Apprend-on à être libre ?

Cyprien

Haramburu Tgénéral

        Dissertation

Apprend-on à être libre ?

Faut-il apprendre à être libre ?  Cette question peut poser un problème, car elle peut être reformulée de manière très différente : d’une part, pour être libre, est-il nécessaire d’avoir appris à l’être ? D’autre part, être libre vaut-il que l’on apprenne à l’être ? La question comporte par ailleurs deux niveaux de réflexion : on peut se demander s’il faut apprendre à être libre individuellement et/ou collectivement. Nous commencerons par nous interroger sur la possibilité pour un individu d’être libre sans avoir appris à l’être. Nous nous demanderons ensuite si la liberté individuelle est une valeur suffisante pour justifier qu’on apprenne à l’obtenir.

Nous allons commencer par nous demander si un être humain doit nécessairement apprendre à être libre. Kant explique qu’on ne peut pas être libre sans éducation, donc sans apprentissage, mais plus encore sans une éducation contraignante : « Il faut que j’accoutume mon élève à souffrir que sa liberté soit soumise à une contrainte, et qu’en même temps je l’instruise à faire bon usage de sa liberté. » En effet, ajoute-t-il, « l’homme privé d’éducation ne sait pas se servir de sa liberté ». Autrement dit, la liberté n’est pas chez l’être humain une disposition dite naturelle. Elle nécessite un apprentissage, une éducation, et plus largement de la culture. Idéalement l’apprentissage doit se faire durant l’enfance. De cette manière l’Homme qu’il deviendra sera d’avantage libre. De plus il ne faut pas répondre à tous les désirs de l’enfant (se coucher tard, se lever tard, manger n’importe quand et comment, jouer toute la journée) car dans cette situation il ne pourra jamais être patient et affronter les étapes de la vie. C’est par exemple ce que développe l’humaniste Rabelais dans son livre Gargantua. Au départ, la proposition d’une éducation sophiste à un jeune enfants, sans limite et basée sur un apprentissage par le « par cœur » qui s’avère inappropriée, qu’il opposera à une éducation humaniste basée sur le corps avec comme devise un « corps saint dans un esprit saint ».   L’apprentissage de la liberté passe donc par une forme de contrainte. Albert Einstein, avec son habituel sens de l’humour et sa sournoiserie, disait que « vous ne comprenez pas vraiment quelque chose à moins que vous puissiez l’expliquer à votre grand-mère ». Si on écoute cette phrase très juste, il semble logique de croire qu’apprendre à penser pour comprendre comment fonctionne notre monde est une idée sensée. A contrario, lorsque nous transmettons nos enseignements, coutumes, traditions ou éducation à nos enfants, nous biaisons de fait cette liberté de penser. L’enfant par ses apprentissages et propres valeurs devra se faire sa propre liberté de penser  

Nous allons à présent nous demander s’il faut apprendre à être libre individuellement et/ou collectivement. Dans son roman « les frères Karamazov », Dostoïevski place dans la bouche d’Ivan, le narrateur athée, le récit du « Grand Inquisiteur » à qui on reproche d’avoir donné aux humains un idéal impossible à atteindre. Ils préfèrent manifestement renoncer à leur liberté, qui est pour eux un fardeau trop lourd à assumer, et qui les empêche donc d’être heureux. Le Grand Inquisiteur assume son rôle mauvais, priver les êtres humains d’une liberté dont ils ne veulent pas, ce qui leur permet d’être heureux. Cette vision va plutôt à l’encontre de la liberté, selon eux.  Penser par soi-même et être libre peut aussi être source d’angoisse « l’angoisse est le vertige de la liberté » selon, Kierkegaard. Faire des choix implique des responsabilités qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Pour aller plus loin avec André Gide qui écrit que « choisir c’est renoncer ». Est-ce renoncer à une partie de sa liberté ou se donner la liberté de renoncer ? Leurs visions s’opposent à celle de Kant et Einstein

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