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Quelles relations la poésie peut-elle entretenir avec les arts ?

Dissertation : Quelles relations la poésie peut-elle entretenir avec les arts ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  7 Octobre 2020  •  Dissertation  •  580 Mots (3 Pages)  •  523 Vues

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Objet d'étude : Écriture poétique et quête du sens du Moyen Age à nos jours

Problématique : Quelles relations la poésie peut-elle entretenir avec les arts ?

TEXTE n°2  :  Francis CARCO (1886-1958), « Cirque », VI « Les jours et les nuits », Poèmes en prose, Albin Michel, 1958.

Avec son riche panneau de velours cramoisi* brodé de fils d'argent, sa vaste croupe et la jeune écuyère qui salue gentiment la foule durant un premier tour de piste, le gros cheval entre au trot dans l'arène sur un rythme bien scandé. Ses lourds sabots font voler la sciure dont l'odeur se répand jusqu'en haut des gradins.[…] L'orchestre, bien qu'excellent, moud des airs qu'on n'entend plus qu'ici : des vieux airs que les bêtes connaissent depuis le dressage. Valses, polkas, mazurkas, paso-doble. C'est de tout repos : la terre est ronde. Le gros cheval tourne dans le sens des aiguilles d'une montre.

 Mlle Zizi, la plus jeune écuyère de la troupe, exécute le saut périlleux, passe au travers de cerceaux dont elle crève le papier et sur ses minces poignets d’enfants accomplit, dans son maillot rose, un rétablissement de style avant d’envoyer des baisers autour d’elle puis, enfin d’arrêter la monture avec la même grâce et la même innocence qu’elle a montrées au cours de son exhibition.
- Ah ! Ah ! Monsieur Lionel vraiment, c’est épatant, n’est-ce pas ? s’exclame bruyamment un Auguste*. J’adore cette numéro.
- Je pense : il le mérite.
- Mais il faut que je vous dise. J’adore également la jolie Mlle Zizi et je voudrais vous demander sa main.
Gantée de blanc, celle de M. Lionel s’abat sur la face du pitre. Des gens s’esclaffent. Mais les cuivres de l’orchestre attaquent un air plus vif et le numéro continue.
Cette fois Auguste débordant d’allégresse*, se lance à la poursuite de Mlle Zizi, tombe, rebondit sur ses pieds, s’essuie, refait bouffer les plis de son pantalon et repart comme un fou.
- Ce n’est pas raisonnable, se contente de dire M. Lionel.

Son fouet claque. On comprend, on admet qu’un clown ne possède aucune chance de séduire une étoile. Celle-ci par son dédain de l’hommage qu’Auguste lui rend publiquement, établit des distances qu’il ne saurait franchir. Plus il court, plus l’étoile l’ignore jusqu’à ce que, n’en pouvant plus, le malheureux se jette à genoux, tire de sa poche un revolver énorme, l’appuie contre sa tempe : le coup part.
- Hop ! lance d’abord d’une voix sèche l’acrobate.


Saut en avant. Saut en arrière. Place au cirque ! Qu’est-ce qu’un amoureux pour la foule ? Mlle Zizi se dresse adroitement sur les pointes puis se renverse en ondulant jusqu’à ce que son frais minois* surgisse entre ses cuisses et que ses deux épaules se coulent, l’une après l’autre, par la même issue : soudain, lâchant le panneau, elle se redresse, flexible, sur ses bras minces et retombe enfin sur ses pieds.
- Et voilà, crie Auguste qui toujours éperdu d’amour, cesse de faire le mort et s’incline jusqu’à terre avec un gros bouquet qu’il s’est procuré on ne sait où. Bravo !

J'aime le cirque, ses jeux, ses odeurs, ses lumières. Bêtes et gens y contribuent au même ensorcellement.[…]

Francis CARCO, « Cirque », VI « Les jours et les nuits », Poèmes en prose, Albin Michel, 1958.

* cramoisi : rouge profond ;  Auguste : clown portant un costume déformé, des souliers en bateau et une chevelure hirsute, qui donne souvent la réplique au clown blanc ; allégresse : joie intense ; minois : visage délicat.

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