L'art et la beauté
Cours : L'art et la beauté. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar youssef1906 • 24 Novembre 2019 • Cours • 2 507 Mots (11 Pages) • 522 Vues
CHAPITRE II : L'ART ET LA BEAUTE
Liens avec les notions suivantes : nature et culture, le langage, la technique et le travail.
Problème général : est-il possible de définir des critères de "beauté" en ce qui concerne l’art, ou nous faut-il nous résoudre à dire à ce sujet : "à chacun son goût" ?
Leçon 1 : distinction entre technique et art
Étymologie : le mot "art" vient du latin ars, qui signifie l'habileté, le savoir-faire technique, et par extension les beaux-arts (musique, peinture, danse, etc.). En français, le mot "art" est polysémique et peut vouloir dire talent, méthode, beaux-arts et arts mécaniques. En grec, le mot utilisé pour art, "technè", désigne comme son équivalent latin l'habileté manuelle, le savoir-faire, et par extension l'art et l’œuvre d'art, mais c'est le mot qui a donné notre français "technique" ! On le voit en croisant les deux étymologies, elles ont un sens similaire. Toutes deux font référence au travail de la main, à l'habileté manuelle de l'Homme, mais si les étymologies ont un sens identique, leurs usages en français ne se recouvrent pas ! Dans le cas du mot « technique », c'est sur l'aspect utilitaire de l'objet façonné que l'on insiste (on parlera d'un "artisan" pour une personne qui maîtrise son métier avec habileté), alors que dans le cas du mot « art », c'est à son caractère esthétique, à sa beauté que l’on accorde de l’importance (de la personne capable de concevoir de belles œuvres, on dira que c'est un « artiste ») ! C'est sur ce caractère esthétique que nous allons nous pencher dans ce chapitre.
Très tôt, avec homo sapiens, on observe l’existence de gestes artistiques. Les œuvres incroyables des grottes Chauvet (+/- 30.000 ans BP) ou de Lascaux (+/- 17.000 ans BP), sont une démonstration éclatante de l'art de ces hommes, non seulement de leur savoir-faire technique, mais aussi de leur inspiration artistique. Ces traces sont le signe évident qu'ils étaient des hommes comme nous, comme les ossements trouvés le montrent (au sens biologique et donc naturel) et les œuvres laissées (au sens cognitif et donc culturel).
Ce qui est frappant avec ces créations de nos ancêtres, c’est qu’elles demandent un travail compliqué, une technique élaborée, des efforts, et qu’en même temps elles ne répondent pas à un besoin pratique. Elles montrent une recherche de nature esthétique, les hommes qui les ont réalisées ne cherchaient pas à faire des objets utiles, mais à réaliser de belles œuvres. Faire de beaux objets ne sert à rien en soi, l’art peut être défini par son caractère inutile et gratuit.
Technique et art relèvent tous deux de l'aptitude humaine à concevoir et fabriquer des objets artificiels, des artefacts, mais se distinguent... | |
Technique | Art |
Caractère utilitaire de ce qui est produit ("utile" et "outil" ont la même racine). | Caractère inutile de ce qui est produit, purement esthétique. L'aspect esthétique d'un objet n’a pas d’utilité ! |
Demande un savoir-faire. | Demande du savoir-faire, mais aussi autre chose (don, talent, inspiration, génie?). |
Lorsqu'on se penche sur ces œuvres qui n'ont pas (ou pas uniquement) des fins utilitaires, la question se pose de savoir ce qui caractérise leur aspect esthétique... elles sont belles mais qu'est-ce qui en fait la beauté ? Si l’on veut savoir ce qui fait la beauté d’une œuvre, il faudrait pouvoir définir ce concept, établir des critères objectifs qui permettent de déterminer le caractère esthétique d’une œuvre.
Leçon 2. L'Art et la question du jugement de goût
2 questions à la classe : 1. pensez-vous que certaines personnes ont plus de goût que d'autres ? 2. peut-on dire « à chacun son goût » ?
A. Analyse de deux œuvres
Avant de voir comment penser ce problème, il serait bon de nous intéresser a des cas concrets, des œuvres d’art, et d'essayer de percevoir ce qui en fait la beauté…
* une œuvre figurative :
La jeune fille à la perle, tronie de Johannes Vermeer, 1665 (huile sur toile 44,5 X 39 cm), exposé au Mauritshuis à La Haye.
- Qu’est-ce qui nous frappe dans cette œuvre ? Comment se révèle le talent de l’artiste ? Qu’est-ce qui en fait la beauté ?
Est-ce une œuvre réaliste ? Le terme est-il approprié ? Si l’on regarde le tableau de près, on constate que le peintre n’a pas cherché à rendre tous les détails. C’est la vie plutôt que le réalisme des détails qui ressort de ce portrait, et nous trouble. La maîtrise technique, qui semble « naturelle » n’est-elle pas également frappante ? La capacité du peintre à nous donner, avec un minimum de moyens, l'illusion de la vie et l'impression de surprendre un instant de l'existence d'une jeune fille nous surprend dans ce tableau (nous sommes surpris parce que nous avons l’impression de surprendre quelqu’un !), que certains experts en art ont qualifié de « Joconde du Nord ».
* une œuvre non figurative :
Continuons en étudiant une autre œuvre, plus récente, Composition n°8, de Vassily Kandinsky, 1923, (huile sur toile 140 X 201 cm), exposé au musée Guggenheim à NY).
- Qu’est-ce qui nous frappe dans cette œuvre ? Comment se révèle le talent de l’artiste ? Qu’est-ce qui en fait la beauté ?
Nos premières impressions sont-elles les mêmes que celles qui commencent à apparaître après un moment d'observation ? Le tableau peut sembler n’avoir aucun sens, et pour un néophyte apparaître comme un chaos de formes sans ordre. Mais en se laissant aller à la contemplation, une harmonie semble se dégager… le tableau ne représente rien, il est non figuratif, mais les formes qu'on y trouve peuvent néanmoins nous évoquer quelque chose.
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