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Dissertation : L'éducation est-elle une dénaturation ?

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Par   •  13 Mai 2018  •  Dissertation  •  3 145 Mots (13 Pages)  •  5 014 Vues

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« L’homme ne peut devenir homme que par l’éducation » dis Kant. Il entend par ici que l’homme ne naît pas éduqué. Il ne naît pas homme non plus, en fin de compte. Il le devient. L’éducation lui est nécessaire pour atteindre ce but. À défaut d’éducation, il demeure sauvage et incapable d’avoir des relations humaines dignes d’un être civilisé. C’est un principe « positif » qui semble normal pour nous tous. Pourtant nous ne savons peut-être pas ce que signifie vraiment l’éducation. L’éducation, c’est la mise en œuvre des moyens propres à assurer la formation et le développement d’un être humain. C’est l'action de faire acquérir un ensemble de savoirs et de pratiques culturelles, de former un être qui à la fin, « osera savoir ». Mais éduquer, s’il s’agit donc de comprendre par là une modification de la nature, est un processus ambigu : soit il sera question de rectifier ce qui dans la nature est impropre à la vie sociétale, soit il s’agira de permettre à la nature de s’accomplir dans une forme plus viable. En ce cas la nature n’est pas mauvaise : il suffit qu’elle soit reprise et adaptée au monde social. Une autre hypothèse : la nature est mauvaise, lieu de tous les égoïsmes. En ce sens, elle doit être neutralisée. L’éducation a pour tâche d’« éradiquer » ce qui est naturel. Ou du moins, de nous rendre apte et correcte pour vivre en société, passant par le respect des lois inculquées depuis l’enfance (quand un enfant apprend à respecter certaines règles que ses parents lui ordonnent) ou encore les différentes formes de politesse, etc…Cela revient donc à supprimer sa part sauvage, animale…naturelle.

Nous en venons donc à la dénaturation. La dénaturation, elle, est l’action de changer les caractéristiques de quelque chose, de l’altérer, d’en changer la nature. Le préfixe « dé » évoque justement cette idée d’opposition à la nature.

Nous savons que la « nature » d’une chose c’est l’ensembles des caractères qui la définisse et qu’une caractéristique naturelle est innée. Nous devons maintenant préciser que dénaturer à, au sens courant, un sens négatif : en effet, cela donne le sens de « priver de », aller contre ; mais dans l’idée qu’on ne devrait pas le faire.

Maintenant, nous devons revoir la question. « L’éducation est-elle une dénaturation ? » revient donc à nous dire ceci : l'être humain possède une « nature humaine », déterminée dès le début de son existence. Cependant, l'éducation peut avoir une action néfaste sur cette nature, elle peut la dénaturer. Cela sous-entend alors que l’homme possède une nature originelle que l’éducation dénaturerait à tort, et donc que cette nature originelle serait, en un sens, fondamentalement bonne. Pour un protagoniste que l’on éduque, on a souvent affaire à une « révolte » plus ou moins violente contre l'action d'éducation dont il est l'objet. Ainsi l'éducation, est souvent vécue comme une violence faite à sa propre nature dont l'éduqué revendique fermement le droit d'en suivre librement le cours. Et si, tous, nous sommes passés par ce travail d'éducation qui exigeait que l'on change, il faut en conclure que l'on a tous souhaité voir disparaitre cette contrainte. Mais de l'autre côté, dès que l'on se retrouve soi-même face à un enfant, il paraît impossible de ne pas l'éduquer. Le laisser faire librement tout ce qu'il veut, sans imposer aucune contrainte ni apprentissage culturel semble immédiatement impossible, ne serait-ce que pour sa propre sécurité et sa santé. L'éducation apparait alors comme condition de possibilité du développement optimal et harmonieux de l'être humain, pour lui-même et en tant qu'être social nécessairement en relation avec les autres. Ainsi ne pas éduquer reviendrait à un laisser faire dangereux et irresponsable pour l'être humain lui-même et pour ceux qui l'entourent. Que faut-il donc penser ? L’éducation est-elle une entreprise de destruction de la nature humaine et donc une action contre nature, ou bien alors, l’éducation est-elle condition de possibilité de développement et donc accomplissement de ce que la nature a donné à l’être humain ?

Envisageons donc l'idée selon laquelle l'éducation dénaturerait alors l'être humain. Qu'est-ce qui pourrait effectivement nous conduire à penser ainsi ? L'éducation est une action qui vise un but et qui se sert de moyens pour parvenir à réaliser la fin qu'elle projette. Cette action vise à produire un changement, de prime abord positif, et est exercée par un individu sur un autre.

Il y a donc un être humain qui décide qu'un autre être humain doit acquérir un ensemble de pratiques et de savoirs culturels, car pour l’instant, le futur éduqué ne sait rien ni culturellement, ni dans son savoir-faire et ses pratiques. L'éduqué doit donc modifier son comportement spontané, comportement qu’il suit depuis sa naissance, ses instincts ou pulsions qui se présentent naturellement en lui. On constate donc que s'opposent tout de suite deux ensembles : d'une part les comportements et modes de pensées qui sont « naturels » au sens de la spontanéité, de l'immédiateté et de l'irréflexion. Et ces termes sont bien des critère d’ordre du naturel. Ce dernier se caractérise par l'ensemble des modes d'êtres biologiques, issus du dialogue entre l'environnement et le code génétique, comme dit Levi Strauss ; ils se caractérisent donc par l'innéité, ce qui se manifeste spontanément, et ce de manière universelle. Et d'autre part les comportements et modes de pensées qui sont culturels, acquis par la transmission qu'opère l'éducation.

Cependant, concevoir ainsi l'éducation n'est-ce pas mettre en évidence son action dénaturante, destructrice, au sens où elle change la nature originelle de l'être humain ?

En effet, l'éducation vise à faire acquérir, comme nous l'avons montré, un ensemble de pratiques et de savoirs culturels, or ce qui est acquis au cours de son existence et donc non présent naturellement en nous est alors artificiel et non naturel. L'éducation correspond bien aux critères de la culture puisqu'elle est n’est pas la même dans toute les régions du monde, et a changé au fil des époques ; elle est variable, particulière et se transmet volontairement au cours d’apprentissage, alors que l'évolution naturelle, elle, est involontaire parce que spontanée. Ainsi, parce que l'éducation vise à faire acquérir de nouvelles habitudes en remplacement des réflexes

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