Comparaison de la pièce de théâtre Dom Juan de Molière et La Nuit De Valognes de Schmitt
Dissertations Gratuits : Comparaison de la pièce de théâtre Dom Juan de Molière et La Nuit De Valognes de Schmitt. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 20 Novembre 2012 • 667 Mots (3 Pages) • 2 569 Vues
de femme en femme, c’est qu’il ne trouve pas ce qu’il cherche, parce qu’il ne sait même pas qu’il le cherche » (p. 64). Don Juan répond : « Je ne cherche rien, je prends, je cueille les pommes sur l’arbre et je les croque » (p. 68). (Cela rappelle une citation d’un auteur fort donjuanesque, Alfred de Musset, dans André del Sarto : « il n’y a d’heureux que les enfants qui cueillent un fruit et le portent à leurs lèvres sans penser à autre chose, sinon qu’ils l’aiment et qu’il est à portée de leurs mains ».) Il reconnaît que le plaisir est autorisé seulement aux forts, sans quoi il n’y aurait « Plus personne pour travailler, pour suer, pour se battre » (p. 69).
En annexe, l’auteur s’explique dans un entretien avec Pierre Brunel : « on ne s’était jamais servi de Don Juan pour interroger l’identité sexuelle ! […] Nous nous pensons hétérosexuel ou homosexuel, mais sommes-nous à l’abri d’une surprise ? » Il s’explique sur l’influence de Diderot et de l’opéra dans son écriture. Selon lui, Don Juan reste hétérosexuel, et n’a pas compris sur le coup ce qui lui arrivait, alors que « Le chevalier comprend donc très vite ce qui leur arrive et, en éprouvant de la honte, il se suicide ». Enfin, Éric-Emmanuel Schmitt revendique un certain militantisme : « mon discours prône la liberté absolue et la tolérance, et je doute qu’il puisse plaire aux religions très frileuses voire congelées sur ces questions de mœurs. Excepté le bouddhisme… » On se permettra de douter de ces vœux pieux : non seulement le bouddhisme est tout aussi « congelé » que nos monothéismes, mais il ne fait aucun doute que ce jeune homosexuel se suicidant par honte ne fasse hocher la tête de satisfaction à toutes les statues de commandeurs ! La vision donnée par Éric-Emmanuel Schmitt de l’homosexuel est plutôt décalée par rapport aux libertins, du moins si l’on en croit Maurice Lever, le spécialiste du XVIIIe décédé en janvier 2006, auteur des Bûchers de Sodome. Dans le fond comme dans la forme, La Nuit de Valognes me semble avant tout destinée à émoustiller les visons familiers des théâtres privés du huitième arrondissement de Paris. Cependant cette pièce a le mérite de soulever une question qui passionnera les élèves. Cette année, comme je faisais étudier en première la pièce de Molière, j’ai évoqué en passant — et en citant cette pièce — les interprétations homosexuelles du personnage. Quelle a été ma surprise, en corrigeant les devoirs de fin de séquence (commentaire sur la tirade de la séduction I, 2) : cinq élèves avaient consacré le fameux « élargissement du sujet » de conclusion à cette question !
Rien à voir, mais en 2012, on peut voir une belle pièce, un monologue intitulé Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, au théâtre Rive Gauche à Paris et sans doute en tournée. Francis Lalanne l’interprète brillamment, plus d’une heure et demie sur scène, toujours passionnant, interprétant tous les personnages. Bravo !
Cet ouvrage bénéficie du label « Isidor ».
Lionel Labosse
Voir en ligne : Le site d’Éric-Emmanuel Schmitt
P.-S.
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