Rimbaud, « Sensations », Cahiers de Douai (1870)
Commentaire de texte : Rimbaud, « Sensations », Cahiers de Douai (1870). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Carl Aller • 14 Mai 2018 • Commentaire de texte • 751 Mots (4 Pages) • 2 546 Vues
Rimbaud, « Sensations », Cahiers de Douai (1870)
Intro : Poète majeur du XIXeme siècle, Rimbaud s'est illustré par sa personnalité, son itinéraire et la richesse de son oeuvre. Grande énigme de la littérature française, il doit sa notoriété à la façon dont il s'est approprié la poésie et à la façon dont il a voulu la renouveler. Génie précoce, il fait partie de ceux qui ont à peu près terminé leur oeuvre avant d'avoir 30 ans). Dès son adolescence, il donne donc trois grands chefs-d'oeuvre: Une Saison en Enfer, Illumination et Poésies publié en 1870 et d'où sont extraits "Les Cahiers de Douai". Dans ces cahiers, Rimbaud exprime son goût pour l'errance, et son désir de liberté. Ils font référence à la ville où vivait le poète Paul Demeny à qui Rimbaud les confia. C’est précisément de ce recueil qu’est extrait notre poème intitulé….
I) Le poète raconte ses désirs de fuite dans la nature :
1)Un récit qui fait appel aux sens
-Complément circonstanciel de temps : « par les soirs bleu d’été ». L’été évoqué par Rimbaud apparaît à plusieurs reprises dans ses poèmes, et notamment dans « Roman ».
L’été est une saison qui flatte les sens et qui permet au corps de s’épanouir.
L’été est aussi la saison des vacances pour l’écolier qu’est encore Rimbaud (le poème est daté de mars 1870, Rimbaud aura 16 ans en octobre).
Ce poème au futur est aussi celui d’un adolescent qui attend impatiemment la délivrance de l’été et des vacances.
L’été rimbaudien est très idéalisé. Il semble être d’une beauté parfaite. Le pluriel « les soirs » qui renvoie à « les sentiers » montre bien que Rimbaud ne fait pas référence à une expérience précise mais qu’il se projette dans un rêve.
-Champ lexical du toucher : « fraîcheur », « baigner »/verbe de perception : « je sentirai ».
Ces mots évoquent la sensualité naissante de Rimbaud qui se projette dans une expérience essentiellement physique : c’est surtout le sens du toucher qui est convoqué dans ce poème. Le bonheur qu’il évoque est un bonheur sensuel.
-Métaphore : « le vent baigner ma tête nue ».
Le mot « baigner » renvoie à celui de « fraîcheur ». Le vent a une action bienfaisante sur le poète : il l’enveloppe est rafraîchit sur sa tête. La nature prend ici un aspect réconfortant et maternel.
-Mots sonores : « picoté »
Le choix de mots est important. En effet, les sonorités de ce mot en -k et en -t miment non seulement les piqûres des tiges de blé entre ses mollets et ses pieds mais également le craquement de cette tige sur le passage de Rimbaud.
Grâce à ces jeux de sonorités, le poète créer une poésie suggestive qui permet aux lecteurs de ressentir les mêmes émotions que lui.
2)Des désirs simples
-Forme négative : « je ne parlerai pas, je ne penserais rien ».
La brièveté et la sécheresse de ces deux propositions juxtaposées souligne le refus du poète d’intellectualiser son bonheur. Le bonheur s’éprouve physiquement. Il n’est pas une construction de l’esprit. Son texte se présente comme une poésie du corps, brute et spontanée.
-Lexique du corps dénudé : « mes pieds », « tête nue ».
Rimbaud esquisse ici un portrait physique de lui-même. Il a l’apparence d’un vagabond, d’un marginal, sans chapeau ni chaussures.
Mais le fait d’avoir la tête et les pieds nus renforce ainsi l’aspect sensuel du voyage dans la nature. En effet Rimbaud et en contacte directe avec l’herbe et le vent. Il fusionne avec le
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