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Explication du texte de Bertrand Russell

Étude de cas : Explication du texte de Bertrand Russell. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  12 Octobre 2019  •  Étude de cas  •  930 Mots (4 Pages)  •  1 987 Vues

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Texte de Bertrand Russell

La première phrase du texte est très paradoxale : elle affirme deux choses qui ne semblent pas être faites pour aller ensemble. En effet comment l’incertain peut-il valoir quelque chose ? L’incertitude est le fait de ne pas savoir distinguer le vrai du faux ou encore c’est être dans le doute. Quelle est donc la valeur de l’incertitude si elle s’identifie au fait de ne pas savoir ? - Contrairement à la science, la philosophie ne dispose pas d’un savoir certain : tout peut y être remis en cause. C’est cela, semble-t-il, qui fait la valeur de la philosophie car elle désigne l’aptitude de chacun à ne pas accepter aveuglément les connaissances transmises et de soumettre toute chose à un examen critique avant de les admettre pour vraies ou valables.

L’auteur suppose que tout individu (quel qu’il soit : scientifique, juriste, fonctionnaire, ouvrier, etc.) devrait s’être « frotté » à la philosophie, c’est-à-dire y avoir participé au moins une fois dans sa vie, sinon cela reviendrait à vivre comme un « prisonnier », autrement dit à être esclave des apparences et n’avoir d’autres pensées sur les choses et le monde que celles qu’on nous a transmises par tradition. En utilisant le mot « prisonnier » l’auteur se réfère implicitement à l’Allégorie de la caverne de Platon.

Sans philosophie tout semblerait aller de soi, être « normal » et donc acceptable. Tout autre état de chose serait rejeté car peu familier, inconnu et donc inconfortable, voire effrayant. On voit par là que la philosophie ne commence pas par le réalisme ou la naïveté, c’est-à-dire par l’acceptation des choses telles qu’elles sont ; le philosophe exige au contraire que soit posée la question de leur nature et de leur raison d’être. Sans cette intuition philosophique radicale nous serions les victimes dociles des préjugés, des propagandes, des idéologies de toutes sortes. On peut faire sur ce point une différence assez nette entre l’attitude philosophique et l’activité politique. On attribue à Margareth Thatcher la formule suivante : « There is no alternative »,  il n’y a pas d’autre choix possible. Cette phrase n’est pas philosophique, c’est un slogan politique. Ces propos signifient que l’économie de marché et le capitalisme sont une réalité contre laquelle on ne peut rien et qu’il serait vain de chercher à les remplacer par un autre système : l’ordre mondial actuel est immuable, il faut l’accepter tel qu’il est (sous-entendu : il ne faut pas chercher à le changer). C’est une attitude qui condamne au fatalisme (en maintenant ceux qui y croient prisonniers d’une réalité qu’ils pourraient peut-être changer). Les tenants de cette idéologie ne semblent pas avoir beaucoup de teinture philosophique au sens où l’entend Bertrand Russell.

Le pouvoir du questionnement philosophique est tel qu’il s’attaque même aux choses les plus évidentes, celles « de tous les jours », dit l’auteur. Même les choses ordinaires soulèvent des questions philosophiques, et celles-ci sont parfois insolubles. En effet, quoi de plus familière que l’expérience du temps ? Pourtant, comme le disait Saint Augustin, dès que je réfléchis sur le temps, je suis bien en peine de dire ce que c’est : « Qu'est-ce que en effet que le temps ? Qui saurait en donner avec aisance et brièveté une explication ? ... Si personne ne me pose la question, je le sais ; si quelqu'un pose la question et que je veuille expliquer, je ne sais plus. » (Saint Augustin, Confessions, XI, 14, 17) Y a-t-il un temps objectif, celui que mesure l’horloge mécanique et la science, et d’autre part un temps subjectif, celui de ma conscience et de mon expérience vécue ? Comme le dit l’auteur, certaines de ces questions resteront sans réponse.

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