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Réponse défenseur de Apollinaire à Alain Duhamel à propos de ALCOOLS

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Par   •  25 Novembre 2018  •  Commentaire de texte  •  916 Mots (4 Pages)  •  2 019 Vues

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22 juin 1913

Mercure de France

À l’intention de Georges DUHAMEL

        Monsieur

J’ai pour habitude de lire Mercure de France, car je trouve la plupart des articles et autres publications justes et d’excellente qualité. Mais quelle fût ma surprise lorsque je finissais votre article publié dans la dernière         revue à propos du recueil Alcools d’Apollinaire. J’éprouve en effet un profond désaccord avec vous sur le terme de « brocanteur » que vous attribuez au poète. Vous qualifiez le recueil de « taudis » remplit d’une « foule d’objets hétéroclites ». Selon vous, le mélange de vieilles et de nouvelles images présentes dans l’œuvre est incohérent. Certes au premier abord les poèmes paraissent désordonnés et, en effet, remplis d’images différentes. Mais, selon mon humble avis d’amateur de littérature, je trouve que ce mélange représente l’essence de ce qu’est la modernité dans l’art en formant une œuvre qui, de par l'originalité de sa forme, peut nous faire ressentir autrement la réalité. Je m’explique.

Parlons d’abord des images. Prenons les poèmes « Zone » et « La chanson du mal aimé », assez représentatifs de l’œuvre. Ils sont fournis de multiples images du passé (voire de l’antiquité) telles que « antique », « pharaon », « Ulysse », « ruisseaux de Chanaan » (ce qui, soit dit en passant, montre la richesse de la culture du poète, et enrichit forcement le texte). Ensuite, on remarque effectivement la présence de termes modernes, peu classiques en littérature tels que « hangars de Port Aviation », « sténodactylographes », « ouvriers ».

En plus de ces images, l’écriture est également en avance sur son temps notamment grâce à l’absence de ponctuation dans les poèmes. Peut-être cela renforce-t-il l’impression d’amas d’images, qui ne sont ainsi pas séparées par cette ponctuation. Je trouve que cela revient plus à l’origine de l’écriture poétique, pas forcément compréhensibles au premier abord et plus libres à l’interprétation de chaque vers. Cela est renforcé par la présence de nombreux enjambements, rejets et contre rejets qui laissent encore plus la place à notre interprétation et imagination.  Ainsi, Apollinaire fait preuve de modernité dans les images et l’écriture tout en restant dans la tradition poétique dans ces deux domaines puisqu’il utilise d’antiques images et des vers libres à l’interprétation. Il trouve donc, selon moi, le parfait équilibre entre modernité et tradition.

        Par ailleurs, cette tradition est également présente dans certains thèmes abordés dans le recueil avec des poèmes mélancoliques (La Chanson du Mal-Aimé, Le pont Mirabeau, Les Colchiques), la fuite du temps (Automne Malade) ou encore la solitude (Zone avec « maintenant je marche dans Paris seul parmi la foule »). En combinant sa modernité et sa « poésie quotidienne » avec ces thèmes classiques, Apollinaire les dépoussière et montre qu’ils sont intemporels. Cela montre qu’il remplit une fonction classique du poète à savoir celle de poète révélateur, qui porte un regard sur le monde actuel. On le remarque bien dans Zone dans lequel l’auteur nous décrit une déambulation dans le Paris moderne.

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