Pourquoi les auteurs écrivent-ils?

D.M de Français

Dissertation

Pourquoi les auteurs écrivent-ils ? Tout écrivain doit se poser cette question. Dans sa préface des Caractères, La Bruyère donne une réponse à cette interrogation : « On ne doit parler, on ne doit écrire que pour l’instruction. » Mais la négation « ne...que » donne un ton catégorique sans appel.

Ne doit-on écrire que pour instruire ou y’a-t-il un autre objectif ? Cette question incite à s’interroger sur le travail de l’écrivain. Nous verrons d’abord qu’écrire sert à instruire, puis nous verrons si l’écriture a d’autres rôles et enfin nous verrons que l’on peut plaire pour mieux instruire. Écrire n’a-t-il qu’un rôle d’instruction ? N’y a-t-il pas d’autres objectifs à l’écriture, comme plaire par exemple? L’écriture ne doit-elle pas utiliser les moyens plaisants pour mieux instruire ?

Le verbe « instruire » prend de nombreuses significations. En quoi la littérature répond-elle à ces divers sens ?

Instruire, c’est d’abord informer. Ainsi les écrivains, se donnent pour mission de faire part de leurs expériences de la vie comme Les Liaisons Dangereuse de Pierre de Choderlos de Laclos. Les auteurs parlent alors des débats qui agitent leur époque. Ils le font à travers des genres variés. Au siècle des Lumières notamment, se multiplient les essais et traités : Rousseau écrit Le Contrat social. La littérature permet ainsi de mieux connaître son temps. L’information passe parfois par des moyens plus indirects : Beaumarchais qui dans Le Mariage de Figaro nous décrit l’aristocratie. Elle apporte aussi des connaissances sur d’autres cultures : Montaigne parle de sa rencontre avec trois sauvages venus visiter la France dans ses Essais

Instruire, c’est aussi apprendre à traiter l’information, c’est-à-dire à jeter un regard critique sur le monde. De nombreux auteurs dépassent la simple information pour susciter la réflexion critique sur les vices de leur temps, ainsi dans les Pensées de Blaise Pascal qui nous prend l’exemple du roi pour savoir s’il est vraiment heureux. Au XVIIe siècle, La Bruyère dans ses Caractères souligne les travers de la Cour. Molière ridiculise les nobles et les bourgeois L’Avare, La Fontaine, dans ses Fables, ridiculise les défauts de son époque « Les Animaux malades de la peste » ou l’auteur utilise une personnification. Staël dans l’influence des passions sur le bonheur de l’individu et des nations  nous distingue deux types de passions : celles qui sont destructrices, et celles qui sont bonnes. La littérature devient alors une arme de lutte contre les abus et incite le lecteur à rejoindre ces combats. Combat contre les autodafés dans Candide de Voltaire qui sont des rituels que les hommes utilisent pour soi-disant calmer la fureur de Dieu ou contre l’esclavage avec la rencontre avec le nègre de Surinam ou encore les horreurs de la guerre ou Voltaire décrit la guerre de façon héroïque mais cache une face très sombre.

Instruire vise à donner une vision du monde, de l’homme et de sa condition en général. Les écrivains expriment leur conception du monde et de la condition humaine. Ainsi, Molière, décrivent les vices humains : il y a l’avare, le malade imaginaire, l’hypocrite. Ces écrivains se donnent alors comme objectif de « corriger les hommes ». Cette vision du monde amène le lecteur à tirer une philosophie de vie qui doit se concrétiser dans le respect de certaines valeurs. La littérature mène le lecteur à se transformer.

Écrire, c’est donc bien remplir les diverses formes de l’instruction, en faisant partager ses connaissances, en dénonçant des problèmes mais aussi en donnant une vision du monde.

Mais il ne faut pas assigner à la littérature qu’une fonction d’instruction. Ecrire est une activité artistique aux objectifs plus larges.

Le principe des auteurs classiques n’est pas que d’instruire : pour Molière, il s’agit bien d’« instruire et  plaire ». « Corriger les mœurs » en riant : écrire, c’est aussi divertir, pour oublier sa condition de mortel, notamment les récits fantastiques comme le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde.

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