Sylvie Germain, Magnus
Cours : Sylvie Germain, Magnus. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar laurence delecour • 19 Octobre 2022 • Cours • 5 576 Mots (23 Pages) • 561 Vues
Séquence 2 : le roman et le récit – Sylvie Germain, Magnus.
Introduction :
1. Histoire littéraire :
- L’évolution du genre romanesque. Fiche
- L’évolution du personnage de roman. Fiche
2. Les outils d’analyse du récit :
- Le narrateur : énonciation et point de vue : fiche + exercices, fiche 36
- Le traitement du temps : fiche + exercice
- La description : fiche + exercices
- Les discours rapportés : fiche (à créer) + exercices
3. Les genres narratifs
- Savoir les reconnaître : fiche 35 + exercices
- Exemple de conte : Le Petit poucet
- Exemples de nouvelles :
G de Maupassant, Aux Champs
Jacques Sternberg, La photographie
- Extraits de romans : tableau comparatif (à créer à partir du manuel des élèves, p.48 à, 62)
Pour voir les différents incipits- fiche :
- Denis Diderot, Jacques le Fataliste, 1796
- Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses, 1782
- Gustave Flaubert, L’éducation sentimentale, 1869
- Alain –Fournier, Le Grand Meaulnes, 1913
- Jean –Paul Sartre, La Nausée, 1938
- Michel Butor, la modification, 1957
- Laurent Binet, HHhH, 2010
- Récapitulatif de ce que l’on peut voir dans un incipit :
- Le cadre spatio-temporel
- L’intrigue
- Les thèmes
- L’entrée du héros = personnage principal avec son portrait
- Points de vue utilisés, rythme, type d’écrit…. = pacte de lecture
- Types d’incipit : in medias res, suspensif, progressif, statique
→ Définition de la mémoire, nom féminin (latin memoria)
- 1. Activité biologique et psychique qui permet d'emmagasiner, de conserver et de restituer des informations.
- 2. Cette fonction, considérée comme un lieu abstrait où viennent s'inscrire les notions, les faits : Ce détail s'est gravé dans ma mémoire.
- 3. Aptitude à se souvenir en particulier de certaines choses dans un domaine donné : Ne pas avoir la mémoire des dates.
Contraire :
oubli
- 4. Image mentale conservée de faits passés : Je garderai la mémoire de ces événements.
Synonymes :
Réminiscence - souvenance (littéraire) - souvenir
- 5. Ensemble des faits passés qui reste dans le souvenir des hommes, d'un groupe : La mémoire d'un peuple.
- 6. Souvenir qu'on a d'une personne disparue, d'un événement passé ; ce qui, de cette personne, de cet événement restera dans l'esprit des hommes : Honorer la mémoire d'un héros.
→ Définitions du roman d’apprentissage / du roman initiatique
- Roman centré sur l’évolution du héros dans un domaine, jusqu’à son épanouissement
- Initiatique : récit de l’évolution d’un personnage qui tente de comprendre le monde en lui -même
1. Magnus : l’incipit = Ouverture
Introduction :
Sylvie Germain est une auteure contemporaine, philosophe et enseignante. Elle écrit son 1er roman Le livre des nuits en 1984. Sa prose est originale et poétique. Plusieurs de ses romans sont reconnus par des prix littéraires comme Jours de colère, prix Femina en 1989 et Magnus qui obtient le prix Goncourt des Lycéens en 2005.
Le titre de l’ouvrage Magnus signifie « grand » en latin. Il désigne au départ l’ourson doudou du personnage principal et finit par devenir l’identité du jeune homme au fil du roman.
Cette œuvre a pour toile de fond la Seconde guerre mondiale car l’histoire démarre en 1945, après la défaite des nazis et le suicide d’Hitler dans son bunker à Berlin. Elle évoque également la traque des criminels de guerre, à travers l’évocation du procès d’Eichmann. De plus, ce roman aborde le thème de la filiation à travers l’histoire personnelle de Franz- Georg. C’est donc un roman qui interroge la quête identitaire du héros, le secret qui entoure sa naissance, son adoption et son ascendance.
Enfin le roman est construit de manière originale avec une succession d’intertitres : fragments (=partie d’une œuvre ; morceau d’une chose qui a été cassée, brisée) numérotés, séquences, notules (= petite annotation) , résonances et même une litanie (= prière ; plainte répétitive).
