Ronsard - Douce beauté, meurtrière de ma vie

Objet d’étude 1 : Ecriture poétique et quête du sens, du Moyen-Âge à nos jours

Séquence 1 : Chanter l’amour en jouant avec les contraintes formelles

Problématique : En quoi la contrainte formelle enrichit-elle l’expression du sentiment amoureux ?

Lectures analytiques :

4) Ronsard, Douce beauté, meurtrière de ma vie, (Les Amours, CXXXC)

Douce beauté, meurtrière de ma vie,

En lieu d'un cœur tu portes un rocher.

Tu me fais vif languir et dessécher,

Passionné d'une amoureuse envie.

Le jeune sang qui d'aimer te convie,

N'a pu de toi la froideur arracher,

Farouche, fière, et qui n'as rien plus cher

Que de languir froide, et n'être point servie.

Apprends à vivre, ô fière en cruauté.

Ne garde point à Pluton ta beauté,

Quelque peu d'aise en aimant il faut prendre.

Il faut tromper doucement le trépas ;

Car aussi bien sous la terre là-bas

Sans rien sentir, le corps n'est plus que cendre.

Ronsard, Les Amours

(Introduction)

Biographie :

Ronsard

• 1524-1585
• issu de famille noble
• Deviens très vite page au service des enfants du Roi ; puis secrétaire d’un diplomate (Lazare de Baïf) : intégré dans le milieu des lettres
• Atteint de surdité, la carrière des armes lui est fermée
• Elève de tous les membres de la Pléiade tel que Dorat :

• La pléiade est à l’origine les 7 filles d’Atlas
• Le nom d’une constellation
• Par image, le groupe de poète prend ce nom
• Les plus célèbres sont Du Bellay et Ronsard

• Ils ont une vision commune de la création littéraire, ils s’opposent de manière générale à l’Eglise et l’Université
• En 1549, Du Bellay a écrit Défense et illustration de la langue française
• Ronsard se consacre à l’écriture et à l’étude, et imite la poésie antique
• En 1550, il écrit les 4 premiers livres des Odes
• En 1552, il écrit Les Amours (en s’inspirant de Pétrarque)
• En 1555, Continuation des Amours
• Peu de choses de sa vie personnelle
• Il a reçu les ordres mineurs, il ne peut donc pas se marier
• Amour pour Cassandre, amour pour Marie et amour pour Hélène, sont inspirés de femmes aussi bien réel que imaginaire
• En 1555, il écrit aussi des Hymnes, recueil de poésie d’éloge
• Il écrit aussi beaucoup de poésie de circonstances comme Marot
• Porte-parole de son temps
• Reste du côté des catholiques qu’il défend
• En 1562, il écrit Discours des misère de ce temps
• Il a connu qu’un seul échec celui de la Franciade, épopée en faveur de la France qu’il a publié inachevé sans trouvé le souffle épique
• Il se retire dans un prioré près de Tours
• En 1578, il publie le recueil intitulé Sur la mort de Marie, puis Sonnets pour Hélène (écrit sur la demande du Roi)
• En 1586, il écrit Derniers vers (posthume)
• On retrouve dans sa poésie le thème du Carpe Diem (profiter de l’instant qui passe)

L’œuvre

• Sonnet régulier
• Forme de rime italienne : ABBA ABBA ECE EED ; décasyllabes
• Le poète s’adresse à Cassandre, il lui reproche son insensibilité, sa froideur et l’invite à profiter de la vie avant de mourir
• Il reprends des motifs stéréotypés et s’inscrit dans une tradition (motif de la belle indifférente et du carpe diem)
• Dans les quatrains : il lui avoue son amour
• Dans les tercets : il l’invite à profiter de la vie
• Il termine sur une évocation concrète du corps après la mort

Douce beauté, meurtrière de ma vie,

Car tu me fais souffrir

En lieu d'un cœur tu portes un rocher.

Tu me fais vif languir et dessécher,

Tu me fais mourir

Passionné d'une amoureuse envie.

Diérèse

Le jeune sang qui d'aimer te convie,

(Il se désigne par « le jeune sang »)

N'a pu de toi la froideur arracher,

Je n’ai pu rien faire de ta froideur

Farouche, fière, et qui n'as rien plus cher

Opposition vie/mort

Que de languir froide, et n'être point servie.

N’être pas aimé en retour

Apprends à vivre, ô fière en cruauté.

Ne garde point à Pluton ta beauté,

Ne garde pas ta beauté pour quand tu seras morte

Quelque peu d'aise en aimant il faut prendre.

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