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Le Quatrième mur, Sorj Chalandon

Commentaire d'oeuvre : Le Quatrième mur, Sorj Chalandon. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Mai 2018  •  Commentaire d'oeuvre  •  741 Mots (3 Pages)  •  1 887 Vues

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Bethsabée Boukobza TL

Le quatrième mur :« roman-miroir » du Liban dans les années 80

        Le roman de Sorj Chalandon raconte l’histoire d’un homme, Georges, acceptant d’accomplir la volonté de son ami mourant : monter l’Antigone d’Anouilh, à Beyrouth, avec des acteurs issus de toutes les communautés. Dans cet article, nous présenterons les liens étroits qui unissent ce long périple à la situation de la nation libanaise dans les années 80.

        Samuel Akounis, metteur en scène juif grec, donne une réponse bien étonnante lorsque l’on lui demande pourquoi spécialement avoir choisi de monter Antigone. Précisément « Parce qu’il y est question de Terres et de fierté ». Dès lors, pour Samuel Akounis, le théâtre dépasse le stade du simple art : il est une réelle arme politique. Selon la critique d’Hubert Artus, « Rarement fiction fit autant ressentir l’intensité d’une guerre civile en y accolant la thématique du théâtre comme art rhétorique et politique. Ici battent les cœurs et tonne le monde. » Comme le fait ressentir cette dernière critique, l’œuvre littéraire de Chalandon illustre par un art la situation de Guerre civile au Liban.

        Par « roman-miroir », je n’entends pas ici prétendre que l’œuvre est un parfait calque des faits historiques, au contraire. Il s’agit là d’une fiction, qui met -littéralement- en scène la Guerre du Liban. On observe, au niveau littéraire, un jeu de mise en abyme : le but étant de représenter les conflits libanais, l’auteur a justement usé de l’art théâtral. Autrement dit, la mise en scène décrite dans le roman serait le miroir moderne des affrontements au Liban.

        Avec une Antigone palestinienne sunnite, un Hémon druze, un Créon maronite, des pages et une Eurydice chiites, une nourrice chaldéenne et une Ismène catholique arménienne, la mise en scène dépeint au travers de la pièce d’Anouilh la situation territoriale conflictuelle du pays dans lequel se rend Georges, laissant sa femme Aurore et sa fille Louise en France. Georges demande également aux acteurs de laisser origines, religions, conflits d’espaces, convictions et tensions hors de la scène théâtrale. Nous pouvons supposer qu’il s’agit là de l’objet du titre. Au pied de la scène, rien n’existe hormis le personnage que l’acteur incarne. Imane n’est plus une réfugiée palestinienne sunnite, elle est Antigone, celle qui préfèrera mourir que de vivre. Nakad n’est plus un druze, il est Hémon, fiancé d’Antigone qui préfèrera s’enterrer avec elle que de vivre sans elle.

        Les différents pass dont Georges a dû user afin de pénétrer dans les différents camps est également révélateur de cette situation de tensions géopolitiques. Les défenseurs de chaque camp sont méfiants. Les individus qui circulent librement sont souvent pris pour cibles. Ce livre nous dévoile également qu’en période de grande tension comme celle-ci, un sentiment d’appartenance à une communauté est indispensable pour continuer la lutte. La lutte peut, officiellement, avoir des motifs ethniques ou religieux. Je ne pense personnellement pas une seconde qu’une guerre civile puisse avoir pour cause un différend religieux.

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