Alain, Propos sur l’éducation, 1932
Commentaire de texte : Alain, Propos sur l’éducation, 1932. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar berendu33 • 13 Mars 2022 • Commentaire de texte • 1 158 Mots (5 Pages) • 1 851 Vues
Grégoire COLLIGNAN
Terminale 7
DM type bac Trimestre II
Explication de texte : Alain, Propos sur l’éducation, 1932
Le texte étudié est issu du recueil de pensées philosophiques Propos sur l’éducation, écrit par le philosophe français Alain en 1932. Cet essayiste, également professeur, est un rationaliste pour qui seule la raison a la capacité d’établir la vérité. Dans cet extrait, il développe l’idée que l’instruction, c’est-à-dire l’acquisition de connaissances, passe par l’enseignement de toutes les disciplines et particulièrement sur celles qui ne nous sont pas familières. La problématique du thème abordé réside dans la question de l’orientation de l’instruction vers une universalité des connaissances. Tout d’abord, Alain souligne le danger de prendre en compte une hypothétique vocation pour orienter l’instruction. Il conseille alors d’aller contre les goûts immédiats de l’individu. Ensuite, il nous donne des exemples concrets d’application de cette méthode. Enfin, il expose son analyse et justifie sa position en allant à la source du problème à savoir la dimension universelle des capacités intellectuelles de l’être humain.
Le philosophe commence son propos par une formule prônant une interdiction sans appel « Il ne faut pas (…) » ligne 1 qui concerne la question de la vocation, se définissant comme une forte attirance pour un domaine. L’instruction ne doit justement pas, selon lui, se cantonner aux « préférences » ligne 3, de la personne en formation. Cette position va à l’encontre d’une pédagogie de la facilité qui flatterait les goûts. En effet, nos préférences sont liées à des désirs qui, par essence, peuvent nous «tromper» ligne 3 et nous orienter vers de mauvais choix.
On peut se demander néanmoins pourquoi se forcer à s’instruire de nouvelles choses « qu’on n’aime pas savoir »?, ligne 4. Pourquoi est-ce « toujours bon » ? Cette démarche permet en effet en s’ouvrant à des domaines inconnus, de renforcer son esprit critique, nécessaire à une autonomie de raisonnement.
Alain conseille alors de contrarier « les goûts, d’abord » et aussi « longtemps ». Dans une culture qui tend à ne pas contrarier justement les préférences, cette position défendue par l’usage de l’impératif « contrariez » ligne 5 est surprenante et novatrice. Il donne le conseil, voire l’ordre, de s’opposer aux inclinations naturelles. Le terme de « goûts » est employé non pas pour désigner une préférence esthétique mais il a une signification plus générale comme par exemple le goût de lire, de compter ou encore le goût des langues étrangères. Ces « goûts » sont en fait des tendances, qu’Alain nous enjoint de contrer. Il est nécessaire de s’y opposer dès le début de l’éducation dans la petite enfance, « d’abord », et durant une longue période jusqu’à la fin de l’adolescence comme le suggère l’adverbe « et longtemps » ligne 5. L’idée majeure est donc de ne pas laisser le jeune être dirigé par ses plaisirs immédiats.
Pour illustrer sa réflexion, Alain donne ensuite des exemples concrets d’une éducation basée sur la contrainte et non sur les motivations apparentes.
En effet, il appuie son propos en citant le cas d’un élève qui n’aimerait « que les sciences », ligne 7 et à qui il faut expressément enseigner au contraire les matières littéraires, à savoir l’histoire, le droit, ou encore la littérature. Or dans notre système actuel, on incite l’étudiant à choisir des options dans les matières qu’il maîtrise et ainsi créer des spécialistes qui auront des lacunes dans les autres domaines. Le philosophe au contraire veut dire par cette phrase qu’il ne s’agit pas de prendre en compte la spécificité de chacun mais de mettre le jeune dans un « moule ». C’est pourquoi de la même manière, le « poète », le littéraire intellectuel devra être orienté à s’exercer aux sciences et aux travaux manuels. Ainsi et seulement de cette manière, l’ensemble des capacités dont est doté un être humain à la naissance pourra être pleinement développé. L’utilisation du pronom personnel « je » dans « je le pousse » à la ligne 9 montre à quel point Alain est sûr de sa pédagogie. Aucune autre alternative n’est envisageable pour former un homme complet.
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