Toutes ces parties sont autant de morceaux de mémoire et de passé éparpillés auxquels le roman donne leur unité. Le titre de l’incipit « Ouverture » est à comprendre au sens musical du terme, comme l’ouverture d’un opéra qui laisse entendre les grands thèmes de l’œuvre à venir
En quoi ce texte constitue-t-il une ouverture de roman ? Comment cet incipit donne t-il au lecteur les clés pour comprendre le roman ?
I. Une composition fragmentée.
- Deux pages d’incipit qui annoncent la composition du roman. Des paragraphes et des blancs typographiques.
- On relève un jeu d’anaphores : « d’un »comme un jeu d’échos
- Un dernier paragraphe écrit au mode infinitif comme une définition
- Utilisation du champ lexical et de la thématique du fragment, du blanc, du lacunaire : « éclat », « extraire », »fragment » »fossile », « traces, infimes », »lambeau », « morceau », « racine », « restes, noyaux » ; « mémoire lacunaire », « esquisse »….
Répétition du thème
- Utilisation de mots rares et d’un langage soutenu : « immémorial » (qui remonte à une époque si ancienne qu’elle est sortie de la mémoire) ; « infrangible » (qui ne peut être brisé, détruit) ; « apocryphe » (dont l’authenticité est douteuse, d’où faux, inauthentique)
II. Histoire et Mémoire
- Effet d’antithèses : éclat/ univers ; fragment /structure d’un animal préhistorique ; fossile / flore luxuriante ; luxuriant / désertique ; lambeau – morceau/ civilisation ; racine /constellation de vocables….
- Hommage à l’Histoire comme quête de trace et de sens ; construction d’une connaissance à partir d’indices : métaphore de la mémoire, de la quête de soi l.14 à 17
- Progression du texte vers le sujet du roman : « un homme à la mémoire lacunaire » qui permet la définition même du roman, qui s’ouvre avec « une esquisse de portrait » (l.18) « et à la fin s’effrangeant ». Cela prépare la fin du roman : l’écho du souffle du vent (fragments 0 et 29)
- La difficulté, pour le romancier, est d’arriver à rendre plausible, recevable, l’histoire d’un personnage qui est censé ne pas posséder les repères fondamentaux de son existence. Rendre cohérent l’incohérent est la gageure à laquelle il s’attaque donc. Le lecteur, ainsi averti, sait qu’il devra – par une lecture active – contribuer lui aussi à la résolution du puzzle de la vie du héros. De plus, cet artifice d’énonciation ancre le texte dans le réel ; le lecteur peut ainsi facilement s’imaginer lire une authentique et extraordinaire, au sens 1er, biographie.
- Jeu sur le récit et l’Histoire : qui peut écrire une telle histoire ou l’Histoire ? comment écrire l’indicible ? la Shoah ? : « un vent de voix, une polyphonie de souffles » + dernier paragraphe
- Construire une trame à partir d’indices. Le roman est une énigme
- Biographie = histoire d’une vie
III. Voix / voies de l’écriture
- Multiples voies = chemins empruntés par le personnage principal
- Multiples voix car plusieurs parlent dans ce roman et le personnage principal change de noms plusieurs fois
- Mode d’emploi pour le personnage et pour le lecteur : tous deux sont en qu^te de sens : « Dans tous les cas, l’imagination et l’intuition sont requises pour aider à dénouer les énigmes »
- Poésie autour du travail d’écriture d’une vie, de plusieurs vies : l.20 à 30
- Thématique clé du silence et de la musique, de la voix et du souffle : souffle, murmure, sourdine, tende l’oreille, respirer, se tait
- Enfin des indices signifiants : « incandescence » (corps porté à haute température qui émet de la lumière ; fragments 1 et 11) ; faire silence en soi « pour peu qu’on tende l’oreille », « apprendre à écouter la langue respirer là où elle se tait » (fragments 0 et 29)
Conclusion :
Une ouverture polyphonique qui dessine « un archipel de phrases […] sur un vaste fond de silence », p.14 .C’est un incipit déroutant, suspensif, poétique et en harmonie avec le cœur même du sujet et de l’écriture du roman : voix de l’écrivain, voies suivies par le personnage principal, voies et voix prises par le lecteur
...