Vieille chanson du jeune temps - Victor Hugo

LA n°7 : Victor Hugo, Vieille chanson du jeune temps

I -  Amours champêtres

1) La nature, berceau des premiers amours

La rencontre amoureuse se situe en pleine nature, dans des endroits intimes, cachés “le taillis ses parasols” (l.10). La métaphore “mousses de velours” rappelle la douceur des premiers rendez-vous. “La rosée offrait ses perles”, on assiste là à une personnification, la nature s’offre réellement à eux. Les oiseaux s’éveillent lors de leurs promenades et représentent les personnages, “j’écoutais les merles” et “Rose les rossignols”. On prête des sentiments amoureux à la nature , “nature amoureuse” (l.23), qui ne forme plus qu’un avec les amoureux. Tout ce qui est décrit sur la nature est très visuel comme si le lecteur assistait à la scène. Le poète utilise le champ lexical de la nature “Je parlais des fleurs, des arbres” (l.7) pour exprimer les sentiments amoureux du jeune homme.

2) Rose ou l’objet du désir

La rose fait partie de la tradition lyrique avec le poème Mignonne de Ronsard.

Dans ce poème, Rose, vingt ans est une femme pleine de vie, “ses yeux brillaient”. Son âge nous indique qu’elle a plus d’expérience, “d’un air ingénu” que le “Moi, seize ans”. Rose est assimilée au chant des rossignols, qui chantent sa beauté. Son nom en lui-même évoque la passion amoureuse, la rose que l’on offre à l’être aimé en signe d’amour profond. Sa description meliorative, “ droite sur ses hanches”, “son beau bras tremblant”, “ son bras blanc” insiste sur sa délicatesse (“petit pied”). Il y a une opposition entre sa beauté fragile et l’expérience de son âge, sa féminité et sa sensualité.

3) Un rendez-vous manqué

Au début du poème, “je ne songeais pas à Rose”. Le jeune homme semble plutôt indifférent quant à cette jeune femme “je marchais à pas discrets”, il est boudeur, “l’air morose”, insouciant et il ne connaît pas alors les dangers de l’amour. Mais il y a une possibilité pour le jeune homme de déclarer sa flamme à Rose, “Son oeil semblait dire : “Après ?”” (l.9).

Toutes les conditions nécessaires sont réunies pour parler d’amour (cf. nature amoureuse).

“Les rossignols chantaient Rose”, ceux-ci la glorifient, la mettent au premier plan pour ce rendez-vous amoureux. La nature s’allie avec les forces amoureuses. Rose, elle-même, lui donne des signaux, elle lui tend la main par sa sensualité évidente, “son beau bras tremblant”, “son petit pied nu”. Elle le guide presque dans ce qu’il a à faire. Mais il ne saisit pas l’opportunité qui s’offre à lui, “ je ne vis pas”, “je ne savais que lui dire”, à cause de sa timidité. Il est tétanisé, cela est du aussi à sa jeunesse. Rose semble s’exaspérer de cette situation, “soupirer quelques fois”, elle se désole de son silence. Il y a une antithèse entre le début du rendez-vous où l’espoir d’un amour naissant se profile et la fin où tout s’écroule. La fin de quelque chose est modélisée par “En sortant des grands bois sourds”. Le côté anecdotique de ce rendez-vous ressort avec le “Soit : n’y pensons plus”, qui signifie que cette désillusion amoureuse va s’atténuer dans la mémoire de Rose et qu’après un temps, cela la fera même sourire. Mais pas dans celle du jeune qui “y pense toujours”.

Il - A la recherche du temps perdu

1 - Le vieux poète et le jeune garçon : dans le miroir de la mémoire

Il y a un enchaînement de temps verbaux pour marquer l’enchaînement des évènements, imparfait / passé simple // présent (d’énonciation, de l’écriture). Le miroir est défini par le fait de regarder qui l’on est et ce que l’on est devenu. Les descriptions de ce rendez-vous sont gravées dans la mémoire du narrateur de manière très visuelles, tel le miroir de sa vie passée. Au début du poème, les personnage est encore jeune et innocent, mais après cette expérience infructueuse, il devient tout à coup adulte. Il entre dans le monde réel. Au temps du passé, il est proche du “je”, il veut se différencier de ce qu’il était avant “Moi, seize ans”. Il cherche à recréer la scène en ponctuant à chaque fin de strophe pour définir les instants du passé de façon clair, ce sont comme des “flash(es)” de souvenirs…

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