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Commentaire De Texte : A La Conquête Du Bonheur (essai), De Bertrand Russell

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Par   •  12 Mai 2014  •  1 538 Mots (7 Pages)  •  3 874 Vues

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Commentaire de philosophie: Texte 1

« Une source très répandue de fatigue est l’amour de l’excitation. Si un homme pouvait consacrer son loisir au sommeil, il resterait bien équilibré ; mais, épuisé par son travail, il éprouve le besoin de s’étourdir pendant ses heures de liberté. L’ennui est que les plaisirs les plus faciles à obtenir, les plus superficiels, les plus attirants sont la plupart du temps épuisants. Le désir d’émotions fortes, au-delà d’une certaine limite est le signe, soit d’un esprit retors, soit d’un mécontentement instinctif.

Il est utile de se rendre compte que les plaisirs excessifs ne mènent pas au bonheur, quoiqu’un homme risque de trouver la vie à peine possible sans l’aide d’excitants aussi longtemps que des joies satisfaisantes lui restent inaccessibles. La seule chose qu’un homme prudent puisse faire dans cette situation, c’est de se contraindre et de ne pas se permettre une quantité de plaisir qui pourrait l’épuiser, affaiblir sa santé ou le gêner dans son travail.

Ce qui rend la fatigue nerveuse si dangereuse, c’est qu’elle agit comme une sorte d’écran entre l’homme et le monde extérieur. Les impressions l’atteignent comme si elles étaient amorties et assourdies ; il ne remarque plus les gens que pour s’irriter des petits artifices et affectations ; ses repas ou l’éclat du soleil ne lui procurent plus aucun plaisir et il tend à se concentrer sur quelques rares objets et à devenir indifférent à tous les autres. Cet état de choses ne lui permet pas de se reposer, de sorte que la fatigue croit continuellement jusqu’à atteindre un niveau où un traitement médical s’impose. Tout cela est au fond un châtiment pour avoir perdu le contact avec la Terre ».

Bertrand Russell : La conquête du bonheur, chap V.

« A vingt ans nous sommes tous des héros ; nous entreprenons tout ; nous pouvons tout ; mais, à trente ans, nous sommes fourbus et ne valons plus rien. Par quoi expliquer cette fatigue ? » s’interroge Anton Tchekhov. Bertrand Russel y répond : travail, plaisirs en excès, excitation. Tout cela mène à la fatigue. Il va même encore plus loin en montrant que ces éléments s’imbriqueraient en un cercle vicieux qui empêcherait d’accéder à un vrai bonheur et de trouver enfin le repos. Nos plaisirs sont fatigants, il faudrait donc les limiter pour continuer à vivre, car la fatigue empêche d’être heureux. En connaissances de causes Russell pose ce problème : comment atteindre le bonheur ?

Tout d’abord, Russell émet ce constat : notre vie est mal équilibrée, notre travail, et surtout nos loisirs, sont des activités épuisantes. Pour ne pas passer notre vie à travailler et à dormir, nous avons besoins de loisirs, pour se changer les idées, sortir du carcan « métro, boulot, dodo » habituel et répétitif.

Le problème est que ces activités sont généralement loin d’être régénératrices pour le corps et l’esprit. Faire du sport avant de rentrer chez soi, pour se vider la tête ? Pourquoi pas, mais les fatigues et tensions musculaires empêcheront en partie d’être en forme le lendemain pour être productif au travail. Soirée télé ? Le moment idéal, où l’esprit est trop fatigué pour rester longtemps critique, que choisissent les publicitaires pour semer leurs idées et attendre que germe notre envie de consommer tel produit vanté ce soir-là. Ces comportements, pas forcément reposants à la base, peuvent même mener à des addictions, et il faut alors s’extraire de celles-ci pour réussir à revenir à une vie sans ce déséquilibre profond, sans pour autant que cette vie soit saine et stable.

Pour Russell, ce besoin de plaisir excessif et fatiguant illustre soit « un esprit retors », où l’être humain va, par masochisme, consciemment se fatiguer, soit « un mécontentement instinctif ». Insatisfait de la vie qu’il mène, à la fois de son travail et de ses loisirs où il ne trouve que peu de plaisir, l’être humain, en constante recherche de bonheur, va multiplier les loisirs, et accroître ainsi sa fatigue. Les fêtes de Bayonne en sont l’illustration parfaite : 5 jours où des gens, plus ou moins satisfaits, boivent, oublient toutes règles et tous contrôles, s’échappent d’eux-mêmes et de leur vie par cet excès. Comme le souligne Russell, « les plaisirs excessifs ne mènent pas au bonheur », seulement à plus de fatigue. Que l’excès soit en nombre de loisirs ou simplement concentré sur une chose d’ailleurs.

« A quoi reconnait-on les gens fatigués ? A ce qu’ils font des choses sans arrêts ». Cette phrase de Christian Bobin aurait pu être écrite par Russell. Ce dernier préconise tout simplement de faire moins de choses fatigantes

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