Spleen et Idéal
Cours : Spleen et Idéal. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nicolo78 • 26 Juin 2018 • Cours • 272 Mots (2 Pages) • 747 Vues
Ce poème appartient à la section « Spleen et Idéal ». Il comporte quatre quatrains en alexandrins à rimes croisées, alternativement féminines et masculines.
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Baudelaire évoque le traitement que la société inflige au poète. Auto-représentation allégorique, l'oiseau capturé, ridiculisé et maltraité incarne l'artiste rejeté. Le découpage vertical de l'espace souligne l'antagonisme entre deux univers : les sphères où plane le poète épris d'idéal d'une part, un monde d'humains bornés et malfaisants d'autre part. Si l'oiseau évolue avec aisance dans un « azur » de beauté, le bateau affronte d'âpres « gouffres amers ». Cette posture de dénonciation fait de Baudelaire un poète maudit3.
Certains critiques jugent ce poème, par ailleurs célèbre, peu représentatif du génie baudelairien. La comparaison entre l'oiseau maltraité et le poète incompris leur paraît trop explicite. L'assertion « Le poète est semblable au prince des nuées » ne laisse aucune place à la suggestion. Les jugements les moins complaisants ne reculent pas devant les termes de « lourdeur », voire de « platitude ».
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