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Doit-on se passer du corps pour prendre conscience de notre existence ?

Dissertation : Doit-on se passer du corps pour prendre conscience de notre existence ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  1 Février 2020  •  Dissertation  •  1 640 Mots (7 Pages)  •  707 Vues

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        Dans Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche fustige les « contempteurs du corps », ainsi qu’il appelle les ascètes. L’ascétisme, la tendance à se détacher du corps pour accorder la priorité à l’esprit, compte de nombreux adeptes parmi les philosophes, comme Plotin et les néo-platoniciens par exemple.

        Dans le présent sujet, le « on » désigne le « je », l’esprit, la conscience, la substance abstraite qui nous compose, par opposition à la substance étendue, le corps, qui définit notre existence physique. Prendre conscience de son existence, c’est savoir que j’existe, ce que Descartes a exprimé par le « cogito ergo sum », « je pense donc je suis ». Exister se différencie de vivre. Vivre c’est subvenir à ses besoins vitaux, alors qu’exister demande de douter, de chercher une réponse au-delà des sens : exister c’est penser.

        Le sujet ci-présent implique que la conscience devrait se passer du corps pour prendre conscience de son existence, et donc entretenir un rapport négatif avec lui, le nier, l’ignorer. Cette thèse irait dans le sens de Descartes , pour qui la conscience est entièrement séparée des sens et qu’il convenait de se séparer de ceux-ci pour pour atteindre la vérité. Ainsi exprimé, la conscience doit-elle se séparer du corps ?

        Pourtant Rousseau prend le contre-pied de cette thèse en affirmant que la conscience est tout d’abord éveillée par les sens, qui dépendent du corps. Car comment la conscience pourrait-elle douter si elle n’a aucun sujet de doute ? La conscience ne dépendrait-elle pas du corps ?

        Enfin Spinoza offre une toute autre approche, en affirmant que la conscience et le corps n’ont ni un rapport de concomitance, ni de dépendance, mais d’identité. L’esprit et le corps étant pour lui « les deux faces d’une même pièce » ils sont indissociables. La question ne serait donc plus de savoir si le corps empêche la conscience de connaître son existence mais en quoi y contribue t-il.

        Ainsi formulé : la conscience doit-elle nier le corps ? La conscience ne dépend-t-elle pas du corps ? Le corps et l’esprit sont-ils séparables ?

        Nous nous devons de nier notre corps. En effet, les sens et toute res extensa sont trompeurs. Descartes le dit ainsi : « Jusqu’ici, tout ce que je tenais pour vrai, je le tenais de par l’intermédiaire de mes sens ; or j’ai éprouvé que ces mêmes sens pouvaient être trompeurs. » Dans sa quête de la vérité, Descartes nie toute existence, et, ce faisant découvre que l’on ne peut pas douter que d’une chose : notre propre existence. Car pour douter, il faut nécessairement être. L’existence , pour Descartes, est concomitante à la pensée, et l’on ne peut, comme il l’a expérimenté, prendre conscience de son existence qu’en se séparant des sens. Les sens sont un frein à la conscience, car puisqu’ils sont finis et contingents, ils restreignent la conscience, qui est une substance, source d’elle-même. « Je pense donc je suis » est ainsi recevable comme principe premier de l’existence, dans lequel le corps ne prend aucune part et est même un frein. De même, Plotin des siècles avant Descartes, énonçait déjà qu’il convient de maîtriser son corps, et que la contemplation, ainsi que l’introspection, est le seul moyen de se rapprocher de l’âme, qui permet d’accéder à l’intelligence, qui elle-même nous offre le Vrai. Il convient ainsi de maîtriser le corps, et de le dépasser, comme l’exprime Plotin dans ses Ennéades : « Reviens à toi-même et regarde. Si tu ne te vois pas encore toi-même beau, fais comme le sculpteur d’une statue qui doit devenir belle : il enlève, il gratte, il polit, il nettoie, jusqu’à ce qu’il fasse apparaître un beau visage dans la statue. Toi aussi, enlève tout ce qui est superflu, redresse tout ce qui est tortueux, et ne cesse jamais de sculpter ta propre statue, jusqu’à ce que resplendisse pour toi la divine splendeur de la vertu, jusqu’à ce que tu voie la Sagesse, debout son socle sacré. » Pour arrêter de vivre et commencer à exister, il convient de dépasser les simples besoins et envies du corps pour atteindre les véritables besoins de l’existence. Pour commencer à penser, à douter, il faut s’affranchir du corps.

        Mais pour douter, ne faut-il pas avoir un objet dont on peut douter ? Or, l’esprit ne peut douter de lui -même, puisqu’il se présuppose. Il faut donc nécessairement qu’il y ait quelque chose en dehors de nous pour que l’esprit puisse exercer sa fonction qui est de penser.

        C’est ce qu’affirme Rousseau : je suis conscient de mon existence par les sens qui me sont affectés. Puisque je suis continuellement affecté par le monde extérieur, par l’intermédiaire de mes sens, je ne peux pas savoir si j’ai une conscience indépendante de mon existence ou si je suis seulement amené à l’existence par les sens qui m’affectent. Je ne suis pas un être en dehors du monde comme l’affirme Descartes, mais bien un être dans le monde, et qui en dépend. De même que Locke affirme qu « toute connaissance découle de l’expérience », on peut affirmer que toute existence découle des sens. Car comment peut-on affirmer que l’on est sans avoir la connaissance de ce que l’on est pas. C’est justement par le choc des sens que l’on est amené à penser, à douter, ou comme le dit Kant, à rapprocher ou séparer. Le modèle d’existence de Descartes sépare le conscience du corps, le rejette et aspire à le nier. Au contraire Rousseau donne la primauté du corps pour accéder à la conscience de l’existence, car c’est en pensant le monde que nous pouvons nous penser nous, et nous accédons au monde par les sens qui dépendent de notre corps. Le corps est ainsi placé au centre de la conscience.

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