Montaigne, Essais, "Des Cannibales"
Fiche : Montaigne, Essais, "Des Cannibales". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar VincRi • 31 Mai 2018 • Fiche • 1 003 Mots (5 Pages) • 1 086 Vues
Lecture analytique n°1 (séquence : question sur l'altérité) : Montaigne, Des cannibales, Essais
- Michel Eyquem de Montaigne, né en 1533 et mort en 1592, est un écrivain et penseur humaniste français qui s'inscrivit dans le mouvement littéraire de l'humanisme. Les Essais, son unique œuvre, est un recueil de trois livres, dont le 1er est Des cannibales.
- Le texte Des cannibales est une relation de voyage, qui aborde le thème d'autrui ainsi que celui de la morale et de la société. C'est un texte de type argumentatif, de registre didactique et polémique.
- Problématique possible pour ce texte :
→ Comment Montaigne s'y prend-il pour emporter l'adhésion de son lecteur ?
Lecture analytique :
Dans le premier livre publié en 1580 (Des cannibales) des Essais, Montaigne s'interroge sur le regard que portent les Européens sur les indigènes du Nouveau Monde. De par ses écrits, Montaigne remet ainsi en cause cette vision européenne de l'Autre.
- L'attitude humaniste : la prise en compte de l'Autre
L'intérêt bienveillant envers les habitants du Nouveau Monde
Le texte de Montaigne témoigne de cet intérêt bienveillant.
On peut observer une gradation tout au long du texte – celui-ci étant construit sur un élargissement du champ de vision : Montaigne emploie d'abord au début le singulier avec "cette nation", puis le pluriel avec "ces terres", pour finir sur une expression de portée universelle : "au monde".
L'interrogation sur la culture
Les humanistes accordent de l'intérêt et de la confiance à la culture → tout se résume en une question : les "cannibales" sont-ils moins hommes parce qu'ils ne partagent pas la culture européenne ? Utilisat° de la métaphore → "mire de la vérité" : jugemt selon un modèle relatif : "la mire" → notre champ de vision est restreint aux coutumes européennes. Redéfinit° du mot "sauvage" en jouant avec sa sémantique : "sauvage" qui en latin veut dire "à l'état de nature", "fait pour la forêt". La culture est concurrencé par la nature, elle devient alors un élément de questionnement, et n'est plus un point de repère fixe.
Le "colloque" avec le lecteur
La stimulat° du lecteur reste constante par l'utilisat° du colloque. Le discours s'inscrit dans une conversation libre (l'essai est une forme libre) → "pour revenir à mon propos". Montaigne fait intervenir d'autres discours : "à ce qu'on m'en a rapporté". Le lecteur est stimulé par l'usage de la 1ère pers. du pluriel : "nous". L'auteur s'inscrit dans un dialogue, le destinataire est son interlocuteur → mode d'égalité (→ parenté avec l'épistolaire).
- Un regard critique sur les Européens
La remise en cause de la toute-puissance des Européens
Refus d'établir une hiérarchie entre Européens et Indiens dès l'incipit : "il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu'on m'en a rapporté : sinon ce que chacun appelle barbarie, ce qui n'est pas de son usage". Remise en cause des valeurs → attitude humaniste. Montaigne remet en cause la culture de la société de son temps et ouvre par conséquent l'ère du doute.
Le duel entre Nature et Culture
Montaigne rappelle que suivre la nature, c'est suivre le bien et la raison. Les hommes apprennent la modération en prenant à la nature le minimum qu'elle a à offrir : "ils sont encore en cet heureux point, de ne désirer qu'autant que leurs nécessités naturelles leur ordonnent". Termes qui caractérisent le jugement de Montaigne sur la culture : "artifice", "goût corrompu", "vaines et frivoles entreprises", "altérés", "détournés". Termes qui caractérisent le jugement de Montaigne sur la nature : "progrès ordinaire", "ordre commun", "pureté", "beauté et richesses de ses ouvrages", "vives, vigoureuses". Le mode de vie qui semble le mieux convenir aux hommes est donc la nature.
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