Explication Nuit rhénane - Apollinaire
Commentaire de texte : Explication Nuit rhénane - Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Tutur Buren • 15 Septembre 2021 • Commentaire de texte • 2 120 Mots (9 Pages) • 942 Vues
Objet d’étude : La Poésie du XIXe au XXIe s.
Apollinaire, Alcools
Texte 1 : « Nuit rhénane »
Situation du passage :
Ce poème témoigne des origines du recueil Alcools publié en 1913. C’est
le premier poème de la section « Rhénanes », écrite après le séjour d’Apollinaire
en Rhénanie en 1901. Cette section est organisée par paires symétriques autour de
« La Loreley », « Nuit rhénane » est en correspondance avec le dernier texte « Les
femmes » : les deux poèmes proposent deux nocturnes rhénans, où le merveilleux
se mêle au quotidien.
Engagé comme précepteur d’une jeune fille de la noblesse allemande, celuici tombe amoureux d’Annie Playden, la gouvernante anglaise qui prend peur
devant la violence de la passion du jeune homme et le repousse. Cette section
présente ainsi une tonalité résolument élégiaque qui le fait s’inscrire dans une
longue tradition poétique.
Néanmoins dès le début s’affirme aussi le caractère novateur du recueil.
Apollinaire s’inscrit dans une tradition poétique mais en déjoue les attentes.
Le poème est formé de treize vers, répartis en trois quatrains suivis d’un
vers isolé ; on peut donc le considérer comme un sonnet-fantôme (= texte construit
en partie selon les règles traditionnelles du sonnet).
C’est un poème de la vie quotidienne. Il évoque une beuverie dans une
taverne située au bord du Rhin ; l’ivresse entraîne la plongée progressive dans un
monde surnaturel inquiétant, celui de la mythologie germanique.
Lecture à voix haute.
Explication linéaire du passage :
Projet de lecture : En quoi les différentes interprétations possibles du
dernier vers peuvent-elles modifier notre compréhension du poème ?
Structure du texte :
Le texte s’articule en trois mouvements :
La première strophe suggère l’apparition d’un monde surnaturel (v. 1-4) qui
progresse en intensité dans la troisième strophe (v. 9-12).
La strophe centrale marque un sursaut pour échapper à l’irrationnel (v.5-8).
L’interprétation du dernier vers modifie notre compréhension du poème.
I – La première strophe suggère l’apparition d’un monde surnaturel.
1) Origine du surnaturel. Cette origine est double :
« Mon verre » (v. 1) : Le cadre évoqué est une taverne au bord du Rhin, où
le poète (cf. « Mon » v. 1) contemple son verre empli de vin, entouré de plusieurs
compagnons de beuverie (cf. l’impératif « Ecoutez » v. 2). La première origine du
surnaturel est donc l’ivresse.
L’effet du vin – à savoir tremblement, vision vacillante et floue – est
suggéré par l’adjectif vieilli « trembleur » (v. 1). Cet adjectif se rapporte au mot
« vin », mais en fait peut être appliqué au poète.
Le tremblement est par ailleurs souligné :
par les sonorités : allitérations en /v/ et /f/, ainsi qu’en liquides (/l/ et /r/)
par le rythme des vers, quelque peu déstructuré : v. 1 = rythme ternaire (4
+ 4 + 4) // v. 2 et 4 = absence de césure médiane
Le vers 2 fait ensuite référence à la « chanson lente d’un batelier ». C’est la
deuxième source du surnaturel.
La lenteur de cette chanson lui confère en effet un caractère envoûtant.
Cette lenteur est suggérée par :
le double enjambement (v. 2 / 3 ; v. 3 / v. 4)
les nombreuses consonnes nasales et voyelles nasalisées (« chanson lente..
raconte.. longs ») qui créent un effet d’écho tout au long de la strophe.
2) Un climat de mystère
Les mots « nuit », « flamme » et « lune » suggèrent un éclairage étrange.
La scène est plongée en partie dans une obscurité propice au surgissement du
surnaturel.
Le chiffre « sept » est un chiffre magique.
La couleur verte est inhabituelle pour des cheveux ; associée à la blancheur
de la lune – astre traditionnellement considéré comme maléfique – elle a quelque
chose de macabre.
Le verbe « tordre » implique un mouvement violent, voire un accès de
démence.
La première strophe plonge donc le lecteur dans un monde mystérieux,
celui de la mythologie germanique. Les « sept femmes » en question sont des
Ondines, que la mythologie germanique fait vivre au fond du Rhin dans un palais
de cristal où elles attirent à elles et retiennent prisonniers pêcheurs et chevaliers.
La couleur de leur chevelure révèle leur origine, à savoir le Rhin : elle se confond
avec l’eau du fleuve qui l’imprègne ; c’est pourquoi, au sortir du Rhin, elles
doivent la « tordre » (v. 4).
L’apparition de ces femmes correspond
...