Procès de Mme de Bovary de Baudelaire, 1857
Commentaire d'oeuvre : Procès de Mme de Bovary de Baudelaire, 1857. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Stellix • 6 Novembre 2022 • Commentaire d'oeuvre • 1 095 Mots (5 Pages) • 328 Vues
Autour du texte
1857 est une date importante dans l'histoire de la littérature : c'est à la fois la publication et le procès de Madame Bovary de Flaubert et des Fleurs du mal de Baudelaire. Dans les deux cas, l'accusation est la même: « Le livre de M. Charles Baudelaire intitulé Les Fleurs du mal, est un défi aux lois qui protègent la religion et la morale. » Dans les deux cas, le réquisitoire, prononcé par maître Pinard, est identique. Maître Gustave Chaix D'Est-Ange défend avec fougue Baudelaire. Pourtant, alors que Flaubert est acquitté, Baudelaire est condamné à retirer certaines pièces du recueil.
Quelles pièces du recueil Baudelaire a-t-il dû retirer? pourquoi selon vous?
Baudelaire a dû retirer six pièces de son recueil : « Lesbos », « Femme damnées « (Delphine et Hippolyte), « Le Léthé », « À celle qui est trop gaie », « Les Bijoux » et « Les Métamorphoses du vampire ». Les raisons étaient essentiellement morales : on reprochait à Baudelaire une évocation trop crue des amours féminines et un érotisme trop brûlant.
Pour comprendre ce jugement, il faut rappeler que la France traverse alors une crise morale : tandis que sous le Second Empire (1852-1870), le pouvoir politique s'allie au pouvoir religieux catholique romain, la réflexion scientifique évolue vers l'athéisme; sous l'influence de la philosophie allemande, le nihilisme est introduit en France, mais le romantisme n'a pas perdu son prestige idéaliste. Alors que Victor Hugo est tenté par une vision profondément religieuse qui sauve l'homme, d'autres, tel Courbet avec Un Enterrement à Ornans, mettent l'homme face au néant. Baudelaire montre l'homme à la croisée de ces contradictions, entre aspiration vers le Bien et aspiration vers le Mal, certitude du néant, fascination pour l'Invisible et l'Inconnu.
I-Le titre
Par opposition aux titres explicites de Victor Hugo, Baudelaire choisit un titre plus énigmatique.
Étudiez tout d'abord la structure de l’expansion nominale : quel lien est induit entre le nom et son complément ? Comparez avec les expressions « fleurs des champs », « fleur de farine », « fine fleur », « fleurs naturelles », « fleurs artificielles », « fleur de l'âge ».
Un compliment de nom peut avoir un sens d'origine, de cause, de but, de moyen ou autre. Qu’en est- il ici ?
Le mot « fleur » a déjà été commenté à l’occasion de la réflexion sur « anthologie », recueil » et «florilège». Il ne surprend donc qu’à moitié. Cependant, ici, le mot s’accroît d’une « expansion nominale ». Quel est le sens du complément « du mal » ? Marque-t-il l’origine : les fleurs issues du mal, ou de l’Enfer ? Marquet-il la cause : les fleurs causées par le mal ou le Malin ? Marque-t-il le lieu : les fleurs du mal poussent sur le mal comme d’autres poussent dans les champs ? Marque-t-il la possession : les fleurs qui appartiennent au mal comme on dit le « livre de Pierre » ? Marque-t-il un affect subjectif ou objectif : quand on dit la crainte des ennemis cela peut signifier la crainte qu’on a des ennemis (génitif subjectif ) ou la crainte que les ennemis ont de nous (génitif objectif ) ; ici les fleurs appartiennent-elles
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