Cours de philosophie sur la parole
Cours : Cours de philosophie sur la parole. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ramzyzou • 1 Octobre 2017 • Cours • 17 664 Mots (71 Pages) • 3 274 Vues
PAROLE
cf article du robert
Les problématisations :
- Parole renvoie à l’idée d’« expression verbale de la pensée ». On retient plusieurs choses :
- Faculté d’exprimer, communiquer par un système de son émis par les organes de la phonation
- Exercice de cette faculté
- Fait de parler
- Parole de Dieu
On retient que la parole exprime la pensée en sens verbale, susceptible d’extérioriser une réalité intérieure. Un premier raisonnement : lien entre parole et pensé. On en déduit déjà que la parole n’est pas juste la capacité phonique.
- Le sens technique de cette capacité phonique semble lier aux organes de cette faculté. Mais pour exprimer et communiquer sa pensée, deux conséquences à cela :
- Quand on dit la parole ça peut désigner un autre moyen d’expression que les sons
- Langue et parole serait donc inséparable, pour parler il faut apprendre une langue. On retrouve là le sens linguistique. D’après Saussure, un signe est un élément renvoyant à autre chose que lui-même. La langue est un système de signe codifié propre à un groupe donné, suffisamment stable pour qu’il puisse se comprendre mais susceptible d’évoluer. La parole est l’usage individuelle de la langue, c’est donc l’actualisation ou la réalisation concrète de l’utilisation de la langue. La langue n’aurait pas d’existence sans l’individu qui la parle.
- La parole se distingue par 3 qualités :
- Elle est une exécution et non une institution
- Individuelle et non sociale
- Libre et non figée
Le système de signe est institutionnalisé, ne dépend pas des individus, est reconnus par tous de droit. Sociale car produit par un groupe donné et non pas par les individus. Figée car il y a une certaine stabilité sur le long terme.
La parole est une exécution c’est-à-dire un acte, qui est individuel, libre car cela peut varier en fonction de l’individu qui parle, c’est pourquoi cet usage peut déboucher sur des styles.
Exemple de Kafka (romancier du fin 19e s, le procès)
Gilles Deleuse travaille sur les langues minorités. Déduit que Kafka comme il n’est pas de langue maternelle allemande, il produit un allemand totalement créatif nourris par sa langue d’origine et par le vécu d’une langue imposée, d’où un style de parler.
- On déduit que pour parler il ne suffit pas d’articuler des sons, ces sons ne valent pas pour eux-mêmes mais désigne des réalités autres voir des idées abstraites, encore faut-il savoir signifier. C’’st ce qu’on peut appeler la fonction symbolique qui est indéniablement une capacité intellectuelle. Donc le perroquet parle par exemple mais il ne possède pas la capacité intellectuelle symbolique qui permet de la désigner comme un être de parole.
La parole est-elle une spécificité humaine voir le fameux propre de l’Homme, l’essence de l’Homme ?
Si on doit faire des différences entre langage humain et animale :
- Hérédité, héritage contre apprentissage
- Différences quantitatives qui produit un saut qualitatif d’où la créativité, l’implicite (humour, ironie…) voir plus loin la poésie.
Les animaux ont une capacité de communiquer indéniablement et d’ailleurs très efficace mais pourquoi dit-on qu’il ne leur manque que la parole.
Logos = langage/raison, discours rationnel, capacité de parler et de raisonner.
L’homme est par nature un « animal politique » c’est pourquoi il a la capacité d’exprimer ses perceptions du juste et de l’injuste, du bien et du mal. Le logos est la faculté distinctive de l’Homme parce qu’il est un animal politique par ce que sa différence politique est sa spécifié. Le fait de vivre parmi ses semblables lui permet de juger, d’avoir des valeurs. Il a donc l’outil pour formuler ses jugements et partager ses valeurs. Pour Aristote, c’est parce que l’Homme pense qu’il a la parole. Parole et pensé sont entrelacées.
Est-ce que l’animal pense s’il ne lui manque que la parole ? N’est-ce pas un anthropomorphisme ?
Que faut-il dire de celui qui est capable physiquement mais qui ne peut pas ou plus ? Cela nous renvoie à des pathologies du langage (mutité), des blocages psychologiques (bégayement, mutisme).
Est-ce que le silence est le contraire de la parole ? Margueritte Yourcenar : « le silence n’est fait que de paroles qu’on a pas dites ». C’est-à-dire qu’il n’y aurait pas de silence véritable, que l’absence de parole est justement parole. Le silence serait plein de pensés non exprimées explicitement. Cela renvoie à une réflexion sur le sens du silence. Le silence ne serait-il pas là pour donner sens à la parole ? (Ponctuations). Le silence apporte rythme et souffle à la parole. Parole et silence semble davantage complémentaire.
Mais est-ce que la parole est seulement un outil de communication ? A-t-elle pour fonction simplement d’exprimer et de transmettre un pensé, des informations ? cela suppose un locuteur et un récepteur de cette information mais alors pourquoi parler pour ne rien dire ?
La parole est un acte qui peut avoir une valeur symbolique désignant autre chose que lui-même.
La parole est l’exercice de la faculté de parler, le fait de parler. Parler ce n’est pas que faire se succéder des mots. Adresser la parole à quelqu’un c’est d’abord reconnaître son existence, c’est supposer qu’il comprend, et le supposer susceptible de répondre. Donc la parole doit se penser dans le rapport entre deux sujets.
La parole est représentative de notre souci éthique : c’est un acte qui manifeste l’attention donnée à l’autre. Est-ce que la parole est l’autre de la violence ? La parole représente la civilisation, la paix, la médiation par la parole. Mais est-ce que la parole ne pourrait pas prendre une forme violente ? N’y a-t-il pas des paroles qui détruisent elles-mêmes les individus, les humilis ? Voir aussi la parole d’autorité qui s’impose violemment. N’y at-il pas de combat par la parole comme le pense Socrate ? (Laurent Binet, la 7e fonction du langage). Cf aussi la « violence symbolique » de Bourdieu = la manière dont on parle produit un effet de domination qui est susceptible de produire lui-même de la violence.
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