Nuit Rhénane, d’Apollinaire
Commentaire de texte : Nuit Rhénane, d’Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar rimou261298 • 21 Juin 2016 • Commentaire de texte • 1 168 Mots (5 Pages) • 3 499 Vues
Lecture Analytique 1 : Nuit Rhénane, d’Apollinaire
Intro : Le 19ème siècle a vu fleurir plusieurs mvt poétiques dont le symbolisme qui tente de stimuler l’imaginaire et met l’accent sur le psychique (rêve, fantastique etc.). Apollinaire est l’un des principaux poètes de ce courant poétique, il renvoie dans son recueil Alcools à son voyage en Allemagne et marque notamment dans son poème « Nuit Rhénane » sa fascinat° pour les légendes et le folklore allemand qui fut une véritable inspirat° pour lui.
Pb : En quoi ce poème permet-il de faire un lien entre poésie et quête de sens ?
En quoi Apollinaire renouvelle-t-il le lyrisme ?
- En quoi ce texte est-il un texte poétique ?
- Par la musicalité :
- Rimes suffisantes tout au long du poème : “ batel-i-er” (v. 2 et 6) et
“ pi-eds” (v. 4) ; fl-a-mme“ (v. 1) et « fe-mmes “ (v. 3)“ ; “ m-i-rent” (v. 9) et ”mour-i-r” (v. 11)
- V. 2 et 6 : Synérèse : "Batelier"
V.8 : Synérèse également : “ repl-iées”
- Allitération en V à la première strophe : “ verre” et “vin “ (v. 1), puis “avoir vu” (v. 3) et enfin “ cheveux verts” (v. 4) : discours bredouillant d’un homme ivre. Le poète est-il ivre de vin ou de poésie ? En tout cas, il demeure sensible à la magie de l’instant, comme le prouve cette répétition d’une consonne douce : la lettre v.
- Assonance en i : En dépit du vin, le poète reste totalement éveillé aux manifestations poétiques : v. 9 : ‘’Le Rhin le Rhin’’ (v. 9), crie-t-il, comme pour attirer l’attention sur un spectacle extraordinaire : C’est celui du fleuve qui « est ivre où les vignes se mirent », comme si le fait de constater la présence de vignes sur le rivage accentuait l’ivresse (poétique), au point que le fleuve lui-même semble y participer.
- Par les images :
-« vin trembleur comme une flamme » (v. 1) : cette comparaison et personnification rappelle la chaleur de l’ivresse et le mvt hésitant de la main d’un homme ivre.
- Personnification du Rhin : “ le Rhin est ivre” (v. 1). Partant du verre du poète, l’ivresse « contamine » le Rhin, qui devient ainsi lui-même un personnage qui serpente dans le décor et le poème.
- V.10 : "l’or des nuits" : Métaphore qui désigne les étoiles + Personnification des étoiles “ en tremblant”
- Comparaison V. 13 : Le vin a atteint son but : faire rêver le poète ; ce but accompli, le verre n’est plus utile ; alors il se brise.
- L’alcool, moyen pour accéder à la rêverie / d’oublier ses peines :
Le poème s'ouvre et se ferme sur le verre de vin (vers 1 et 13) qui donne à la réalité l'incertitude de l'hallucination, la coloration du rêve + lieu (cabaret, lieu d’ivresse)
- « mon verre » : 1er mot : donne le ton du poème
- Sensation d’ivresse : Champs lexical du vin : “ verre” (v. 1 et 13) ; “ vin” (v. 1) , “ vignes” (v. 9) ; “ ivre” (v. 9).
- Champ lexical du mouvement : “ trembleur” (v. 1) ; “ tordre” (v. 4) ; “dansant une ronde “(v. 5)“ ; tremblant” (v. 10)… : le poète est rendu si vivant, si plein d’inspiration, qu’il clame son pouvoir de chanter pour les autres, "ces filles blondes" (v. 7) demeurant étrangères aux visions du poète avec leur "regard immobile" (v. 8). Cet appel au mouvement permettrait au poète d’échapper à la réalité banale du "chant du batelier" (v. 6)
Transition : Le vin permet à Apollinaire de livrer une vision fantastique du décor qui l’entoure. Il accède ainsi à une sorte d’intériorité qui lui permet d’exprimer le lyrisme qui l’habite.
- Le fantastique :
- Ses représentations
- "lune" (v. 3) : l’astre baigne la scène d’une lueur fantastique
- "vu sous la lune sept femmes" (v. 3) : évocation de la Lorelei, personnage fantastique de la mythologie allemande ; ces êtres surnaturels auraient les "cheveux verts et longs jusqu’à leurs pieds" (v. 4)
- "Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire" (v. 13) : cette comparaison entre le bris du verre et un éclat de rire peut avoir un autre sens : le bris du "vers" (homophone de "verre"), qui signifie la fin du poème.
- "incantent" (v. 12) : ce néologisme est construit sur la combinaison de "chant" et de "incantation": il marque une rencontre entre le monde réel et le monde fantastique, tout comme le néologisme "à en râle-mourir" (v. 11), qui signifie que le batelier semble, dans cette nuit si particulière, décidé à chanter jusqu’à la mort.
- "regards immobiles" (v. 8) : ce sont les regards des filles blondes, celles de la réalité, qui semblent contraintes à l’immobilité par quelque maléfice…
Interprétation : Les femmes, qu’elles soient réelles ou qu’elles relèvent de la légende et du mythe, semblent obséder le poète, et le maintiennent sous un charme dont il veut échapper, s'abstraire de la fascination qu'elles exercent sur lui. Référence probable à l’amour contrarié qu’il a eu, durant son séjour en Allemagne, pour une jeune fille anglaise, Annie Playden.
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