Nuit rhénane
Commentaire de texte : Nuit rhénane. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar eve0602 • 18 Mai 2021 • Commentaire de texte • 1 157 Mots (5 Pages) • 625 Vues
Explication de texte Nuit rhénane
Intro
Le poème Nuit rhénane a été publié par Guillaume Apollinaire dans le recueil Alcools en 1913. Il s’inspire à la fois de légendes du folklore germanique et de la vie amoureuse du poète avec son amour malheureux pour une jeune gouvernante anglaise nommée Annie Playden. Dans ce poème composé de 13 alexandrins, le poète, probablement sous l’influence de l’alcool, lutte contre des visions inquiétantes qui l’assaillent.
Lecture
Nuit rhénane
Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme
Écoutez la chanson lente d’un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu’à leurs pieds
Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n’entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l’or des nuits tombe en tremblant s’y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l’été
Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire
Guillaume Apollinaire, Rhénanes, Alcools, 1913
Projet de lecture
La dimension fantastique de ce poème permet d’exprimer une souffrance amoureuse (dimension lyrique).
(Définition et caractéristiques du fantastique : C’est l’intrusion du surnaturel dans un cadre réaliste.
L’élément étrange est souvent ambigu car il peut être interprété de deux façons : soit on l’explique rationnellement (erreur, rêve, hallucination, folie) soit de façon surnaturelle (l’événement étrange est bien de nature surnaturelle et est considéré comme réel). Ici les fées peuvent être considérées comme le fruit d’une hallucination, peut-être due à l’ivresse du poète, ou alors comme réelles : elles chercheraient alors à séduire le poète, à l’envoûter, l’ensorceler.)
Analyse linéaire
V1 : Ambiguïté propre au fantastique : le poète est-il ivre ? Son verre est plein, on n’est donc pas sûr qu’il ait déjà bu de l’alcool.
« Trembleur » : personnification du vin ; il apparaît comme trompeur, manipulateur, maléfique. Il marque le début de l’hallucination du poète, ou le début de l’intrusion du surnaturel.
« comme une flamme » : comparaison entre le vin et la flamme : fusion de deux éléments (eau et feu) qui évoque soit un trouble mental, soit quelque chose de magique
V2 : « la chanson lente » : lenteur qui évoque la douleur amoureuse chez Apollinaire : La souffrance semble empêcher le temps de s’écouler, cf Pont Mirabeau, Les colchiques, Automne…
« batelier » : évocation de Charon, le nocher, qui, dans la mythologie grecque fait traverser le Styx aux âmes des morts ?
V3-4 : vision surnaturelle qui émane de la chanson : la lune : cadre inquiétant, magique ; sept femmes : chiffre sept souvent utilisé dans la magie, le surnaturel (sept péchés capitaux, chandelier à sept branches….) ; verbe tordre (placé en début du vers et comportant un accent tonique : impression de violence) ; longueur des cheveux : érotisme (cf Raiponce, La chevelure de Maupassant, Les poèmes de Baudelaire (Un hémisphère dans une chevelure….) ; couleur des cheveux : verts : dimension surnaturelle, on a affaire à des créatures aquatiques (Nixes, Ondines, Filles du Rhin…)
[pic 1]
V5 : Evocation d’un cadre réaliste rassurant : présence de convives, de chants, d’une danse faite en groupe, cercle rassurant de la ronde ; le poète en outre considère cet univers comme familier puisqu’il lui donne des ordres : « Debout, chantez », il considère donc qu’il le maîtrise.
V6 : lutte contre l’univers fantastique du chant du batelier : le poète ne veut plus l’entendre, il veut résister à sa séduction.
V7-8 : le poète s’adresse aux convives et leur donne des ordres : « mettez » ; il oppose les sept femmes aux filles blondes (terme « femmes » plus inquiétants que « filles » ; cheveux verts – blondes ; cheveux longs - nattes repliées) ; ces filles sont rassurantes car elles sont vues comme des objets, sans intériorité : elles ont le regard « immobile » et sont complément d’objet du verbe mettre qu’on emploie normalement pour des objets.
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