La Critique Sociale Dans Alcools De Guillaume Apollinaire

Introduction

La satire désigne en littérature le fait pour un écrivain de se servir de sa production écrite pour dépeindre les vices et les travers d’une société ou d’un personnage, faire une critique négative de la vie sociale en somme. La lecture du recueil Alcools de Guillaume Apollinaire nous amène à nous intéresser à cette préoccupation littéraire. Pour déployer notre thème, nous allons ici nous appesantir sur les cibles de la satire sociale dans le recueil et l’exploitation que le poète fait de l’écriture pour être fidèle à cette préoccupation.

I. Les cibles ou objets de la Satire sociale dans Alcools

1. le cadre urbain

Le poète français est préoccupé des mutations qui affectent les villes, européennes notamment, en début du XXème siècle où sévit l’ère de l’industrialisation. Le poème placé en début du recueil « Zone » connote bien ce souci porté au cadre urbain. C’est ainsi qu’il dénonce le conservatisme qui fait de Paris par endroits une ville ancienne, désuète.

« À la fin tu es las de ce monde ancien … » (vers 1) affirme-t-il en tout début du poème.

En outre un champ lexical permet de relever cette préoccupation. Nous distinguons des noms de villes « Paris, Marseille, Rome, Amsterdam… » Ce sont là les principales villes d’Europe qui permettent de mesurer la nécessité d’une modernisation du cadre urbain.

En revanche, le poète loue le modernisme qui transparait dans certains aspects de la ville de Paris. On peut le noter dans sa manière de caractériser ceux-ci. « une jolie rue…Neuve et propre…J’aime la grâce de cette rue industrielle… » C’est un regard enthousiaste que le poète pose sur le phénomène de l’industrialisation, gage de modernisme et d’évolution pour le cadre urbain

2. L’émigration

Il s’agit là d’un phénomène social assez actuel. Bien de personnes quittent leurs pays d’origine pour aller chercher fortune sous d’autres latitudes et surtout en Europe dont Paris est le symbole dans Alcools. Le phénomène de l’émigration est représenté sous un mauvais jour par le poète français et ceci par le vocabulaire dépréciatif qu’il emploie à cet égard. « Ces pauvres émigrants…bouges (bar mal fréquenté) …femmes assises exsangues (à bout de forces et de ressources)… » « Zone ». C’est aussi le cas dans le poème « Marizibill »: errance, espérance béate, pauvreté, promiscuité sont le lot quotidien des émigrants à Paris. C’est bien ce que dénonce ici le poète.

3. L’esprit romantique

Le poète traduit par ses mots la désillusion qui semble marquer les esprits en tout début du vingtième siècle. C’est ainsi qu’il dénonce un romantisme béat et par trop onirique à travers notamment le poème « Aubade chantée ». Deux types d’écriture font ce poème : 3 quintiles en caractère normal qui décrivent un univers assez romantique, et 6 quintiles en caractère italique qui débutent par ce vers : « Beaucoup de ces dieux ont péri … L’amour est mort j’en suis tremblant ». Le poète œuvre ainsi pour la vérité de l’émotion poétique et surtout l’affranchissement d’une

...