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Les Fleurs du Mal, Baudelaire

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Par   •  21 Janvier 2023  •  Cours  •  1 218 Mots (5 Pages)  •  302 Vues

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Les Fleurs Du Mal est un recueil de poèmes de Charles Baudelaire, publié pour la première fois en juin 1857, augmenté de trente-cinq pièces en février 1861 et augmenté de vingt-cinq pièces en décembre 1868. Le titre du recueil suggère que, grâce à l’alchimie poétique, les fleurs naissent du mal, esthétiquement fécond. Ce recueil née de la souffrance du poète est dédié à Théophile Gauthier. En août 1857, 2 mois après la publication même du recueil, l’ouvrage condamné pour « outrage à la morale publique» est expurgés de six pièces. Ce poème extrait des Fleurs Du Mal clôt l’ensemble des poèmes inspiré par Jeanne Duval, maîtresse et compagne de Baudelaire durant 20 ans. Le thème premier est le don d’immortalité. Baudelaire, en dédiant ces vers à la femme aimée, lui garantit d’exister au-delà de sa vie terrestre. C’est grâce à l’accueil que la postérité fera à cette œuvre que la femme deviendra immortelle. Mais n’y a t-il pas une ambivalence dans l’énonciation du poème ? Nous verrons donc que ce sonnet propose un contraste entre le temps apaisé des deux quatrains, et l’agressivité des deux tercets.

I) Le temps apaisé des deux quatrains

-ce poème est une dédicace et un don « je te donne » → grâce à l’alchimie poétique ces vers transmettent l’immortalité à la femme aimée.

-Baudelaire se plaît à jouer avec un lexique archaïque : le discours se veut dirigé vers la postérité « époques lointaines», vers l’avenir, mais le lexique relève du passé « aquilon, fables, tympanon, fatigue, airain, stupides mortels». Il y a de fait dès l’analyse lexicale, une ambiguïté entre les termes utilisés et la temporalité désignée : des termes archaïsants renvoient à l’avenir.

-L’enjambement du vers 1 au vers 2 ancre la poésie dans ce saut d’une temporalité à une autre : du présent d’énonciation utilisé par le poète « je te donne » qui matérialise la parole dans le passé nous passons « aux époques lointaines ».

-Le but du poète est de « faire rêver » vers 3 : l’essence de la poésie de Baudelaire est ironique grâce à la puissance d’évasion et d’évocation ; c’est ce qui caractérise l’alchimie poétique.

-Le 2 ème quatrain composé de la subordonnée circonstancielle de but établit ce don poétique d’immortalité : le poète en évoquant la femme aimée la rend immortelle, pareil à un dieu, la dimension est ici évidente « mystique ».

-Le vers 8 contient une comparaison frappante qui fait de la poésie la condition sinequanon à la transmission de la mémoire de la femme aimée : l’image se veut funeste puisque la poésie serait le gibet auquel serait accroché les tercets agressifs.

II) Des tercets agressifs

- « être maudit » est l’apostrophe qui commence les tercets : elle annonce l’ambivalence du poème. Il y a une métaphore dans la tonalité qui accompagne l’énonciation du poème : le poète s’adresse de manière plus violente à la femme aimée, il passe même à l’invective en la maudissant « être maudit », suivie de l’adresse « ô toi » qui renforce la menace qui pèse sur elle.

-Qui est cet être maudit ? Le dernier tercet fait successivement de cet être une déesse au vers 12-13, une statue et un ange au vers 14. Le motif du regard « regard serein ; yeux de jais » est fertile : il s’agit d’une source d’envoûtement, de séduction.

- Cet être ambivalent, ange et démon, révèle du spleen et de l’idéal. L’enjambement des vers 9-10 insiste sur le caractère extrême et double de « l’abime profond jusqu’au plus haut du ciel » : il y a bien un mouvement contradictoire et successif de chute et d’envol accompagné par la femme, la muse.

-Cette destinataire est mouvante comme la dynamique du poème, multiple comme les aspirations du poète, partagée entre beauté et malédiction, spleen et idéal, mort et poésie.

Ce sonnet est dynamique et riche de multiples interprétations. L’identité de la destinataire semble impossible à déterminer. La richesse provient aussi des constantes métamorphoses que cet être subit au fil des vers. Baudelaire ranime le thème du don d’immortalité et il s’inscrit à la suite d’une tradition littéraire en la renouvelant. Le poème « remords posthumes » de Baudelaire entre aussi dans cette perspective.

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