Peut-on continuer à promouvoir les grands centres commerciaux?
Dissertation : Peut-on continuer à promouvoir les grands centres commerciaux?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Bluette Proto • 8 Juin 2017 • Dissertation • 1 601 Mots (7 Pages) • 730 Vues
Dissertation n°2[1]
« Faut-il promouvoir la construction de grands centres commerciaux tels que Rive Gauche qui vient d'ouvrir ses portes à Charleroi ? »
L'ouverture en mars 2017 de Rive gauche attire plus de 60.000 de visiteurs , pour découvrir un complexe proposant une centaine de magasins sur 40.OOO m2. Avec un parking accueillant plus d'un millier de voitures et un hôtel de luxe à venir, tout cela pour 110 millions d'euros.[2]1 Peut-on continuer, comme nous le voyons ici, à promouvoir ce genre de projet ? Pour répondre à cette question, nous verrons d'abord en quoi les centres commerciaux présentent certains avantages, avant de nuancer ce propos.
Voyons ensemble les utilités reconnues de ces grands magasins.
Tout d'abord, il est vrai que ceux-ci sont pratiques pour plusieurs raisons : ils rassemblent de nombreux produits de différentes marques, qualités et prix en un seul et même endroit. Ils sont accessibles en voiture mais aussi aux personnes à mobilité réduite grâce aux nombreux ascenseurs et escalators présents dans ce type de lieu.
Ils représentent un gain de temps pour l'acheteur car il a face a lui pratiquement tout ce dont il pourrait avoir besoin. Ce qui lui permet de faire ses courses en une fois.
De plus, ces grands centres dynamisent l'économie d'une région. Ils offrent à celle-ci un large choix de nouveaux emplois pour ses habitants .
Ils permettent aussi d'investir dans un projet à but lucratif qui peut aider a faire grandir l’économie de la région .
Enfin, cela renforce l'attraction de cette zone. En effet, une région est beaucoup plus attrayante lorsqu'elle propose ce genre de complexe commercial. Par exemple, aux États-Unis certaines personnes se rendent dans des centres commerciaux simplement pour y passer la journée. Certains ont même été conçus avec des attractions comme des montagnes russes au sein même de leur grand magasin. D'autres proposent aux consommateurs des spectacles à sensation.[3]2 Tout cela dans le but de les attirer chez eux. C'est donc un point fort pour une province de pouvoir proposer un endroit de ce genre. Cela montre sa modernité, son potentiel
d'hospitalité,..
Nous venons de voir les points positifs évidents des centres commerciaux mais voyons maintenant le revers de la médaille.
D'abord, ces grands centres fragilisent les rapports sociaux et humains. En effet, je pense qu’étant des temples de la consommation, ceux ci bouleversent le rapport qu'a l'individu face à l'achat. Certes l'acheteur est dans un lieu où tout est à sa disposition mais où il est aussi entouré de publicités, de rayons alléchants. Ces stratégies commerciales sont mises en place pour qu'il aie des besoins soudains, compulsifs, qui sortent du cadre de la simple nécessité.
Consommer est donc devenu une activité récréative qui réduit l'individu à son rôle de simple consommateur se baladant dans un endroit certes commode, mais surabondant. Ce qui fait qu'il est sujet à des frustrations. Cet univers aliénant le fait consommer à outrance et cela est fortement déshumanisant. Cette citation de Jacques Delors[4]1, un homme politique socialiste appuie mon opinion : « La société de consommation a privilégié l'avoir au détriment de l’être. »
Par ailleurs, le contact social est transformé. Étant donné que ce lieu est conçu pour gagner du temps, l'acheteur n'a pas la possibilité de discuter avec le vendeur, ni de crée de lien. Pourtant il est évident qu'il est important de parler, d'échanger, de pouvoir s'informer sur ce que l'on achète. Ce rapport humain est évidemment possible dans un magasin à plus petite échelle. L'individu n'est plus vu comme un consommateur standard, répondant aux mêmes besoins que les autres, manipulé par de grandes enseignes, mais bien comme une personne a part entière. Il se sent concerné car il peut discuter avec celui qui lui fournit son acquisition. Il peut se renseigner sur la provenance de celle-ci, etc,..
Ainsi, quelqu'un ayant besoin de contact humain, serait fort perdu dans un centre commercial où chacun consomme individuellement. Alors que par exemple, une épicerie de quartier pourrait être a elle seule un repère de contacts humains vivants, mixant différentes cultures et types d'acheteurs.
De plus, ces grandes surfaces ont aussi des désavantages économiques. Elles proposent certes de nouveaux emplois mais malheureusement au détriment de ceux des commerçants indépendants. En effet, les centres commerciaux se trouvant la plupart du temps en périphérie des villes, ils délocalisent l'économie urbaine hors de celles-ci. Ceci détruit donc le rendement des petits commerçants qui doivent payer un loyer, des charges,.. Cela ruine les efforts consentis pour continuer à développer le cœur de la ville, où les liens se créent, où les commerçants s'ancrent dans la localité, la vie de quartier, contribuent par leur commerce à créer et diversifier le tissu urbain,.. Au lieu de cela, ces centres font affluer les consommateurs hors de leur zone. Si bien que John Joos[5]2, le conseiller communal de Mons, a déclaré après avoir vu les petits commerces de sa ville fermer tour à tour à cause d'un grand magasin de faubourg, que, : « De très sérieuses études qui sont faites aujourd'hui prouvent qu'un emploi créé dans une multi-nationale détruit 3,5 emplois dans les petites et moyennes entreprises. » On voit donc que ce sont finalement de faux emplois car si il faut en favoriser un pour un perdre quatre, cela va a l'encontre d'une dynamique économique. D'autre part, les grandes enseignes proposées dans ces complexes sont internationales, certes implantées localement mais qui peuvent décider de se retirer si ce n'est pas assez rentable. D'ailleurs plusieurs centre commerciaux ferment leurs portes après environ une dizaine d'années, ce qui fait réfléchir au coût de l’investissement gigantesque de ceux-ci.
...