dans une société fondamentalement inégalitaire – d’où la  grande complexité naissant ici, à la recherche de la limite de l’acceptable entre raison et équilibre.

        Grand rêve d’enfant, un monde sans loi, sans obligation, apparait à premier abord comme une sorte d’utopie, un monde merveilleux sans limites, hormis celles fixées par notre imagination. Cependant, si l’absence de loi était en réalité la clé du bonheur, il est bien évident que cette étude prendrait dès lors fin et la question aborderait une idée invraisemblable. Mais alors pourquoi la loi est tant primordiale ? En quoi ne pas la suivre – qui n’a jamais fauté ? – est si grave, et peut être source d’instabilité ? Aristote se penche sur la question dans son ouvrage La Politique entre 384 et 322 avant notre ère, et en arrive par sa démonstration à plusieurs conclusions. En effet, il semble que l’Homme soit prompt à démontrer sa grégarité à de nombreux égards, c’est-à-dire que son fonctionnement repose sur le mimétisme et la passivité. Hors l’Homme ne peut se réaliser pleinement dans la passivité, dans l’inconscience. Ainsi tout l’enjeu de la politique est d’assurer la métamorphose du petit animal grégaire en un individu indépendant, autonome et libre. Ainsi l’adulte est celui qui se réalise pleinement. Cette transition, cette véritable métamorphose ovidienne de l’animal en Homme, bien que moins visuellement frappante que celle qui heurta Narcisse, est la garanti de notre liberté psychique, et par extension physique. Sans un tel procédé les mots que j’écris ne pourraient être lus ni même écrits, la question dont je découds ne seraient ni pensée ni posée ; soumission serait norme, l’animal grégaire esclave de l’Homme accomplit. Ainsi assurer la métamorphose revient à garantir l’existence même de ce que nous appelons humanité, et s’inscrit alors en enjeu fondamental de la société. C’est ainsi que vous comprendrez où je veux en venir : à la société. Cet ensemble de relations entre groupements d’individus individualisés est le seul lieu où l’adulte peut être, sous certaines conditions. Ainsi la cité, territoire où l’Homme habite, désigne selon Aristote le lieu de l’organisation de la vie en commun, le lieu de l’exercice du pouvoir, le lieu où société peut exister. Cette cité désigne la forme de vie politique nécessaire à l’accomplissement de la vie humaine. Les individus que nous sommes ne peuvent donc que se réaliser ensemble. Ainsi les sociétés sont des touts dans lesquels les individus doivent se libérer. Ainsi la politique est d’abord l’organisation de la vie en commun, la distribution du pouvoir, la métamorphose à l’origine de l’humanité est l’exercice de la vie en société. La politique nous invite à réfléchir sur les conditions du bonheur, sur les conditions qui permettent d’assurer l’épanouissement de l’Homme sur les conditions qui assurent la viabilité de la société. Cependant, une société ne peut tenir sans un certain nombre de règles qui la régissent, instituant les rapports entre les individus, fixant la limite du juste, limitant les débordements, et essayant de tendre vers une égalité et une liberté pour tous. Ainsi qui ne suit pas la loi brise ce qui assure la stabilité de la société. Imaginez une tour d’allumette. Si une allumette tombe, non seulement elle va fragiliser la structure entière de la tour, mais elle risque en plus d’entrainer d’autres allumettes dans sa chute, déclenchant ainsi l’effondrement entier de l’édifice. Sans loi il ne saurait y avoir de sécurité, sans sécurité il n’y a pas de société. Sans loi il ne saurait y avoir d’égalité, sans égalité il n’y a pas de société. Sans loi il ne saurait y avoir de liberté. Sans liberté il n’y a pas d’humanité. Pensez à ce que serait la conduite sans code de la route. Cela serait l’équivalent d’un saut direct d’une falaise de quelques kilomètres de longs. La loi institutionnalise les règles pour tous et assure un cadre, vital à la société. Cette démonstration proposée par Aristote nous permet de comprendre clairement l’enjeu ici présent, bien plus enfoui que ce que l’on pourrait croire. La loi est absolument essentielle, puisqu’elle est pilier de société, son fondement même, or la société assure la métamorphose du petit animal grégaire que nous fûmes en un adulte épanouie et conscient ; l’être humain ne peut s’accomplir sans société. Vous comprendrez donc aisément que sans loi il n’y a pas d’accomplissement humain, sans loi nous sommes l’animal sans conscience, sans loi nous effaçons des millénaires d’histoire, arrachons à l’Homme une part de sa nature, sans loi nous laissons place à l’instabilité ou à l’animosité.

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