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Commentaire de texte Nuit Rhénane de Guillaume Apollinaire

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Par   •  2 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  2 102 Mots (9 Pages)  •  909 Vues

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ROZBORSKI Tatiana         1ERE2        13/11/2020

Commentaire de texte : « Nuit rhénane » de Guillaume Apollinaire

« Nuit rhénane » est un sonnet lyrique et fantastique écrit par Guillaume Apollinaire et publié en 1913 dans le recueil « Alcools ». Il comporte trois quatrains et un monostique, ses vers sont en alexandrin. Il manque un vers, Apollinaire fait preuve de virtuosité en rompant la forme traditionnelle d’un poème.
Cet auteur de la fin du XIX
e siècle et du début du XXe siècle se situe dans les mouvements littéraires du Romantisme et du Lyrisme qui consistent à mettre en avant les sentiments personnels du poète qu’il ressent à travers la sensualité du monde qui nous entoure ; la nature et les Hommes.
Ces mouvements sont marqués par un détachement de la tradition poétique, autrement dit, des poèmes sans ponctuation, sans structure des strophes, des vers, des rimes, une nouvelle forme d’expression avec une syntaxe libertine et simple.
Dans ce poème, Apollinaire fasciné par l’Allemagne, nous emmène aux bords du Rhin lors d’une nuit chaude d’été, il nous conte ses rêveries dans des vers qui tanguent d’ivresse et de réalité hallucinée.

En quoi le croisement du réel et de l’irréel dans « Nuit rhénane » permet une modernisation poétique ?

Tout d’abord, je vais vous expliquer l’ouverture d’Apollinaire au merveilleux, alors, encore maître de sa raison, encore présent dans la réalité. (Premier quatrain)
Puis la transition du narrateur de la réalité à l’imaginaire, de l’histoire du batelier au chant des nymphes maritimes. (Second quatrain)
Ensuite, je vais vous parler de l’immersion totale dans le monde fantastique et le rejet (contredit) du réel, l’ensorcellement du poète par les ondines. (Troisième quatrain)
Et pour finir, je vais expliciter la cassure de ce songe éveillé, du verre et du vers. (Monostique)

Dans cette première partie, le poème s’ouvre sur le thème de l’alcool « Mon verre » (v.1) on remarque que ce texte se finit par la répétition de ces mêmes mots dans le dernier vers 🡪 [anaphore]. Le champ lexical de l’ivresse est à la fois l’ouverture, la transition mais aussi la fermeture du passage du narrateur entre la raison et l’hallucination ;
« Mon verre », « vin » (v.1)         « ivre », « vignes » (v.9)        « Mon verre » (v.13)

On y retrouve aussi le champ lexical de la parole/de l’ouïe, omniprésent tout au long du récit. « Nuit rhénane » est bien un poème lyrique qui conserve une affinité avec l’univers musical ; « Écoutez, chanson » (v.1)        « raconte » (v.3)        « chantez », « dansant » (v.5)        « n’entende plus, chant » (v.6)         « voix, chante » (v.11)        « incantent » (v.12)         « s’est brisé, éclat » (v.13)

« Mon verre est plein d’un vin trembleur » (l.1) 🡪 [personnification ?  Périphrase ?, on désigne le poète derrière les tremblements] du vin qui tremble « comme une flamme » (v.1) 🡪 [comparaison]
Le verre de vin reflète comme le Rhin ivre
« Le Rhin le Rhin est ivre » (v.9) 🡪 [répétition, insistance sur la passion du poète pour le fleuve] les étoiles et la lune (réel), « l’or des nuits » (v.10) 🡪 [alchimie poétique, métaphore] telle « une flamme » (v.1).
Les mouvements par la main de l’alcoolique provoquent des vaguelettes à la surface du vin qui rappellent les ondes à la surface du fleuve, il y a parallélisation/symétrie ; ils miroitent tous les deux la nuit d’or et d’étoiles, cela rappelle une flamme qui ondule.

La rime croisée associe « flamme » (v.1) et « femmes » (v.3), il y a un paradoxe avec le feu rouge/blanc, chaud, chaleureux , qui brûle, qui rassure ou qui passionne associé à la femme « cheveux verts et long » (v.4) 🡪 [métaphore/personnification] des algues qui ondulent au fond et sur les bords du Rhin, ici créature marine bleue/verte, mouillée, qui charme, qui berce et qui fait mourir.

L’allitération en [V], consonne douce, son harmonieux et mélodique ; « verre, vin, vu, verts, ivre, vignes, voix » renvoie aux ondulations, comme un vent qui souffle et qui gondole la surface de l’eau ou la flamme d’une bougie ou bien les vibrations des cordes vocales lorsque les ondines chantent.

Les limbes sont situés aux portes de ses oreilles, son verre de vin au bout des doigts en est la clé. Autrement dit, l’alcool permet au poète une échappatoire à la réalité et l’inspiration à la sensualité de l’illusion. C’est le plongeon d’Apollinaire au sein de sa réalité hallucinée.

        Dans cette seconde partie, le narrateur parvient à ouvrir la porte de ses rêveries grâce au vin, on y retrouve le champ lexical de la femme, le point de naissance de ses désirs ;
« femmes » (v.3)        « cheveux verts et longs » (v.4)        « filles »,« regard immobile », »nattes repliées » (v.7-8)        « fées »(v.12)
        
Dans un premier temps il se laisse aller aux vagues de ses caprices ; « Debout chantez plus haut en dansant une ronde », « Que je n’entende plus le chant du batelier » (v.5-6)
Mais, dans un second temps, sa raison reprend le dessus ; « Et mettez près de moi toutes les filles blondes », « Au regard immobile aux nattes repliées » (v.7-8) Utilisation de l’impératif avec « chantez » et «  mettez », il impose aux sept femmes de l’histoire qu’on lui débarrasse de la voix rugueuse du batelier 🡪 allitération en [R] et [T], omniprésents tout au long de la lecture, consonnes dures, sons rugueux à l’oreille, tension ; « verre, trembleur, raconte, avoir, tordre leurs, ronde, près, regard, repliées, Rhin, ivre, mirent, or, tremblant, refléter, toujours, râle-mourir, verts, brisé et rire» au détriment de leur chant 🡪 allitération en [L] et assonance en [I], omniprésents tout au long de l’œuvre, consonne douce, sons harmonieux et mélodiques; « plein, flamme, la, lente, batelier, la lune, leurs, longs, plus, blondes, immobile, repliées, le, l’or, tremblant, refléter, la, râle-mourir, l’été et éclat », « batelier, qui, pieds, filles, immobiles, repliées, ivre, vignes, mirent, nuits, s’y, râle-mourir, brisé, rire » et ensuite il s’adresse aux lecteurs en souhaitant repousser ce chant maudit.
« toutes les filles » (v.7)
🡪 [hyperbole, envie de surpasser la séduction du monde fictif]

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