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Spleen et idéal, Baudelaire

Commentaire de texte : Spleen et idéal, Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  10 Mars 2012  •  Commentaire de texte  •  1 586 Mots (7 Pages)  •  6 048 Vues

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Introduction :

Ce poème est extrait de "Spleen et idéal", la deuxième partie du recueil Les Fleurs du mal. Cette partie évoque l'homme déchiré entre l'aspiration à l'élévation et l'attirance pour la chute, déchirement à l'origine de l'envie nommé spleen, indissociable de la condition humaine et qui finit par triompher. L'albatros traduit chez Baudelaire la conscience d'être différent des autres. Baudelaire a recours à une image très suggestive pour dépeindre sa propre condition dans une société qui l'ignore complètement. L'image de l'albatros capturé évoque l'idée d'un être totalement étranger au monde qui l'entoure. Baudelaire faisait partie de la génération des poètes maudits, c'est-à-dire non compris par les gens de son époque. Les trois premières strophes concernent l'albatros tandis que la dernière est dédiée au poète.

Lecture du texte

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Problématique : Il s'agira de découvrir la signification allégorique du poète.

Etude méthodique

I- La parabole du poète oiseau

A- Une double analogie ---- Une double comparaison Ce poème est fondé sur une double comparaison. L'albatros est personnifié étant donné que le poète est comparé à l'oiseau. Grâce à un réseau de personnification, les trois premières strophes comparent l'albatros à un roi déchu (" roi " vers 6), à un voyageur ailé tombé du ciel. La quatrième strophe explicite le symbole en faisant du poète, par une comparaison et une métaphore hyperbolique, un " prince des nuées " (vers 13) aux " ailes de géant " (vers 16). Exilé parmi les hommes, la vie de l'albatros apparaît donc comme une parabole qui définit l'existence du poète. Le poète et l'albatros sont associés dans la dernière strophe et cette association oblige à une réinterprétation : le voyageur ailé devient le poète, les hommes d'équipage : la foule et les planches : le théâtre social.

B- L'élévation -----Les thèmes du poète - La verticalité, l'aspect aérien. L'albatros est évoqué dans toute sa grandeur comme le confirme l'enjambement des vers 1 et 2 qui suggère l'immensité des espaces que l'albatros a à parcourir. Cette notion de grands espaces est renforcée par l'hypallage du vers 2 (" vaste oiseau des mers " = oiseau des vastes mers). - L'aspect sublime : Au-dessus de l'horizontalité médiocre (la société), l'oiseau donne une impression de majesté, fait de fluidité, comme l'eau sur laquelle vogue le navire mis en relief par l'harmonie suggestive du vers 4 en " v ", " s " et " f ". - L'isolement, la solitude : Il y a le monde d'en haut et le monde d'en bas et la communication entre les deux est difficile, voire impossible. - La situation de la victime : l'albatros mais en même temps, le poète est agressé par les moqueries des marins (vers 11 et 12) puis par l'archer et les nuées (vers 14 15).

II- Un univers soumis à de fortes tensions

A- Le jeu des antithèses -----Le jeu des antithèses Le poème de Baudelaire donne de l'albatros deux visions radicalement opposées : autant l'oiseau en vol est un oiseau majestueux à l'allure souveraine désigné par la périphrase du vers 16 : " les rois de l'azur ", autant lorsqu'il se pose il paraît ridicule : - les " ailes " du vers 7 qualifiés des deux épithètes " grandes " et " blanches " ? " les avirons (vers 8) ; - la beauté du vers 10 ? la laideur du vers 10 ; - du vol royal (vers 3), on passe au boitement de l'infirme (vers 12). Ces oppositions sont soulignées par des antithèses : - " roi " (vers 6) ? " maladroit " et " honteux " (vers 6) ; - le " voyageur ailé " (vers 9) ? "gauche " et " veule " (vers 9) ; - " naguère si beau " (vers 10) ? " comique " et " laid " (vers 10) de plus, ici, la rime intérieure croisée associe encore à l'idée de l'albatros celle d'un animal ayant perdu son rang et son titre de " roi " ; - " infirme " ? " volait " (vers

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