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Les régimes totalitaires dans l'entre-deux-guerres : genèse, points communs et spécificités.

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Par   •  8 Février 2017  •  Dissertation  •  2 593 Mots (11 Pages)  •  3 027 Vues

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intro

> L’adjectif " totalitaire " est utilisé pour la première fois en 1924 par l’italien Giovani

Amendola pour dénoncer l’Etat fasciste. Mais dès les années 1920, Mussolini lui-même déclare que " tout est dans l’Etat " et les nazis parleront d’ "Etat total".

« Tout dans l'État, rien contre l'État, rien en dehors de l'État. » Mussolini, Discours à la Chambre des Députés, 26 mai 1927.

> Le totalitarisme est probablement le système politique qui a le plus marqué le xxe siècle du fait du nombre de personnes concernées, de la taille et de la puissance des États totalitaires, mais aussi de leur impact décisif sur l'Histoire et en particulier sur le déclenchement des guerres.

> Les États totalitaires se caractérisent par une emprise totale du pouvoir politique sur tous les aspects de la vie d'une société. Ce sont des régimes dictatoriaux à parti unique où toute opposition est interdite et durement réprimée, le plus souvent par une police politique toute-puissante. Les libertés individuelles sont supprimées et la population est tenue sous contrôle non seulement par la terreur mais également par la censure et la propagande.

> Si l'on se réfère à cette définition, il y a eu trois États totalitaires au cours du xxe siècle : l'Italie fasciste de Mussolini (1922-1943), l'Allemagne nazie d'Hitler (1933-1945), et l'URSS de Staline (1922-1953).

  • On peut se demander si les régimes qualifiés de totalitaires sont comparables. Existe-t-il un ou des totalitarismes ?

I. Une matrice commune

A. Les traumatismes de la Grande Guerre

> Si l’on peut dire que les trois régimes totalitaires de l’entre-deux-guerres possèdent une matrice commune c’est d’abord parce qu’ils partagent une expérience traumatisante de la Première Guerre mondiale. Celle-ci joue un rôle décisif dans l’évolution politique de l’Europe. La brutalisation et l’endurcissement des sociétés qui caractérisent l’entre-deux-guerres et s’expriment dans les trois régimes en sont des conséquences. L’impuissance des gouvernements à répondre à la crise au lendemain de la guerre fait des soldats des cibles faciles pour les nationalistes, favorables à l’installation d’un pouvoir autoritaire.

> En 1918, l’Italie n’obtient pas la totalité des territoires qu’elle convoitait. Le thème de la « victoire mutilée » alimente les revendications nationalistes du programme des Faisceaux italiens de combat, crées par Benito Mussolini en 1919.

> En plus de la guerre, l’Allemagne fait l’expérience de la défaite. Le sentiment qu’un diktat a été imposé par les vainqueurs alimente un nationalisme violent et la contestation contre la République de Weimar. Adolf Hitler, à la tête du Parti nazi (NSDAP), fait partie de ceux qui contestent la signature du Traité de Versailles et le paiement des réparations jugées injustes et ruineuses.

> En juin 1940, Hitler fera signer l’armistice au maréchal Pétain dans le même wagon de Rethondes qui a vu la signature de celui de 1918, illustrant ainsi l’esprit de revanche de l’Allemagne.

B. La prise du pouvoir

> Les montées au pouvoir des leaders respectifs de ces régimes totalitaires sont semblables, elles se font légalement dans les trois situations, parfois accompagnées d’une pression politique sur les régimes en place.

> Bureaucrate laborieux et discret, Joseph Staline gravit silencieusement les échelons dès la fin de la Révolution de 1917. Il devient Secrétaire général du Parti communiste de l‘Union Soviétique le 3 avril 1922, fonction qu'il transforme rapidement en poste le plus important du pays.

> En Italie, dans le contexte de forte instabilité politique et sociale qui suit la Grande Guerre, Benito Mussolini, leader du Parti national fasciste, vise la prise du pouvoir en forçant la main aux institutions par l’intimidation à l’aide de groupes paramilitaires, les Faisceaux italiens.

> La Marche sur Rome du 28 octobre 1922 fait pression sur le roi Victor-Emmanuel III et Mussolini obtient la charge de constituer le gouvernement le 30 octobre 1922.

> Les « Lois fascistissimes » de 1925 lui attribuent les pleins pouvoirs et fait de l'Italie un régime à parti unique.

> La crise économique et financière qui frappe l’Allemagne au début des années 30 provoque la chute de la production industrielle, le marasme des affaires et une immense vague de chômage. En 1931, nombres d’usines tournent à 50% de leur capacité de production et le nombre de faillites s’élève à douze mille par an. Le chômage touche plus de 6 millions d’Allemands au début de 1932.

> La récession plonge les masses dans un climat de désarroi moral favorable à la montée du national-socialisme. À la faveur de la crise, le parti nazi accroit son audience dans toute l’Allemagne et draine les suffrages des classes moyennes tout en s’assurant l’appui de l’industrie lourde et des grands propriétaires fonciers.

> En novembre 1932, ceux-ci demandent au président Hindenburg que le pouvoir soit confié à Hitler. Le 30 janvier 1933, il est nommé chancelier du Reich. Après la mort d’Hindenburg en 1934, Hitler supprime la fonction de président du Reich et s'octroie tous les pouvoirs.

II. Des différences (re)marquées dans les années 1930

A. Oppositions idéologiques irréductibles

> Bien qu’ils partagent une même matrice et une prise de pouvoir similaires, les régimes fascistes et le régime soviétique se distinguent idéologiquement sur des points essentiels.

> Alors que les doctrines fasciste et nazie refusent l’idéal égalitaire hérité de la Révolution française, c’est au nom de ce même principe que l’URSS prétend agir. Officiellement, l’égalité des individus, des sexes et des peuples y est à l’honneur. Le fascisme, au contraire se fonde sur une prétendue inégalité des hommes justifiant, en Allemagne, l’exclusion des « asociaux » (stérilisation des handicapés). Le racisme et l’antisémitisme, au nom de la supériorité de la « race aryenne », constituent un fondement du nazisme. Une législation antijuive est mise en place dès 1935, les lois de Nuremberg. Les pogroms culminent lors de la Nuit de cristal, les 9 et 10 novembre 1938 : une centaine de Juifs sont tués, des synagogues brûlées et 7500 magasins pillés.

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